Ces derniers développements rendent la situation de plus en plus volatile dans la province d'Idleb, risquant d'aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique, avec près d'un million de personnes déplacées depuis décembre.
Selon le ministère turc de la Défense, deux soldats turcs ont été tués et cinq blessés par une frappe aérienne dans la région d'Idleb, qu'Ankara a imputée à l'aviation syrienne. Ces pertes portent à 16 le nombre de soldats turcs tués à Idleb en février.
Les affrontements entre Ankara et Damas, qui se sont multipliés depuis début février, suscitent en outre des frictions de plus en plus fortes entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles à Idleb, et la Russie, qui appuie militairement le régime syrien.
Jeudi, l'armée russe a ainsi indiqué avoir mené des frappes pour stopper une attaque de factions armées soutenues par Ankara contre des positions du régime, appelant la Turquie à "cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes".
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG, a rapporté que des groupes appuyés par la Turquie avaient lancé une offensive dans la région d'Al-Nayrab, au sud d'Idleb, faisant état de 25 combattants tués dans les deux camps.
Selon Moscou et l'OSDH, l'artillerie turque a bombardé des positions du régime pour soutenir cette attaque.
Cette offensive intervient au lendemain d'une mise en garde du président Recep Tayyip Erdogan qui avait sommé les forces d'Assad de se retirer de certaines positions à Idleb avant fin février, menaçant sinon de recourir à la force.
La Turquie a dit jeudi avoir riposté à la frappe ayant tué ses militaires en bombardant des positions du régime. Elle affirme avoir éliminé une cinquantaine de soldats syriens et détruit plusieurs blindés, un bilan invérifiable de manière indépendante dans l'immédiat.
Négociations infructueuses
La région d'Idleb fait l'objet d'un accord de "désescalade" entre Ankara et Moscou, mais celui-ci n'est plus que théorique.
Le régime, appuyé par l'aviation russe, a déclenché en décembre une offensive pour reprendre ce dernier bastion rebelle et jihadiste, y enregistrant plusieurs gains ces dernières semaines.
Et la Turquie y a dépêché ces derniers jours d'importants renforts militaires, ce qui n'a pas suffi pour l'instant à dissuader le régime de poursuivre son opération.
Des discussions entre responsables turcs et russes depuis une semaine n'ont pas permis de réduire les tensions.
"Il y a eu un petit rapprochement (des positions) lors des dernières négociations. Cependant, nous n'avons pas encore obtenu ce que nous voulons", a déclaré jeudi le chef de la diploamtie turque Mevlüt Cavusoglu.
Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c'est parce qu'elle redoute l'arrivée sur son sol d'une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.
Depuis le début de l'offensive du régime dans le nord-ouest de la Syrie, la situation humanitaire à Idleb n'a fait qu'empirer.
"Pires drames humanitaires"
D'après l'OSDH, plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime a lancé son offensive.
Selon l'ONU, environ 900.000 personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, ont en outre fui les violences dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre.
Environ 170.000 d'entre elles dorment en plein air en dépit des rudes conditions hivernales, a indiqué jeudi l'ONU.
Face à cette situation, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a exhorté jeudi la Turquie et les autres pays voisins de la Syrie à accueillir un plus grand nombre de réfugiés.
Le HCR a également réclamé "une action urgente pour permettre aux personnes prises au piège dans le conflit de rejoindre des lieux en sécurité".
"Depuis plusieurs semaines, c'est l'un des pires drames humanitaires qui est en train de se passer" dans la région d'Idleb, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron en arrivant à Bruxelles pour un sommet de l'Union européenne.
"Je veux condamner avec la plus grande fermeté les attaques militaires qui sont menées depuis plusieurs semaines par le régime de Bachar al-Assad contre les populations civiles d'Idleb", a-t-il ajouté.
burx-gkg/avz
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