Son incarcération a suscité des condamnations de l'UE et des Etats-Unis, qui ont réclamé sa libération. Des appels rejetés par la Russie.
Charismatique militant anti-corruption et ennemi juré du Kremlin, M. Navalny, 44 ans, accuse le président Vladimir Poutine d'avoir ordonné son assassinat au poison Novitchok en août, ce que la Russie dément.
Dimanche, l'opposant est rentré dans la capitale russe, après cinq mois de convalescence en Allemagne. Il a été interpellé dès son arrivée, le FSIN, le service pénitencier russe, lui reprochant d'avoir violé des mesures de contrôle judiciaire en allant se faire soigner à l'étranger.
Dans la nuit, il a été transféré de l'aéroport de Cheremetievo au commissariat de Khimki, une banlieue de Moscou, mais jusqu'ici il n'a pu voir ses avocats.
Nouvelle accusation
"On ne nous donne pas accès à lui, on nous dit qu'il dort", a affirmé dans la nuit sur Twitter Viatcheslav Guimadi, directeur juridique de l'organisation de M. Navalny, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK).
Selon ses partisans, il pourrait voir ses conseillers après 09H00 (06H00 GMT).
Le FSIN a indiqué que l'opposant resterait en détention jusqu'à une audience devant un tribunal dans un lieu et à une date encore indéterminés.
Le service pénitentiaire avait prévenu jeudi que M. Navalny serait arrêté à son retour pour avoir violé le contrôle judiciaire qui lui était imposé dans le cadre d'une peine de cinq ans de prison avec sursis pour détournements de fonds et que l'opposant juge politiquement motivée.
Il est aussi visé depuis fin décembre par une nouvelle enquête pour escroquerie, car suspecté d'avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (3,9 millions d'euros) de dons.
Son retour dimanche a été agité, des dizaines de ses partisans, venus à l'accueillir à l'aéroport de Vnoukovo, ayant été arrêtés par les forces anti-émeute.
Puis l'avion de M. Navalny, accompagné de nombreux journalistes, a été dérouté à la dernière minute vers Cheremetievo.
Son interpellation et sa séparation de son épouse Ioulia, au contrôle de passeports, se sont déroulées sous les objectifs de nombreuses caméras.
"Prisonnier de conscience"
En s'envolant pour Moscou, Alexeï Navalny s'était dit "très heureux" de rentrer et avait assuré n'avoir peur de rien. "On va m'arrêter? Ce n'est pas possible, je suis innocent", avait-il ironisé.
L'ONG Amnesty International a estimé qu'Alexeï Navalny était désormais un "prisonnier de conscience" victime d'une "campagne implacable" des autorités russes.
Le président du Conseil européen Charles Michel, la France, l'Allemagne ou encore la Pologne ont réclamé une libération "immédiate", tout comme la future administration du président élu américain Joe Biden.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a dénoncé une tentative de "faire taire Navalny".
La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova leur a rétorqué via Facebook de "se mêler de leurs propres problèmes".
Alexeï Navalny était subitement tombé dans le coma en août, alors qu'il revenait d'une tournée électorale en Sibérie. D'abord hospitalisé à Omsk, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois sous la pression de ses proches.
Trois laboratoires européens ont depuis conclu que l'opposant avait été empoisonné par un agent innervant de type Novitchok, développé à l'époque soviétique à des fins militaires, conclusion confirmée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
La Russie a elle multiplié les versions: maladie, mauvaise hygiène de vie, provocation de services secrets occidentaux... Elle se refuse donc à ouvrir une enquête criminelle.
Largement ignoré des médias nationaux russes, Alexeï Navalny reste la principale voix de l'opposition grâce à une audience très large sur les réseaux sociaux (sa chaîne YouTube a 4,8 millions d'abonnés) et ses enquêtes sur la corruption des élites et l'entourage de M. Poutine.
Sa notoriété reste toutefois limitée en dehors des grandes agglomérations. Selon un sondage du centre indépendant Levada de septembre, seuls 20% des Russes approuvent son action.
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