La campagne a été d'un mortel ennui mais le suspense est absolu et les enjeux considérables aux législatives britanniques qui condamneront probablement David Cameron ou son adversaire Ed Miliband à nouer des alliances pour prétendre gouverner un Royaume-Uni menacé d'implosion et d'une sortie de l'UE.
A l'approche du scrutin du 7 mai, le Premier ministre conservateur et le chef de l'opposition travailliste étaient chacun crédités d'un tiers des intentions de vote, dans les sondages au profil d'encéphalogrammes plats.
Une dizaine de petits partis se partagent le tiers restant, et se rêvent en "faiseurs de roi". A commencer par les libéraux-démocrates qui ont codirigé le pays depuis 2010 avec les conservateurs et sont susceptibles de basculer à gauche, et les nationalistes écossais du SNP, bien placés pour une razzia dans leur région autonome qu'ils voudraient indépendante.
"Il s'agit de l'élection la plus imprévisible de mémoire d'électeurs", souligne Philippe Cowley, de l'Université de Nottingham.
La seule certitude (à hauteur de 97% selon la London School of Economics - LSE) est qu'aucune des deux grandes formations traditionnelles ne pourra gouverner seule, faute de majorité absolue à la chambre des Communes qui compte 650 sièges.
Si le résultat est aussi serré que le prédisent les sondages depuis six mois, aussi bien Cameron que Miliband pourraient revendiquer la victoire le 8 mai, au sortir de l'élection à un seul tour.
- Qui perd gagne -
Déjà, les états-majors politiques se préparent à des marchandages effrénés qui pourraient durer des jours voire des semaines "mais sans aller jusqu'à des mois, comme en Belgique", veut rassurer Tony Travers, de la LSE.
Le pire des scénarios serait un retour aux urnes pour cause de blocage institutionnel.
Les tractations imposées par la fragmentation du paysage longtemps bipartisan pourraient s'apparenter au jeu du "qui perd gagne".
L'hypothèse privilégiée est celle de conservateurs qui l'emporteraient en nombre de députés mais se verraient privés de victoire par des travaillistes arrivés second.
"L'arithmétique électorale n'est pas favorable aux conservateurs" confirme le président de l'institut YouGov, Peter Kellner.
Le Labour peut envisager un gouvernement minoritaire soutenu par une "alliance antitory" incluant notamment les lib-dem, le SNP, les verts et les nationalistes gallois du Plaid Cymru.
Les conservateurs ne peuvent guère compter que sur l'appoint des lib-dem et de petits partis nord-irlandais.
Vivement interpellé sur son projet de "mariage en enfer" avec un SNP susceptible de faire voler en éclats le Royaume-Uni, Miliband jure qu'il n'entend pas négocier l'éventuel soutien des nationalistes.
L'imbroglio est compliqué par le mode de scrutin qui introduit de fortes distorsions.
Qu'on en juge: l'Ukip europhobe, triomphatrice des européennes en 2014, escompte au maximum quatre sièges avec 14% des intentions de vote. Le SNP à 4%, en espère une cinquantaine.
- Une campagne mortelle -
Les débats ont été dominés par les thèmes de l'économie, des impôts, de la santé, de l'immigration et accessoirement de l'Europe, alors qu'une victoire des conservateurs ouvrirait la voix à un référendum à l'issue incertaine sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, promis par Cameron d'ici 2017.
Conservateurs et travaillistes, attachés à la réduction des déficits, divergent cependant sur le calendrier et les moyens de parvenir à leurs fins.
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