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En Ukraine, les pompes à essence à sec deviennent source de fierté

International. La tourelle rouillée d'un char marque l'avancée maximale atteinte par les troupes russes au nord-est de Kiev. A quelques mètres, une station-service détruite symbolise les problèmes de carburant qui touchent le pays en guerre.

En Ukraine, les pompes à essence à sec deviennent source de fierté
La tourelle d'un char russe détruit près d'une station-service à Skybyn, au nord-est de Kiev, le 2 mai 2022 en Ukraine - Sergei SUPINSKY [AFP]

Ce char est, comme des dizaines d'autres d'une même colonne russe, tombé sous le feu de l'armée ukrainienne en mars, au pic des combats pour le contrôle de la capitale ukrainienne.

Quant aux restes des pompes à essence ravagées, elles laissent entrevoir les problèmes sociaux-économiques qu'affronte l'Ukraine après plus de deux mois de guerre.

Viktor Karpenko, un habitant des environs, n'a aucun doute sur lequel de ces débris a la plus grande valeur symbolique. "Le plus important, c'est que l'armée russe n'est plus là", assure ce peintre de 53 ans qui vient d'examiner la carcasse du char, près du village de Skybyn.

"L'attente pour du carburant peut durer jusqu'à une heure, mais je serais prêt à patienter deux heures pour être certain que des choses comme ça n'arrivent plus jamais".

La puissance de l'explosion qui a détruit le char --tuant probablement ses occupants-- a propulsé la tourelle et son canon de l'autre côté des deux voies de cette autoroute.

"Je pense qu'ils ont perdu leurs dernières forces ici. Qu'ils ont perdu leur puissance d'attaque", assure Viktor Karpenko.

Files d'attente

Depuis l'échec de l'assaut sur Kiev, l'armée russe s'est regroupée et concentre ses opérations dans l'est et le sud de l'Ukraine.

Mais les files d'attente visibles sur les routes ukrainiennes depuis la semaine dernière montrent que les dégâts infligés à l'Ukraine ne s'arrêtent pas à la sphère militaire.

Les mêmes files étaient visibles dans les premiers jours de l'invasion russe, démarrée le 24 février. Elles n'avaient diminué qu'après que les Ukrainiens se furent habitués, autant qu'ils le pouvaient, à la vie dans un pays en guerre.

Dans les rues du centre de Kiev, marquées par un semblant de retour à la normale, certains ont du mal à comprendre pourquoi les problèmes d'essence perdurent.

"Certains disent qu'il n'y aura plus du tout de carburant en Ukraine", s'inquiète Serguiï Kavoun, un chauffeur de taxi qui vient de commencer à faire la queue et s'apprête à une longue attente.

"J'ai essayé quatre stations-service avant de trouver celle-ci. Au moins un quart de mon revenu de la journée s'est déjà envolé", fulmine-t-il: "Je vais peut-être devoir changer de profession..."

Peu d'informations filtrent sur les raisons de cette panne sèche des pompes ukrainiennes. Certains soulignent la capacité de la Russie à détruire les installations de stockage de carburant ukrainiennes. D'autres pensent qu'une grande partie de l'essence est redirigée vers l'armée ou les agriculteurs, en pleine saison des récolte.

Pointe de patriotisme

Une chose est sûre: le problème est particulièrement criant à Kiev.

La capitale de trois millions d'habitants --dont au moins la moitié avait fui aux premières semaines de la guerre-- voit sa population de nouveau augmenter avec le retour des déplacés, plus l'arrivée de ceux fuyant l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine.

La demande en essence augmente, tandis que l'offre diminue, notamment car les livraisons de carburant depuis la Russie et le Bélarus ont cessé depuis longtemps.

"Ils disent qu'ils pourraient bientôt en livrer depuis la Lituanie et la Pologne", espère Serguiï Kavoun, le chauffeur de taxi: "Ils disent que ce n'est que temporaire. Nous l'espérons tous".

Parmi les différentes théories en cours, celle selon laquelle une grande partie du carburant manquant aide l'armée suscite une pointe de patriotisme.

"Nous pouvons marcher, ce n'est pas un problème. Tout doit aller à l'armée - le carburant, tout", lance Oleksandre Vozniakovsky dans la queue. "Nous pouvons souffrir un peu. Nous allons nous débrouiller. Je peux conduire moins. N'importe quoi, du moment qu'on gagne", ajoute ce retraité.

En inspectant la carcasse du char russe, une recrue de l'armée de 19 ans qui dit répondre au nom de guerre de "Kozatchiok" a lui des pensées plus sombres.

"Nous utilisons le même type de chars. Une seule étincelle et pour tout le monde à l'intérieur, c'est fini", constate-t-il: "J'aurais pu être assis dans ce char".

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