D'après le décompte communiqué jeudi aux syndicats en comité de groupe, outre Toulouse, le plan social chez Airbus et sa filiale Stelia Aerospace touche aussi durement Saint-Nazaire (près de 600 emplois) et Nantes (près de 500).
Le patron du 1er syndicat chez Airbus, Jean-François Knepper (FO), a dénoncé un "plan excessif et disproportionné". "La crise est conjoncturelle, mais le plan est structurel", a-t-il dénoncé.
Toulouse, où Airbus et ses filiales emploient quelque 25.000 salariés, "est la capitale de l'aéronautique, quand l'orage arrive, elle est plus mouillée que les autres" mais "ce n'est pas une raison pour justifier tout et n'importe quoi", a-t-il ajouté.
Selon FO, la CFE-CGC et la CFTC, les trois principaux syndicats, les quelque 5.000 suppressions en France (sur un total de 15.000 dans le monde) annoncées mardi par l'avionneur pour d'ici l'été 2021 incluent 704 postes chez le fabricant d'aérostructures Stelia, filiale à 100%. Et 186 chez le constructeur ATR, une co-entreprise entre Airbus et l'italien Leonardo.
A Toulouse et sa périphérie, notamment à Blagnac, l'"Airbus City", ce sont 2.398 suppressions de postes à la production, 980 au siège, 186 chez ATR et 36 chez Stelia qui sont prévues, selon les syndicats.
Négociations lundi
Dans ses implantations à Rochefort, Mérignac, Méaulte et Saint-Nazaire, la filiale Stelia doit perdre au total quelque 700 postes, a précisé M. Knepper, à l'issue d'un comité de groupe avec la direction.
"Nous allons vers un cataclysme social à l'automne", a-t-il mis en garde M. Knepper. "Comment l'Etat peut-il accepter autant de licenciements?".
"Nous sommes inquiets. On ne sait pas qui va sauter. Certains d'entre nous ont un crédit sur le dos, si on perd notre salaire, ça va être compliqué", témoigne Ludovic Beller, un mécanicien de 29 ans qui travaille depuis sept ans pour Airbus, à l'entrée d'une des usines du groupe.
"On ne sait pas où on va. Le choc est brutal. Avant la crise du Covid, on était en plein boom, on comptait installer la chaîne d'assemblage de l'A321 sur le site de l'A380, on avait des perspectives d'embauche", relate David Neff, un technicien de 26 ans.
Florent Veletchy, délégué syndical central de la CFTC, 3ème syndicat du groupe, précise que 2.823 "cols blancs" et 1.425 "cols bleus", selon la terminologie Airbus, sont menacés.
Manifestation mercredi
Les syndicats vont "maintenant s'assoir à la table des négociations (...) On commence lundi matin et on est partis pour quatre mois", a indiqué M. Knepper.
Mais jugeant que les "dirigeants se sentent un peu décomplexés", il a souligné la détermination des syndicats à les "ramener à la raison".
"S'ils veulent passer en force, on montera le ton", a-t-il ajouté, rappelant que la ligne rouge syndicale était le "zéro licenciement sec".
Et mercredi, les salariés d'Airbus sont appelés par les trois syndicats à une manifestation au siège de l'avionneur.
Le trio syndical espère que les départs anticipés, volontaires, une activité partielle longue durée et des dispositifs de formation, permettront de diminuer le périmètre du plan.
Les syndicats entendent aussi défendre les sous-traitants, car l'ensemble de la filière emploie quelque 60.000 personnes dans la région.
"Airbus ne redémarrera pas si les sous-traitants disparaissent", souligne M. Knepper. La déléguée CFE-CGC Françoise Vallin relève, elle, le "risque pour la survie de petites entreprises fragilisées avant la crise".
L'Etat a annoncé un plan de relance du secteur aéronautique de 15 milliards d'euros, qui englobe l'aide prévue pour Air France. La présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, doit pour sa part dévoiler vendredi un plan de relance régional de près de 100 millions d'euros pour la filière.
Venu à Toulouse manifester son soutien au secteur, le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a appelé l'Etat "à ne pas laisser faire ce qui se passe à Airbus", qui est "extrêmement grave".
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