Les négociations sur le nucléaire iranien entrent dans une phase critique, et l'heure des choix politiques a sonné, a insisté la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini en arrivant dimanche à Vienne, à deux jours de la date butoir théorique pour parvenir à un accord.
"Cela va être dur, cela a toujours été dur mais ce n'est pas impossible", a déclaré Mme Mogherini à son arrivée au palace où se déroulent les discussions.
"C'est une question de volonté politique. Si toutes les parties font preuve de volonté politique, on y arrivera", a ajouté la représentante de l'UE, qui chapeaute le processus de négociations.
Les chefs de la diplomatie britannique Philip Hammond et allemand Frank Walter Steinmeier devaient rejoindre à la mi-journée la capitale autrichienne, et une réunion ministérielle du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, France et Allemagne) était prévue en début d'après-midi, selon des sources diplomatiques occidentales.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue français Laurent Fabius sont déjà sur place, ainsi que le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif.
MM. Kerry et Zarif en étaient déjà convenus vendredi, avant même d'entamer leurs discussions: il reste "beaucoup" de pain sur la planche pour parvenir à un accord historique sur le nucléaire iranien.
Les grandes puissances veulent s'assurer que l'Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions internationales qui asphyxient son économie depuis une décennie.
Mais après de longues années de tensions et 20 mois de discussions acharnées, et malgré la conclusion d'un accord-cadre à Lausanne en avril, les positions apparaissent encore très éloignées sur plusieurs points cruciaux.
"Nous sommes désormais dans la phase critique", confie un haut diplomate occidental, ajoutant : "Ca devient plus tendu dans les derniers jours, mais c'était prévisible".
Même si toutes les parties s'accordent à dire que les pourparlers pourront déborder quelque peu la date butoir théorique du mardi 30 juin, il ne reste plus qu'une poignée de jours pour rendre compatibles "conditions" des grandes puissances et "lignes rouges" de l'Iran.
- Inspections "rigoureuses" -
Arrivé à Vienne samedi, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a rappelé "au moins trois conditions indispensables" pour sceller un accord.
A savoir une limitation durable des capacités nucléaires iraniennes de recherche et de production, un retour automatique des sanctions en cas de violation des engagements pris et des inspections "rigoureuses" des sites iraniens, "y compris militaires si nécessaire".
Or le guide suprême Ali Khamenei, qui a la haute main sur le dossier nucléaire, a réitéré en début de semaine son refus de toute inspection des sites militaires, une "ligne rouge" non négociable selon lui.
M. Khamenei a également déclaré ne pas accepter de "limitations de longue durée" du programme nucléaire, alors que les grandes puissances souhaitent le brider pour au minimum 10 ans.
M. Zarif a de son côté rappelé la principale exigence iranienne : "la levée de toutes les sanctions".
Téhéran souhaite que les sanctions internationales soient abandonnées dès la mise en oeuvre d'un accord, alors que les grandes puissances souhaitent une levée progressive et réversible.
- Sortir de l'"isolement" -
Un accord serait le premier pas d'une possible réconciliation entre la République islamique et les Etats-Unis, brouillés depuis 35 ans. Il marquerait aussi un retour sur la scène internationale de la République islamique chiite, ce qui effraie les puissances sunnites de la région et Israël.
En cas d'accord, l'Iran "ne sera pas le même pays dans 10, 15 ans", a déclaré M. Steinmeier dans le journal allemand Welt am Sonntag. "Si l'Iran peut sortir de son isolement international, sa situation politique intérieure changera", a-t-il prédit.
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