"Les étudiants se préparaient à un examen lorsqu'un kamikaze s'est fait exploser dans ce centre éducatif. Malheureusement, 19 personnes sont décédées et 27 autres ont été blessées", a déclaré Khalid Zadran, porte-parole de la police afghane.
"La plupart des victimes sont des filles", a témoigné auprès de l'AFP un étudiant sur place au moment de l'explosion, sans pouvoir préciser si ces victimes avaient été tuées ou blessées.
Il a ajouté qu'il y avait environ 600 personnes dans la classe de ce centre de formation qui prépare des étudiants, âgés de 18 ans et plus, à leurs examens d'entrée à l'université. Filles et garçons étaient dans la même pièce, mais chacun d'un côté de la salle.
La plupart des victimes transportées dans les hôpitaux sont des femmes, a également constaté un journaliste de l'AFP.
"Il y a eu une forte explosion puis le chaos, de nombreux étudiants, garçons et filles ont essayé de s'échapper du bâtiment", a raconté à l'AFP un commerçant requérant l'anonymat. "C'était une scène horrible. Tout le monde était si effrayé".
Le toit de la salle de la classe s'est complètement effondré, les portes et les fenêtres ont été brisées par le souffle de l'explosion, a constaté l'AFP. A la mi-journée, des employés municipaux tentaient de nettoyer le sol couvert de traces de sang.
Cet attentat qui vise une nouvelle fois le monde de l'éducation s'est produit dans le quartier de Dasht-e-Barchi, dans l'ouest de Kaboul, une zone à prédominance musulmane chiite où vit la communauté minoritaire hazara, théâtre de certaines des attaques les plus meurtrières commises en Afghanistan.
L'éducation est une question extrêmement sensible dans ce pays à majorité sunnite, les talibans empêchant de nombreuses filles de reprendre l'enseignement secondaire (collège et lycée). Les étudiantes sont en revanche admises à l'université, mais leur nombre devrait se réduire avec les années, faute d'avoir été au collège et lycée.
Le groupe État islamique (EI), un autre groupe sunnite avec lequel les talibans entretiennent néanmoins une profonde inimitié et des divergences idéologiques, s'oppose également à l'éducation des femmes et des filles. L'EI, principale menace du régime taliban, a revendiqué plusieurs attentats ces derniers mois. Celui de vendredi n'a pas été revendiqué.
Des équipes de sécurité ont été déployées sur les lieux pendant que les familles affluaient dans les différents hôpitaux en pleurs, à la recherche de leurs proches.
Dans un hôpital au moins, les talibans ont toutefois obligé les familles à quitter le site, craignant qu'une nouvelle attaque ne soit lancée au milieu de la foule.
Des listes des personnes décédées ou blessées ont été accrochées à l'entrée des établissements hospitaliers où ont convergé les ambulances, a constaté l'AFP.
"Acte odieux"
"Nous ne l'avons pas trouvée ici", s'inquiétait une jeune femme en détresse, cherchant sa sœur de 19 ans dans l'un d'eux. "Nous l'appelons mais elle ne répond pas", se désespère la jeune femme.
"Attaquer des cibles civiles prouve la cruauté inhumaine de l'ennemi et son absence de normes morales", avait déclaré un peu plus tôt le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Abdul Nafy Takor.
Le 20 avril dernier, au moins six personnes avaient été tuées et 24 blessées dans deux explosions ayant frappé une école pour garçons dans ce même quartier de l'ouest de la capitale.
Dasht-e-Barchi a été lourdement frappé ces dernières années. Depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021, plusieurs attaques revendiquées par l'EI-K, la branche régionale du groupe jihadiste Etat islamique, qui considère les hazaras comme hérétiques.
En mai 2021, une série d'explosions s'était également produite devant un établissement scolaire pour filles de ce même quartier, faisant 85 morts, en majorité des lycéennes, et plus de 300 blessés.
L'EI, qui avait déjà revendiqué un attentat en octobre 2020 contre un centre éducatif (24 morts) dans la même zone, est fortement soupçonné d'avoir mené cette attaque.
Le retour au pouvoir des talibans en août 2021 a mis fin à deux décennies de guerre en Afghanistan et a entraîné une réduction significative de la violence, mais la sécurité a commencé à se détériorer au cours des derniers mois.
Dans un tweet, la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a condamné vendredi un "acte odieux" et souligné que "la sécurité se détériore en Afghanistan".
L'attentat est "un rappel honteux de l'inaptitude et de l'échec total des talibans" à protéger la population afghane, s'est indigné Amnesty international.
"Des mesures urgentes doivent être prises pour assurer la sécurité" des habitants "en particulier les membres des communautés minoritaires", a insisté l'ONG.
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