Les soldats français au célèbre képi blanc appartiennent à la 13e demi-brigade de la Légion étrangère (DBLE), qui a combattu en Afrique durant la Seconde guerre mondiale et en Indochine.
Depuis février 2015, ils font partie de la centaine de militaires français déployés en Irak pour former des soldats à la lutte contre les engins explosifs improvisés, les "IED" (en anglais: Improvised explosive device).
Face aux armées d'instructeurs américains, ils revendiquent une approche différente. "On vit avec les soldats irakiens, on mange avec eux, on dort au même endroit", ce qui facilite une "adhésion complète dès le départ", explique le lieutenant-colonel Enguerrand (l'armée française refuse que soient cités les noms de famille de ses militaires), 40 ans, qui vient de passer quatre mois à Bagdad.
Les Français forment une unité d'élite de l'armée irakienne, l'Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS). Ils ont pris leurs quartiers à Bagdad, dans son académie là où l'US Army est retranchée dans une enceinte américaine, "derrière des bunkers", résume un officier français.
La Légion sait former ces militaires étrangers: elle recrute elle-même quasi exclusivement des étrangers à qui elle apprend en un temps record à devenir des soldats d'élite.
"On a des facilités à apprendre à des gens qui ne partagent pas la même langue. On communique en anglais avec les Irakiens, en arabe aussi car on a dans nos rangs des arabophones", relève Enguerrand.
Fort de son expérience en Afghanistan et au Mali, l'adjudant-chef Mikhaïl montre à ses élèves comment repérer les IED (mines artisanales, cocottes équipées d'un détonateur, ceintures explosives...), armes de choix des insurgés dans de nombreuses guerres asymétriques. Les IED sont utilisés par Al-Qaïda en Irak, les talibans en Afghanistan contre l'armée américaine et les autres forces occidentales présentes, et par le groupe Etat islamique.
Selon Mikhaël, d'origine bulgare, "les gens de l'EI ne sont pas très ingénieux, ils ont facilement recours aux kamikazes. En Afghanistan, les talibans sont largement plus +high level+" (de haut niveau) - même si eux aussi utilisent régulièrement des candidats au suicide.
- Du désert au Larzac -
Les jihadistes irakiens n'en causent pas moins de nombreux dégâts, bourrant d'IED les maisons qu'ils doivent abandonner, attaquant les checkpoints avec des voitures piégées ou faisant exploser leurs kamikazes dans des lieux publics.
Après de sévères défaites en 2014, les soldats irakiens commencent à regagner du terrain - et réduisent les pertes dans leurs rangs, assurent leurs instructeurs français, grâce aux savoir-faire acquis.
"Ma plus grande satisfaction, c'est de voir comment ils rentrent maintenant dans les maisons, cherchent les IED dissimulés jusque dans les cuisines, les frigos, les gamelles", résume Mikhaïl.
Les bombes pouvant être cachées partout, les recherches prennent souvent de longues heures. La fatigue qui s'accumule peut rendre moins vigilant.
Des différences culturelles entrent également en jeu: "Les Occidentaux ont un attachement différent à la vie. Ici on est un peu dans la culture du +Inch Allah+. On met le blessé dans un camion, il part à l'arrière et on verra bien" comment il arrive, explique le major infirmier Emmanuel, qui apprend aux jeunes recrues le b.a-ba du secourisme au combat: poser un garrot, bien positionner le blessé pour maximiser ses chances de survie.
En 2015, l'armée française dit avoir formé 1.700 combattants en Irak, à Bagdad et chez les Kurdes dans le nord (15.000 pour l'ensemble de la coalition).
La mission de la 13e DBLE, basée depuis 2011 aux Emirats arabes unis, s'achèvera au printemps, avant le grand déménagement en France sur le plateau du Larzac (centre), au coeur du Massif central.
Face aux besoins de l'armée française devant la menace terroriste, la 13e va retrouver la taille d'un régiment et passer à 1.200 soldats d'ici 2018.
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