L'Orne compte quelques champions. Charles Ferrion en fait partie. A l'âge de huit ans, il donnait ses premiers coups de pagaie au club de canoë-kayak d'Argentan. Depuis, le jeune homme de 23 ans a été sacré champion d'Europe en mai 2023, avant de s'emparer de l'or aux championnats du monde un mois plus tard. Sa discipline : le canoë-kayak de descente. "C'est comme le VTT de descente, en contre-la-montre avec des obstacles mais sur l'eau, explique Charles. "Choisir ma trace sur la rivière, c'est mon sport."
Un équilibre entre sport et études
Un sport dont il ne vit pas. Il suit depuis septembre des études de commerce à Rennes en première année de mastère, en alternance dans une entreprise à Verneuil (Eure). A l'école comme au travail, ses horaires sont aménagés pour qu'il puisse s'entraîner toute la semaine. "Je suis en cours le lundi, par exemple de 8 h 30 à 10 h 30. Ensuite, jusqu'à 13h je suis à l'entraînement. Je reprends les cours juste après. Je termine à 17h et je retourne à l'entraînement, présente le céiste. Quand je suis au travail, c'est un peu différent. Je m'entraîne le soir à partir de 17h et je fais une ou deux séances." Lors d'une semaine type, il réalise huit entraînements par semaine. "J'essaie de compléter en faisant encore deux à trois séances le samedi et le dimanche. Par contre, je n'ai pas trop le temps de voir ma famille le week-end."
Il a présenté en décembre son projet sportif aux entrepreneurs de l'Orne, lors d'une soirée organisée par le Medef.
Même s'il aimerait pouvoir faire de son sport sa profession, Charles Ferrion est conscient : "très peu de gens peuvent en vivre." Il a présenté en décembre son projet sportif devant les entrepreneurs de l'Orne, afin de trouver de nouveaux sponsors. "Dans tous les cas un kayakiste même champion du monde, quand la carrière s'arrête, la vie redevient normale. J'ai été champion du monde au mois de juin, le lendemain j'étais au travail", sourit-il.
J'ai été champion du monde en juin, le lendemain j'étais au travail
"Quand on est sportif amateur, il faut aussi avancer dans la vie. Si je n'avance pas dans ma vie personnelle et professionnelle, je vais tourner en rond. Oui, j'ai été champion du monde, c'est un accomplissement personnel, mais d'un point de vue financier, il faut que je paie mon appartement, les déplacements sportifs… C'est aussi pour ça que je fais de l'alternance", conclut-il.
L'âge, les moyens financiers… Il est peut-être déjà trop tard pour Charles Ferrion de réaliser le rêve de chaque sportif : participer aux Jeux olympiques.
Lorsque Charles Ferrion commence le canoë-kayak, son club d'Argentan ne propose que de la descente de rivière. "Malgré le fait que la discipline ne soit pas olympique, il y a quand même de beaux titres à aller chercher", lance le jeune céiste. Il en a déjà glané quelques-uns, mais les JO pour tout sportif, c'est le Graal.
Pour les disputer, il pourrait passer dans une discipline olympique. "J'y ai déjà pensé, mais si je veux construire un projet olympique, il faut que j'arrête de travailler et que je parte m'entraîner aux Etats-Unis ou au Canada, où il y a des nations très fortes", explique Charles, soucieux notamment de la dimension financière pour y parvenir. Se pose également la question de l'âge. Est-ce trop tard, à 23 ans ? "Si je m'y mets demain, déjà ce ne sera pas pour les JO de 2024. Même 2028, c'est dans très peu de temps. Et en 2032, peut-être que ça pourrait le faire, mais il faut peser le pour et le contre. Je me fais plaisir dans ma discipline. Il y a les Jeux, mais il y a aussi le plaisir au quotidien. On peut y penser, mais ce n'est pas ma priorité", avoue-t-il.
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