12 ans d'absence. Le Tour de France avait manqué à Rouen, qui va accueillir, mardi 8 juillet pour la 18e fois, l'arrivée d'une étape de la Grande Boucle, si l'on inclut le prologue de 1997. Les coureurs normands et la ville ont pourtant marqué la petite et la grande histoire du Tour.
L'empoisonnement de Paul Duboc
En 1911, c'est un Rouennais, Paul Duboc qui est le mieux parti pour remporter le Tour de France. "Il faut s'imaginer que c'est une idole, que tout le monde l'attend dans les rues de Rouen", s'enthousiasme Sylvain Letouzé, auteur d'Histoires insolites du Tour de France chez City éditions. Il gagne l'étape entre Cherbourg et Le Havre. Mais pas le Tour. "Il a été empoisonné par une bouteille d'eau dans une étape du sud-ouest de la France. Le suspect n'était autre que Gustave Garrigou", celui qui a fini en jaune cette année-là. "Paul Duboc a dû beaucoup s'arrêter pour vomir", confirme Jean-Pierre Lecoffre, l'auteur de cinq livres sur le cyclisme et la Normandie, le dernier sur Philippe Bouvatier, sorti en avril. "L'empoisonnement par Garrigou n'a jamais été prouvé mais il aurait avoué sur son lit de mort", livre-t-il. Toujours est-il que, la rumeur enflant à l'époque, la direction de course a demandé à Gustave Garrigou de se déguiser pour ne pas être reconnu par des supporters en colère lors de son passage dans les rues de Rouen. Et éviter un scandale.
Jacques Anquetil
et le malheureux Pierre Poulingue
Le Tour de France 1957 verra la consécration de Jacques Anquetil. Pour sa première participation, le coureur natif de Mont-Saint-Aignan va s'imposer à Rouen et gagner la Grande Boucle (lire par ailleurs). La même année, Pierre Poulingue, coureur de Vatteville-la-Rue, va participer à son seul et unique Tour de France. "Il va prendre une licence pro pour un mois, juste pour le Tour", raconte Jean-Pierre Lecoffre. A l'époque, pas de ravitaillement officiel. Les coureurs s'arrêtent dans les cafés et font la "chasse à la canette". Sur l'étape locale, Pierre Poulingue, qui avait à cœur de montrer le maillot, descend dans une cave. "Mais le cafetier n'a pas approuvé et a refermé la porte sur lui !" Un enfermement très provisoire, suffisant pour l'empêcher de faire la course devant. Jean-Pierre Lecoffre se souvient aussi des grands départs du Tour à Rouen en 1997 et, surtout, en 1961 : "On pouvait approcher les équipes, les mécanos, les coureurs, aujourd'hui ce n'est plus possible." Autre souvenir du passionné, celui de Felice Gimondi, qui gagne à Rouen en 1965, boulevard de l'Yser, alors qu'il est un parfait inconnu. Il prend ce jour-là le maillot jaune et remporte cette année la Grande Boucle devant un certain… Raymond Poulidor.
Les anecdotes sont innombrables. Et le "Tour de France, c'est parfois aussi du fait divers", rappelle Sylvain Letouzé. En 1995, Le Groupement, un système de vente pyramidale de Fleury-sur-Andelle, est ciblé, notamment par la presse, pour ses dérives sectaires. "Ils avaient monté une équipe cycliste pour le Tour 1995 avec quand même Luc Leblanc champion du monde… Ils ont déposé le bilan trois jours avant, laissant 22 coureurs sur le carreau." "Philippe Bouvatier (lire par ailleurs) faisait partie de cette équipe. Ça a mis fin à sa carrière", déplore Jean-Pierre Lecoffre. "L'histoire du Tour, c'est d'abord l'histoire de la France", conclut Sylvain Letouzé.
Un profil d'étape entre Amiens et Rouen promis aux puncheurs ?
L'arrivée très accidentée à Rouen, avec l'enchaînement des côtes, devrait favoriser les attaques en fin d'étape.
En 2012, c'est l'Allemand André Greipel qui s'est imposé au sprint lors de la dernière arrivée à Rouen. Un sprint massif hautement improbable en 2025. Et pour cause, les derniers kilomètres sont particulièrement accidentés.
Festival de côtes
Les coureurs s'élanceront d'Amiens et la traversée de la plaine picarde ne sera peut-être déjà pas de tout repos. Les bordures sont possibles, en fonction de la météo. Mais c'est très probablement dans les derniers kilomètres que des côtes à casser beaucoup de jambes vont faire le jeu des puncheurs. Un Normand, comme Benoît Cosnefroy ? Ou déjà un Tadej Pogacar, parmi les favoris ? Les 40 derniers kilomètres promettent en tout cas du spectacle avec d'abord la côte Jacques Anquetil puis la côte de Belbeuf. Suivront, proches de l'arrivée, la fameuse côte de Bonsecours et sa stèle Jean Robic, 900m à 7,2%, la côte de la Grand'Mare, 1,8km à 5% et enfin la rampe Saint-Hilaire, un mur de seulement 770m mais à 10,6%. L'arrivée est aussi légèrement en montée sur le boulevard de l'Yser.
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