Le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), présidé par le maire du Havre, Edouard Philippe, rassemble les représentants de l'Etat, de la police et de la justice. Vendredi 2 février, cette instance a dressé le bilan de l'année 2023 en matière de délinquance (vols, agressions, violences faites aux femmes, lutte contre les trafics de stupéfiants, etc.). Plusieurs données ressortent.
- 3,70 %
C'est la baisse du nombre de faits de délinquance recensés sur le territoire, par rapport à l'année 2022, qui avait été marquée par une hausse des gardes à vues et des faits recensés (+30 %). Alors que l'année a été marquée par des événements d'ampleur sur la voie publique (manifestations contre la réforme des retraites, célébrations de la montée du HAC en Ligue 1, émeutes urbaines), ce recul s'explique par "une présence policière visible, rassurante et dissuasive", un "traitement en profondeur" des faits les plus graves et un partenariat des différentes autorités (ville, police, justice) avance Julien Herbaut, commissaire central du Havre. Le cap des 50 % de faits élucidés a été franchi.
+10 %
C'est la hausse du nombre de violences dites "non crapuleuses", qui regroupe notamment les violences conjugales. Outre une "augmentation objective" du nombre de faits, ce chiffre reflète "l'effet d'une libération de la parole" des victimes, toujours selon le policier. En 2023, 39 nouveaux téléphones "grave danger" ont été attribués à des victimes. Un outil disposant d'une touche spéciale pour alerter la police en cas de problème. Pour mieux prendre en charge les victimes, l'ouverture d'une unité médico-judiciaire de proximité est à l'étude. Elles sont aujourd'hui contraintes de se rendre à Rouen pour effectuer les examens médicaux demandés par la justice.
80
C'est le nombre d'auteurs de rodéos urbains qui ont été interpellés, en 2023. Un chiffre en augmentation puisqu'il était de 66 en 2022. La police recense 59 faits de rodéos contre 88 l'année précédente.
59
C'est le nombre de points de deal démantelés au Havre. Des points qui proposent bien souvent divers types de drogue (cannabis, héroïne, cocaïne, drogues de synthèse) et qui se déclinent en version numérique, via les réseaux sociaux. La police voit aussi apparaître "des petits trafiquants qui alimentent dix, quinze, vingt consommateurs pour se faire un complément de salaire, façon autoentrepreneurs" souligne le commissaire Julien Herbaut. Le trafic de tabac est aussi en augmentation, avec 10 kg de cigarettes contrefaites saisies contre 3 kg l'année précédente.
160 %
C'est le taux d'occupation du centre pénitentiaire du Havre, un point préoccupant selon le procureur, Bruno Dieudonné. S'il s'explique en partie par l'arrivée de détenus issus d'une autre prison qui était en travaux, "il traduit aussi une augmentation de la délinquance et une réponse pénale plus ferme". En 2023, les incarcérations ont augmenté de 54 %, alors même que Le Havre est "plutôt bon élève" en matière d'alternatives à la prison, notamment les libérations sous contraintes.
La lutte contre le harcèlement scolaire fait partie des préoccupations des autorités.
"Il y a un sujet de très grandes violences mettant en cause des mineurs de plus en plus jeunes" remarque Édouard Philippe, le maire du Havre, à l'issue de ce conseil local de sécurité et de prévention contre la délinquance. "Ce sont des faits complexes à appréhender avant qu'ils ne surviennent. Ils sont issus de disputes qui ont bien souvent débuté à l'intérieur des établissements scolaires" poursuit le maire, qui fustige "les effets moutonniers des réseaux sociaux".
"Une confusion entre le réel et le virtuel"
"On observe une confusion totale entre le virtuel et le réel chez les jeunes mis en cause, remarque le commissaire Herbaut, bien souvent, ils ne prennent conscience de la gravité des faits que lorsqu'ils sont placés en garde à vue". La police assure faire de ces affaires une priorité, comme lors du lynchage d'une adolescente victime de "happy slapping" en janvier. "Dès que le signalement est porté à notre connaissance, on s'emploie à identifier les protagonistes, à caractériser les faits et, de concert avec l'Éducation Nationale, on organise l'interpellation des auteurs". Dans ces affaires, "une course contre la montre s'engage". La saisie du téléphone des mis en cause est la clé pour leur résolution. Dans un second temps vient la réponse judiciaire, "pour marquer un coup d'arrêt à ces phénomènes".
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