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Rouen. Débordements de la Seine : quelles solutions face à la montée des eaux ?

Inondations. Les nouvelles crues de la Seine entre le 8 et le 10 avril, principalement entre Rouen et Duclair, ont mis en lumière le risque d'inondation pour les rives du fleuve qui seront de plus en plus exposées au fil des années, alors que les décideurs et les scientifiques réfléchissent à des solutions pour l'avenir.

Rouen. Débordements de la Seine : quelles solutions face à la montée des eaux ?
A La Bouille, les maisons et commerces du bord de Seine sont particulièrement exposés.

De nouvelles marées importantes, coefficient 101, sont attendues à Rouen le 8 mai, mais cela ne devrait pas provoquer les débordements constatés au début du mois d'avril. Ces inondations en bord de Seine devraient être de plus en plus fréquentes, ce qui pousse les scientifiques et les responsables à s'interroger sur les aménagements dans l'estuaire.

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Pourquoi la Seine déborde-t-elle ?

L'estuaire de la Seine est considéré comme un milieu maritime, depuis l'embouchure au Havre jusqu'au barrage de Poses, en amont de Rouen. Les inondations, en particulier entre Rouen et Duclair, sont multifactorielles. L'événement du 8 au 10 avril 2024 est le résultat des forts coefficients de marée (jusqu'à 113 le 10 avril), de l'important vent d'ouest avec la tempête Pierrick qui a créé une surcote de 75 cm, et de l'important débit du fleuve, de 1 510m3/s à Vernon (c'est environ trois fois moins fin avril), résultat de la forte pluviométrie sur le bassin. Avec le dérèglement climatique et la montée du niveau de la mer, le niveau de la Seine va lui aussi monter et les inondations s'aggraver pour des événements similaires. "On aura besoin de moins d'eau en plus pour les mêmes crues, donc des débordements plus fréquents et plus intenses", insiste Cédric Fisson, chargé de mission pour le GIP Seine-Aval, qui rassemble les données scientifiques sur l'estuaire du fleuve.

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Les solutions à long terme

Evidemment, il faut gérer la crise quand elle est là : communication d'urgence, blocage des routes, moyens de pompage, coordination des secours, protection des maisons, nettoyage… Mais face au problème, les décideurs se sont aussi rassemblés au sein du syndicat mixte de gestion de la Seine normande (lire par ailleurs), pour avoir une vision globale des enjeux sur l'estuaire et sur le long terme. "La première étape, c'est de faire une analyse coût-bénéfice", explique sa directrice Albane Guignard-Martin. En clair, quelles sont les zones à protéger en priorité, parce qu'elles sont très urbanisées et densément peuplées ou présentent des risques, notamment industriels. "Là, il faut peut-être investir pour un endiguement un peu radical."

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"Ce qu'on va proposer, ce sont des solutions fondées sur la nature", explique de son côté Cédric Fisson, avec la création de zones d'expansion de crues. En clair, plutôt que d'endiguer ou d'élever les murets, il s'agit plutôt, par endroits, d'en faire tomber pour choisir les zones dans laquelle la Seine peut naturellement déborder et s'étaler en période de hautes eaux. Mécaniquement, "plus elle s'étalera, moins elle montera haut", précise le scientifique, protégeant ainsi d'autres espaces, tout en recréant des zones humides et en favorisant la biodiversité. Si de premières modélisations prouvent déjà l'efficacité de la mesure, l'enjeu est bien de savoir où recréer ces zones d'expansion, alors que l'aval de la Seine est très fortement urbanisé. Une étude pilotée par le GIP Seine-Aval vient de débuter pour formuler des recommandations d'ici 2026, 2027. Ce sera ensuite aux politiques de trancher, en fonction des impacts économiques, sociaux et de l'acceptabilité des inondations sur ces zones choisies. Ce ne sera pas la solution unique, tempère déjà Albane Guignard-Martin : "Il faudra aussi un peu d'endiguements, parfois du repli stratégique… C'est un choix d'élus et un choix de société."

A La Bouille, les habitants face aux crues de la Seine

Thomas Martzloff est responsable de La Escala :

Thomas Martzloff est responsable de La Escala à La Bouille.

"On était préparés, on avait fait en sorte que l'eau ne passe pas avec des batardeaux, des bâches de camion sur les baies vitrées… On a des bons communiqués qui nous disent deux semaines à l'avance que l'on sera inondés. Le restaurant a aussi été pensé pour que l'eau puisse rentrer. Toute notre maçonnerie est faite sur du siporex avant de mettre du placo, par exemple, pour pas que le placo fasse éponge."

Adrien Da Silva a une résidence secondaire :

Adrien Da Silva a une résidence secondaire à La Bouille.

"On a reçu un SMS de la mairie pour nous prévenir qu'il y aurait des inondations. On s'est levés à 3h, juste avant pour commencer à évacuer l'eau. Chez nous, l'eau est rentrée surtout par chez le voisin, parce qu'on avait mis une protection devant. On a eu environ deux centimètres. La maison est un peu surélevée donc elle n'est pas souvent inondée, mais les hauteurs de Seine augmentent. Je songe à changer le parquet pour mettre du carrelage."

Jennifer Dumesnil est employée à la boulangerie :

Jennifer Dumesnil est employée à la boulangerie de La Bouille.

"Ici, on n'a pas été inondés. En revanche, comme la route est restée fermée avec la rupture de la digue de Bardouville, il n'y a pas eu de passage pendant quelques jours et beaucoup moins de clients, donc ça nous a un peu embêtés. Ici, les patrons prennent les dispositions pour que l'eau ne rentre pas et que les moteurs des machines ne soient pas exposés à l'eau. La boutique est déjà surélevée, avec la petite marche devant."

Clément Bouvet est premier adjoint au maire :

Clément Bouvet est premier adjoint au maire à La Bouille.

"On observe que la population est de mieux en mieux préparée à ces événements. La culture du risque progresse. Et on voit que les habitants et commerçants s'équipent pour se protéger. En 2020 et en 2024, on a eu des niveaux d'eau similaires mais on a eu moins de dégâts cette année. Il faudrait chez nous rehausser un peu le muret et, globalement, prévoir des zones d'expansion de la Seine."

Un syndicat mixte comme interlocuteur unique

Rouen. Un syndicat mixte comme interlocuteur unique
Du 8 au 10 avril, la Seine a pris possession des quais bas de Rouen à plusieurs reprises.

Cette nouvelle structure permet de considérer les problématiques de l'estuaire de la Seine dans leur ensemble.

"Le problème, c'est le millefeuille administratif", tempête Jacques Meng, le maire de La Bouille, village de 700 habitants en bord de Seine. Qui gère les murets anti-inondation ? Qui gère les clapets anti-retour sur les canalisations d'eau ? La Métropole ? Le port ? Le Département ? "La Seine n'a pas de frontière administrative, explique Albane Guignard-Martin, directrice du Syndicat mixte de gestion de la Seine normande (SMGSN), créé en janvier 2023. On est dans un même système." 

D'où l'idée de regrouper les collectivités concernées au sein d'une même structure. Ce syndicat mixte hérite donc de la compétence Gemapi, pour Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations. En plus d'envisager l'avenir et le long terme, il est notamment responsable de l'entretien des digues, vieillissantes sur le territoire, même si des investissements sont prévus. "Juste sur l'entretien, on est passés d'un budget de 600 000 euros en 2023 à 1,2 million d'euros prévus en 2025", assure la directrice. 

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