Mise à jour, 7h30 mardi 9 novembre : la justice a suivi les réquisitions de l'avocat général et a condamné, tard dans la nuit, le père Mansour Labaky à quinze de prison.
Le prêtre libanais Mansour Labaky, aujourd'hui âgé de 81 ans et soupçonné d'actes pédocriminels, était jugé ce lundi 8 novembre devant la cour criminelle de Caen. Ce dossier "oh combien délicat", selon l'avocat général, revient sur plus de huit ans de viols et d'agressions sexuelles présumées sur mineurs.
Les premières plaintes des victimes ont été déposées en 2013.
L'avocate de la défense demande le renvoi
Absent lors de ce procès "pour des problèmes de santé", Mansour Labaky était représenté par l'avocate parisienne Florence Rault. Cette dernière a demandé le renvoi du procès pour des "raisons d'agenda". Elle devait se rendre à Paris dans l'après-midi pour un autre procès. "Une affaire criminelle est prioritaire sur une affaire correctionnelle", a indiqué Jeanne Chéenne, présidente de la cour criminelle.
La salle d'audience au sein de la quelle la justice a examiné l'affaire.
L'avocate des parties civiles, Maître Solange Doumic, regrette l'absence de l'accusé. "Le père Labaky a toujours refusé de faire face à ses actes, prétextant n'importe quoi pour ne pas venir. S'il avait été là, il aurait enfin été mis à nu. Là, il continue de se cacher". Malgré plusieurs tentatives, Mansour Labaky, réfugié au Liban, est toujours resté dans le silence.
"Cela fait huit ans que les victimes attendent que cette affaire soit jugée !", a évoqué Pascal Chaux, l'avocat général. La cour s'est alors opposée au renvoi.
"Je ne suis pas ici pour me venger"
Après avoir rappelé les faits reprochés au Père Labaky, qu'il a toujours nié, la cour criminelle a laissé la parole aux victimes. Sur les trois témoins, une seule s'est portée partie civile. Une femme de 38 ans, violée à l'orphelinat de Douvres-la-Délivrande en 1996.
D'autres étaient présentes. Toutes ont plaidé à la barre sous l'émotion, encore touchées pas des faits survenus lorsqu'elles étaient mineures. "Je ne suis pas venue pour me venger", a évoqué la nièce du Père Labaky, venue pour l'occasion des États-Unis. "Si je peux aider les autres à ne pas vivre l'enfer que j'ai vécu, je continuerai à parler et me déplacer".
Après une journée éprouvante, vers 21h, l'avocat général a requis 15 ans de réclusion criminelle contre le Père Labaky pour des "faits extrêmement graves". "Il faut faire en sorte que la décision de la cour soit parfaitement exemplaire", souligne Pascal Chaux.
Ce procès avait lieu un mois après le rapport de la CIASE sur les abus sexuels au sein de l'Église catholique et le jour où la conférence des évêques de France, réunie à Lourdes, statuer notamment sur l'indemnisation à apporter aux victimes.
La cour criminelle doit rendre sa décision dans la nuit.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.