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Le libre récit du jihadiste Tyler Vilus aux assises

Dès l'ouverture de son procès, le jihadiste français Tyler Vilus a livré jeudi un long récit "spontané" de son séjour en Syrie, sans jamais renier son "engagement auprès de l'Etat islamique" mais en minimisant son rôle, dans le "désordre" de la guerre.

Le libre récit du jihadiste Tyler Vilus aux assises
Le jihadiste français Tyler Vilus lors de son procès à Paris le 25 juin 2020 - Benoit PEYRUCQ [AFP]

"Plus je m'éloignais de la frontière turque, plus je m'enfonçais dans mes convictions et le jihad, jusqu'à l'arrivée à la frontière" syro-irakienne, a lancé l'accusé de 30 ans, jugé aux assises spéciales de Paris pour des crimes commis en Syrie de 2013 à 2015.

Fines tresses courtes, muscles moulés par un polo noir, Tyler Vilus est très calme, volubile, et raconte son épopée syrienne comme d'autres un voyage : il déborde de détails sur le sort d'amis ou d'un enfant brûlé. Il glisse sur les coins sombres du dossier et rectifie au passage certaines "allégations de la DGSI", les renseignements français.

D'emblée, il cherche à déminer le terrain, en écartant fermement tout lien avec les auteurs des attentats du 13 novembre 2015 : s'il a reconnu avoir été en contact avec Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des tueries du Bataclan et des terrasses parisiennes, il a toujours nié tout projet d'attaque en France - et n'est pas poursuivi pour cela.

C'est pour son appartenance à une entreprise terroriste, pour avoir dirigé un groupe de combattants étrangers et pour "meurtre", pour sa présence au côté des bourreaux sur une scène d'exécution publique à Shaddadi (est) en 2015, qu'il est jugé.

Invité à une première déclaration spontanée, Tyler Vilus attaque donc d'emblée : "Mon engagement a commencé lorsque je suis arrivé en Tunisie".

Cet été 2011, le jeune converti fréquente la nébuleuse salafiste qui émerge dans le premier pays des printemps arabes. Il reconnaît s'être retrouvé parmi les manifestants devant l'ambassade américaine, mais ne dit pas un mot de son saccage en septembre 2012.

"Fantasmé"

Son premier départ en Syrie (octobre-décembre 2012) s'inscrit logiquement dans son parcours : "90% des hommes qui fréquentaient" sa mosquée à Tunis "sont partis en Syrie".

"J'allais là-bas pour combattre Bachar Al-Assad, je n'ai jamais dit que j'allais faire de l'humanitaire". Il affirme avoir rejoint une katiba (brigade) dans une ferme où il alterne entraînements et cours d'arabe.

Après un bref retour en Tunisie, il repart en Syrie. Sa katiba, qui "a fait allégeance au Front Al-Nosra", est dans "la région d'Alep (nord-ouest)". Il décrit les scissions entre factions jihadistes, encore loin de l'unité territoriale qu'imposera après 2014 l'hégémonie du groupe Etat islamique.

Ce développement l'amène à une conclusion: "Il n'y avait pas de police politique capable d'imposer une contrainte. J'ai toujours fait partie de la police militaire, pas politique" : le point est capital pour lui, accusé d'avoir traqué les contrevenants à la loi du "califat", jusqu'à superviser des exécutions.

Il va aussi fermement réfuter son appartenance à la brigade "Al-Muhajireen" (des "immigrés"), un escadron responsable de tortures et d'exécutions sommaires, dont sont membres Abaoud et de futurs kamikazes du Bataclan.

"Quand on parle des muhajiroun, on parle des étrangers, pas de la katiba", s'agace-t-il. Quant à la brigade des "immigrés", elle était "essentiellement composée d'Arabes, des Saoudiens". Français et Belges "n'étaient pas du tout majoritaires".

Après Alep, il gagne Shaddadi où il fait ce qu'il "sait faire": "Je m'occupe des combattants, je constate les faits et je transmets à un juge : c'est lui qui fait appliquer la sanction".

"On me voit sur la vidéo de l'exécution" de deux soldats, finit-il par dire, abordant le crime qui peut lui valoir la prison à vie. L'accusation le désigne comme un superviseur, en sa qualité d'"émir" et de membre de la police.

"Tout ça c'est fantasmé". Lui affirme qu'il était là comme tout le monde au sortir de la mosquée, sur l'artère principale, où on exécute en public "pour maintenir la pression sur la population".

"A ce moment-là", dit-il, "je veux rester dans le jihad mais quitter la Syrie". Il répète qu'il prétextera de projeter une action en Europe pour partir, la "seule solution" pour épargner des ennuis à ses deux épouses, restées sur place.

Verdict le 3 juillet.

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