Colombelles : le défi du renouveau

C'est mercredi, la place de l'hôtel de ville s'agite au rythme de son marché hebdomadaire. L'information peut paraître banale, mais à Colombelles, un centre-ville qui grouille de monde, c'est une petite révolution. Après des années de déclin, l'ancienne cité sidérurgique fait sa mue. Un vrai centre est en train de naître. Il fait partie des réponses de la mairie au défi de la rénovation urbaine. Comme beaucoup de cités-dortoirs nées après la Seconde guerre mondiale, Colombelles est en partie défigurée par l'urbanisme cloisonné des barres HLM.

Repenser la ville
Le salut vient en 2006, lorsque la mairie signe une convention avec l'ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Au départ, la ville n'était pas éligible à cet accord. “Il a fallu négocier, trouver des astuces”, se rappelle Colin Sueur, le maire. L'une de celles-ci sera d'accepter le transfert vers Colombelles d'environ 250 logements sociaux nécessaires à la reconstitution du patrimoine démoli à Hérouville, sa voisine, engagée elle-même dans une politique de rénovation urbaine (cf. notre numéro du 24 juin).  La convention signée avec l'Etat et les collectivités locales permet de débloquer 40 millions d'euros, dont 80% sont consacrés au logement. La ville de Colombelles n'apportant que 2,5 millions à cette enveloppe, l'opération est des plus bénéfiques. 

“Ils n'ont plus peur de venir”
Pour assurer le défi de sa mutation, les élus insistent sur la nécessité de revaloriser le centre-ville afin qu'il n'y ait pas de “décrochage” entre les zones à urbaniser et le c½ur de la commune. Pour Pascal Thouroude, responsable commercial d'Edifidès, qui gère trois projets immobiliers à Colombelles et qui espère en signer d'autres, “il est évident que la ville est en train de prendre un grand virage et que l'opinion des gens sur la commune évolue dans le bon sens”.
Dans le centre-ville, même son de cloche chez les commerçants. Anne Bihel, responsable du salon Espace Coiffure, attend avec impatience mars prochain : “On sera alors installé dans des locaux neufs, ce qui nous permettra de profiter encore mieux de cette belle place devenue un vrai lieu de vie”. Autour, une vingtaine de commerces bénéficie du dynamisme actuel. Dans son salon de toilettage Bigoudidog, Nathalie Leperchois confirme la tendance : “Les habitants des autres communes n'ont plus peur de venir à Colombelles. C'est devenu un joli bourg”. Quelques barres HLM sont encore à éliminer sur la future place Mitterrand. Mais déjà, plus de la moitié des 227 logements locatifs sociaux anciens a disparu.
Alors que la ville a longtemps compté un taux de logement social supérieur à 50%, la balance avec le secteur privé tend à l'équilibre. Sur les 25 hectares de la Zac Jean Jaurès correspondant à l'ancien site sidérurgique, les deux tiers des 800 logements prévus dépendront du secteur privé. Quant à la Zac du Libéra, aux frontières de Caen, les premières livraisons de logements ont débuté. A terme, 480 logements y verront le jour. Le renouveau est en marche.

Maxence Gorréguès

Quelques repères
1993 >> En novembre 1993, le site sidérurgique de la SMN ferme ses portes. Au plus fort de son activité, il générait jusqu'à 7 000 emplois simultanés.
Démographie >> Le dernier recensement comptabilise 5 874 habitants en 2006, alors que celui de 1999 en relevait 6 272. Ils pourraient être 9 000 à Colombelles en 2020.
1 300 >> C'est le nombre de logements sociaux et privés que la mairie de Colombelles a prévu de construire : 800 sur la Zac Jean Haurès et 480 sur la Zac du Libéra.
Partenariats >> La convention ANRU permet de mobiliser les partenariats avec l'État, le Conseil régional, le Conseil général et des sociétés HLM comme le Foyer Normand.

Bonus audio : notre "article radio" sur le sujet.