Apparues dans les années 2000 dans les maternités françaises, les unités "Kangourou" bousculent les codes en matière de prise en charge des enfants prématurés. Concrètement, ce type d'unité permet de faire cohabiter les parents et leur enfant prématuré dans la même pièce, 24h/24. "La particularité de ces unités c'est que la maman mais aussi le papa peuvent rester auprès de l'enfant", explique Sophie Gillé Roussillon, cadre de santé sur le pôle "femme, mère, enfant" au CHU de Rouen qui a ouvert son unité Kangourou en 2008 avec 12 lits disponibles. Avant cela les prématurés étaient gardés en service de néonatalogie [spécialité médicale dédiée aux soins des nouveau-nés] parfois loin de leur maman. Avant, "lorsqu'il y avait un nouveau-né qui devait être hospitalisé, ça nous brisait le cœur de devoir séparer l'enfant de ses parents", déclare le Dr Dana Dabbagh, pédiatre à l'hôpital des Feugrais à Elbeuf qui a ouvert son unité Kangourou le 22 avril avec six chambres. L'admission en unité Kangourou se fait sur des critères bien précis. Y sont orientés généralement les enfants nés à partir de 33 semaines et/ou ayant un faible poids à la naissance. Si la durée moyenne d'un séjour pour un bébé bien portant est de 3 à 4 jours en maternité, la prise en charge en unité Kangourou est de l'ordre d'une semaine et peut aller jusqu'à 21 jours au CHU de Rouen. Mais qu'en pensent les parents ? Dimitri Magloire et Audrey David, dont la petite Ambre est arrivée légèrement en avance le 25 mai au CHU, sont prêts à sortir de l'unité. Leur bébé a été transféré chez "les Kangourous" le 27 mai. "Sans cette chambre, ma fille serait restée là-haut en néonatalogie et moi je serais toute seule, c'est bien mieux d'être ici", rebondit Audrey David. "Je peux venir 24h sur 24, la maman est avec son bébé en permanence et il y a une très bonne réactivité des sages-femmes", se réjouit le papa.
Le bien-être de l'enfant et de ses parents
Ces unités sont directement inspirées de la méthode Kangourou, qui favorise le contact peau à peau entre la mère et son prématuré. Une pratique qui présente plusieurs avantages. "Ce sont des bébés qui peuvent avoir des difficultés à régler leur température et donc ils prennent celle de leur maman quand ils sont peau à peau avec elle", précise le Dr Lise Folliot-le-Doussal, pédiatre à la clinique Belvédère qui s'est dotée elle aussi d'une unité Kangourou dans les années 2000. Les enfants peuvent aussi caler leur fréquence respiratoire sur leur génitrice. "Ce sont des enfants qui vont être plus apaisés et nous, on voit bien la différence", poursuit la praticienne. La méthode permet également au nourrisson de progresser sur l'alimentation que ce soit l'allaitement ou la prise de biberon mais aussi sur la bonne circulation du sang et enfin sur son sommeil. Ce contact constitue aussi un atout psychologique pour les parents, "c'est important que les mamans ne se sentent pas exclues des soins, qui peuvent se poursuivre à la sortie", explique Sophie Gillé Roussillon. Ainsi les parents peuvent participer à tous les soins quotidiens, "l'alimentation, le sommeil, le bain, le change" et sont même encouragés à le faire. Les autres soins de type invasifs (injections, soins naso-gastriques, photothérapie, etc.) sont réservés aux professionnels. "Le rapprochement avec l'enfant, on sait que ça diminue les effets du baby blues ou de la dépression post-partum [des troubles émotionnels apparaissant après l'accouchement], c'est évident que c'est bénéfique pour le bébé et pour la mère", conclut le Dr Dana Dabbagh.
Une expérimentation sur l'hospitalisation à domicile
En plus de son unité Kangourou, le CHU de Rouen a lancé il y a un an une expérimentation concernant l'hospitalisation à domicile des bébés prématurés.
Le CHU de Rouen a été retenu aux côtés d'autres établissements pour expérimenter l'hospitalisation des nouveau-nés prématurés à domicile. Lancée il y a un an à Rouen, l'expérimentation concerne six places à domicile sur un périmètre défini à l'intérieur de l'agglomération rouennaise, soit 30km autour du CHU. "Il s'agit de puéricultrices de chez nous qui vont à domicile avec un véhicule du CHU et accompagnent les parents sur la journée", explique Sophie Gillet Roussillon, cadre de santé au CHU de Rouen. "On sait qu'on aurait eu des besoins un peu plus loin mais pour le moment on doit rester sur ce périmètre." Les parents peuvent aussi joindre un numéro d'astreinte après le départ des puéricultrices. "Notre objectif c'est vraiment la guidance parentale à domicile pour accompagner le parent et le fait d'éviter les réhospitalisations d'enfants", précise la professionnelle. "Nous avons des retours très positifs des parents parce que c'est très rassurant pour eux", se félicite Sophie Gillet Roussillon.
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