Plus de 70 corps de migrants ont été extraits du camion abandonné sur une autoroute d'Autriche, un nouveau drame macabre survenu alors que des dizaines de migrants partis de Libye mouraient dans un naufrage, au moment où l'Europe tente de faire face à l'une de ses pires crises migratoires.
Le comptage des 70 cadavres, communiqué à l'AFP par le porte-parole du ministère autrichien de l'Intérieur, Alexander Marakovits, a été rendu très difficile par l'état de décomposition avancée des corps, entassés les uns sur les autres.
Il est très supérieur à l'estimation initiale de 20 à 50 corps faite après la macabre découverte jeudi matin, dans un poids lourd abandonné sur une aire d'arrêt d'urgence de l'autoroure A4, dans l'Etat oriental du Burgenland, près de la Hongrie et de la Slovaquie.
Aucune information n'a été donnée vendredi matin sur les identités, âges, pays d'origine des personnes qui se trouvaient dans le camion, dans l'attente d'une conférence de presse de la police de l'Etat de Burgenland prévue à 11H00 (09H00 GMT).
Ce nouveau drame a été annoncé alors que la chancelière Angela Merkel, qui s'est dite "bouleversée", participait à Vienne à un sommet avec les dirigeants des Balkans de l'Ouest, qui ont réclamé un "plan d'action" de l'UE pour contenir les migrants.
Loin de l'Autriche, en Méditerranée, jeudi également, 30 corps de migrants ont été repêchés et des dizaines d'autres ont été portés disparus après le naufrage d'une embarcation qui transportait environ 200 personnes au large de la Libye.
Par ailleurs, un bateau des garde-côtes suédois a accosté en Sicile jeudi soir avec 52 cadavres de migrants récupérés mercredi près une longue dérive.
Les polices autrichienne et hongroise ont lancé une enquête conjointe après la découverte du camion de 7,5 tonnes abandonné sur l'autoroute, immatriculé en Hongrie et portant le logo d'une entreprise de volaille slovaque.
Le chauffeur du camion, parti de Budapest mercredi selon les premiers éléments de l'enquête, serait de nationalité roumaine. Il a disparu dans la nature.
S'approchant, les policiers avaient remarqué des "fluides de corps en décomposition" coulant du véhicule et ont été assailli par une odeur putride en ouvrant les portes. Les migrants étaient apparemment morts depuis un certain temps. Même des policiers expérimentés ont paru ébranlés, décrivant la scène comme celle d'un "crime choquant". Des équipes médico-légales ont travaillé toute la nuit pour extraire les corps.
"Nous sommes tous bouleversés par ces terribles nouvelles, a dit Mmea Merkel à Vienne au sommet des Balkans. C'est un avertissement pour que l'on se mette au travail, pour résoudre ce problème et faire preuve de solidarité".
"Il semble que les victimes étaient des migrants, dans une opération de trafic d'êtres humains", a déclaré pour sa part Janos Lazar, porte-parole du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
- 'D'énormes défis' -
Mme Merkel a reconnu que les pays des Balkans de l'Ouest, traversés par les flux migratoires, faisaient face à d'"énormes défis". "Ce sont de futurs membres de l'Union européenne, il est de notre responsabilité de les aider".
La Macédoine et la Serbie, deux des principaux points de passage des dizaines de milliers de migrants qui tentent de rejoindre l'Union européenne, ont appelé l'UE à adopter un plan d'action.
"Nous faisons face à la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale", a souligné le ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dacic.
"Nous devons agir maintenant", a dit son homologue macédonien Nikola Poposki.
La "route des Balkans de l'Ouest" est empruntée par des réfugiés Syriens ou des Irakiens fuyant la guerre mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d'une vie meilleure.
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