"Ce plan ne se contente pas de panser les plaies de la crise. Il prépare l'avenir", a affirmé le Premier ministre Jean Castex dans un entretien mercredi soir au Figaro, en défendant un plan "à la hauteur de la situation exceptionnelle que nous traversons".
Au total, ce sont 100 milliards d'euros sur deux ans qui seront injectés dans l'économie alors que le PIB devrait se contracter de 11% cette année.
L'objectif du gouvernement est de retrouver en 2022 le niveau d'activité d'avant la crise et de commencer à voir baisser le chômage, quand il attend 800.000 suppressions d'emplois cette année.
Le plan devrait permettre de créer 200.000 emplois entre fin 2020 et fin 2021, promet Matignon, et Jean Castex a appelé les entreprises à s'engager "fortement pour l'emploi".
Pour cela, l'exécutif promet une exécution sans perte de temps, à moins de deux ans de l'élection présidentielle, avec un comité de pilotage, présidé par le Premier ministre, pour vérifier l'allocation des fonds et les redistribuer si certains projets prennent du retard.
Après les 460 milliards d'euros de soutien d'urgence mobilisés depuis le début de la crise, le plan de relance est donc un plan d'investissement sur le moyen terme, autour de trois priorités: la transition écologique, la compétitivité des entreprises et la cohésion sociale, défend Matignon.
Trente milliards d'euros seront ainsi consacrés au verdissement de l'économie, une "accélération sans précédent", se félicite le gouvernement, quand les ONG dénoncent l'absence de conditions fermes aux aides versées aux entreprises.
Le transport bénéficiera notamment de 11 milliards d'euros, dont 4,7 milliards pour la SNCF afin de financer le fret ferroviaire, les petites lignes et le train de nuit.
Près de 7 milliards d'euros seront aussi alloués à la rénovation énergétique des bâtiments, serpent de mer des politiques écologiques, dont 4 milliards pour le parc public (écoles, universités, etc.) et 2 milliards dédiés aux ménages.
Pour réindustrialiser les territoires, le plan mise sur l'amélioration de la compétitivité des entreprises, avec 35 milliards d'euros mobilisés, dont 20 milliards pour baisser les impôts de production payés par les entreprises, malgré les protestations des collectivités qui en sont les principales bénéficiaires.
Le reste de l'enveloppe soutiendra les fonds propres des entreprises que la crise a mis à mal, ou encore subventionnera la relocalisation d'activités et l'innovation dans des secteurs d'avenir, comme l'intelligence artificielle ou le calcul quantique.
Retrouver la confiance
Face à cette débauche de moyens pour les entreprises, le gouvernement veut montrer qu'il n'a pas oublié les ménages modestes et tous ceux menacés de perdre ou de ne pas trouver d'emploi. L'enjeu est de créer un climat de confiance, dit-on à Matignon.
D'autant que le gouvernement a écarté toute mesure de relance de la consommation, les revenus des ménages ayant été préservés par le chômage partiel, même si ces derniers préfèrent actuellement épargner face aux incertitudes sanitaires et économiques.
Ainsi, 35 milliards d'euros sont dédiés à la cohésion sociale et territoriale, incluant notamment 15 milliards de mesures en faveur de l'emploi, dont 6,7 milliards déjà annoncés cet été pour les jeunes ou encore 6,6 milliards pour le dispositif d'activité partielle de longue durée.
A cela s'ajoutent les 6 milliards d'euros d'investissement dans l'hôpital, ou encore la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire et les aides aux collectivités.
Sur l'ensemble du plan, 80 milliards pèseront directement sur le budget de l'Etat et viendront alourdir à court terme la dette publique, attendue déjà à près de 121% du PIB cette année.
La moitié sera toutefois financée par les subventions issues du plan de relance européen, et à l'exception de la baisse des impôts de production, les dépenses engagées ne seront pas pérennes, tempère-t-on au gouvernement, même si on assume cette stratégie dépensière.
"Ne rien faire aujourd'hui nous aurait condamnés à la récession. Et on connaît les conséquences désastreuses de l'austérité", a défendu Jean Castex mercredi soir dans Le Figaro, en confirmant l'absence de hausse d'impôts .
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