Jamais il ne hausse le ton pour signaler sa présence. Son slogan - "où je passe, je repasse" - imprimé en lettres gothiques sur sa rabelette (ainsi appelle-t-on son petit véhicule en Belgique), suffit à présenter son activité. Il aiguise, à l’aide de sa rémoulette, ciseaux, couteaux et autres lames. Le crissement de la meule sur le métal, plonge qui le croise, en un temps révolu.
De père en fils depuis quatre générations
En cette fin septembre, M. Pascal est venu retrouver ses clients caennais, "essentiellement des restaurateurs et des bouchers, mais aussi quelques particuliers." A chaque fois, les mêmes gestes emprunts de précision lui permettent d’aiguiser la lame comme il faut, sans l’abîmer. Et comme au début du XXe siècle, alors que le métier était une spécialité des tziganes yéniches (originaires de Suisse), la meule est toujours activée par la force des pieds.
Les prix n’étant pas fixés, les clients occasionnels ne savent jamais trop combien le rétribuer. De son côté, il assure demeurer bien moins cher que les armuriers qui ont pignon sur rue. "Mais par rapport à la fatigue que ce métier génère, l’essence pour rejoindre telle ou telle ville, les heures incalculables et la précarité du statut, je ne gagne pas très bien ma vie."
Originaire d’Avranches, Pierre Pascal ne sait pas s’il aura le courage de poursuivre son activité jusqu’à l’âge de la retraite, d’autant plus que ses enfants ne lui succéderont pas. "On est rémouleur de père en fils depuis quatre générations, mais je crois bien que je serai le dernier", regrette-t-il. L’époque du tout-jetable semble avoir raison de sa profession. Alors qu’ils étaient une centaine en activité en Basse-Normandie dans l’après-guerre, il est aujourd’hui le dernier de ces Mohicans.
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