Pendant longtemps, les grands ports belges et néerlandais concentraient la majorité des flux de cocaïne destinés à l'Europe. Mais avec le durcissement des contrôles à Rotterdam ou Anvers, les trafiquants déplacent désormais leurs cargaisons… vers les ports français. Et parmi eux, Le Havre se détache nettement : 14 tonnes de cocaïne ont été saisies en 2024, un chiffre quasiment triplé en un an.
L'Ofast, l'Office anti-stupéfiants, cité par France info, parle désormais d'une mutation stratégique des réseaux criminels : la France devient une plateforme logistique pour le trafic international, et la Normandie un carrefour logistique de premier plan, en raison de sa façade maritime et de ses infrastructures.
La Normandie, un territoire devenu stratégique pour les trafiquants
Les ports ne sont pas les seuls à être ciblés. Le trafic s'étend aussi dans les zones rurales et périurbaines, y compris dans le département de la Manche, où les forces de l'ordre font état de réseaux structurés, mobiles et très bien implantés.
La Normandie n'échappe plus à la logique du "pas de zone blanche" décrite par l'Ofast : chaque département, même éloigné des grands axes, devient une cible potentielle pour le développement de points de deal, souvent dans des petites villes ou quartiers jusqu'ici préservés.
Saisie de drogue et d'argent à Cherbourg en 2023. - Police nationale de la Manche
Violences et emprise sociale : les conséquences visibles sur le terrain
Au-delà des saisies spectaculaires, le narcotrafic laisse des traces durables. En 2024, la France a enregistré plus de 360 assassinats ou tentatives liées à ces trafics, avec des affrontements de plus en plus fréquents pour le contrôle des territoires.
Les spécialistes parlent d'une violence érigée en contre-culture, avec des trafiquants qui vont jusqu'à proposer des "services" aux riverains pour acheter la paix sociale. Cette logique est déjà observée dans le sud de la France.
Saisie de drogue à Perseigne en 2024. - Parquet d'Alençon
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Nouvelles routes, nouvelles méthodes : les trafiquants s'adaptent
Les ports normands ne sont qu'une des nouvelles portes d'entrée. L'Ofast alerte également sur la diversification des routes et des techniques : aéroports, fret aérien, mules… Au printemps, 250kg de cocaïne ont ainsi été saisis dans des caisses à double fond en provenance de Dakar.
Autre point d'inquiétude : le rôle croissant des Antilles françaises dans ce réseau. Plusieurs tonnes de cocaïne ont été interceptées en 2025 dans des conteneurs arrivant de Guadeloupe ou Martinique, et transitant par les ports de la Manche.
Un "tsunami blanc" qui menace aussi la cohésion sociale
Dans la note officielle de l'Ofast, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau parle d'un "tsunami blanc", référence directe à la cocaïne, dont la prolifération en France prend une dimension existentielle.
Ce phénomène ne se limite plus aux grandes métropoles : il concerne aussi Cherbourg, Le Havre, Avranches, ou encore Granville, où les autorités multiplient les opérations de démantèlement. Mais les trafiquants, eux, redoublent d'imagination pour contourner les dispositifs, rendant la lutte toujours plus complexe.
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