![[Photos] Caen. Dans les coulisses de l'hôtel de ville](https://medias.tendanceouest.com/photos/1200/407451/)
Trousseau de clés en main, direction la salle du réfectoire aux côtés de Maïwen Boivin. C'est ici que les moines de l'Abbaye aux Hommes venaient déjeuner au XIe siècle, avant que cette salle ne serve de cantine pour les élèves du lycée Malherbe. La guide s'arrête devant des tableaux de l'époque. On y voit quelques taches. "Le jeu préféré des lycéens était le lancer de purée. Les peintures ont dû être restaurées pour enlever les traces de nourriture séchée." Nous quittons cette pièce de 30 m de long sur 9 m de large, "la plus grande de l'hôtel de ville", passons par le cloître, lieu de photos par excellence lors de mariages, avant d'accéder à l'ensemble des salles de l'ancien monastère. Sur la gauche, une porte en bois impressionnante. Nous entrons dans le salon et salle à manger du maire. Dans le plus grand des secrets, se trouve une pièce inédite : la chambre de la reine d'Angleterre.
La chambre de la Reine d'Angleterre.
La visite se poursuit. Nous voilà face à une grande porte en forme arrondie qui donne sur la salle Joseph Poirier dans l'aile Ouest, "une salle très spéciale, qui résonne énormément", selon la guide, en forme ovale, avec, au sol, une rosace en trompe-l'œil.
La salle Joseph Poirier et sa rosace en trompe-l'œil.
Portes magiques et faux plafond
Au rez-de-chaussée, nous rejoignons l'aile Est qui ne peut être qu'ouverte par les gardes de l'hôtel de ville et les guides. Il fait frais et une odeur de bois se dégage. Nous traversons la célèbre salle des mariages puis, un peu plus loin, se trouve un passage secret pour rejoindre l'église Saint-Étienne, sans faire le tour par l'extérieur. Une clé spéciale est nécessaire pour y accéder. Guillaume Vérel, garde depuis 24 ans, se mue en passe-partout. "Personne ne passe par ici, sourit-il. Quand il y a du vent, il y a des drôles de bruits." Il connaît l'hôtel de ville comme sa poche. Direction les sous-sols. L'accès se fait uniquement par une petite porte blanche à l'arrière de la mairie "ou par les cuisines, mais seuls deux trois initiés ont réussi", plaisante Arnaud Poitvin, responsable des gardes depuis 25 ans. Se trouve un ancien pressoir à pommes. Trois tonneaux à cidre de l'époque sont recouverts de toiles d'araignées.
Le pressoir à pommes dans les sous-sol.
Il faut faire attention où l'on met les pieds afin d'accéder au local d'archives, un lieu très prisé.
La salle d'Archives, en sous-sol.
Dans la salle du conseil municipal, surprise : les agents découvrent avec nous un passage qui nous mène dans une tour de la salle des gardes, à environ 15 m de haut. "On découvre de nouvelles choses tous les jours. Il n'y a pas longtemps, j'ai découvert une pièce que je ne connaissais pas en tirant sur une trappe dans un faux plafond !", évoque Guillaume. Un vrai labyrinthe rempli de surprises.
Tendance Ouest a pu visiter l'hôtel de ville de Caen et en révéler certains mystères. En voici une sélection.
Des autruches dans l'hôtel de ville
Saviez-vous que l'hôtel de ville avait accueilli des autruches ? En 2000, la salle du réfectoire de l'hôtel de ville a servi de lieu de tournage pour le film Saint-Cyr, dans lequel figure l'actrice Isabelle Huppert. "Il y a eu un lâcher d'autruches ! Elles avaient été accueillies sur l'esplanade et dans le cloître avant d'entrer en action pour le film. Elles avaient été recouvertes de paillettes pour tourner une scène avec l'arrivée du roi", sourit Maïwen Boivin, guide à la mairie. Cette salle située juste à gauche de l'escalier d'honneur sert pour d'éventuelles réceptions et manifestations.
Des tags sur la pierre de Caen
Jusqu'en 1961, l'hôtel de ville de Caen abritait le lycée Malherbe. De nombreux élèves ont réalisé des graffitis sur la pierre de Caen, dans les galeries du cloître, afin d'y laisser une trace. "Il y a des dessins, des noms ou des dates", indique Maïwen Boivin$. Dans la salle des mariages actuelle par exemple, on peut lire "P.Greselle, 1ère année B, 1880" gravé sur les boiseries. "Parfois, on a des anciens élèves qui viennent nous voir."
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Un bâtiment sous haute surveillance
Il faut s'appeler Joël Bruneau ou bien être garde ou guide pour avoir accès à toutes les pièces de l'hôtel de ville. Seuls une dizaine de trousseaux de clés le permettent. La mairie est surveillée 24h/24 et 7j/7. Dans les sous-sols, "il y a plusieurs passages par jour pour tout vérifier", indique Arnaud Poitevin, responsable des gardes depuis un quart de siècle.
Des vestiges de l'époque gallo-romaine
Dans la salle des gardes de l'hôtel de ville, accessible pour le grand public lors des journées européennes du patrimoine, se trouvent des trésors sous vitrine. Le bâtiment avait été reconstruit sur des vestiges de l'époque gallo-romaine à la suite du déménagement du lycée Malherbe. "Des fouilles archéologiques menées par la Ville de Caen entre 1968 et 1976 ont permis de retrouver un squelette complet d'une jeune femme qui est aujourd'hui la doyenne des Caennais, mais aussi un fanum, un temple gallo-romain, raconte Maïwen Boivin. On se trouve sur les premières traces de la Ville."
Une porte… et le vide
Dans la salle du conseil municipal, à l'arrière de la mairie, se trouve une porte en bois, sur la gauche. Elle a un côté atypique puisqu'elle n'a pas de poignée. Vu de l'extérieur, cette porte donne… sur le vide. À l'époque des moines, un escalier permettait de monter jusqu'à cette porte. Aujourd'hui, elle est condamnée. Cette salle est aussi entourée de vitraux. S'y cachent plusieurs motifs dont des châteaux, l'emblème de la Ville de Caen.
Il y passe plus de 40 heures par semaine. Le maire de Caen Joël Bruneau nous livre ses anecdotes sur l'hôtel de ville, son lieu de travail depuis 2014.
Son lieu préféré
Joël Bruneau affectionne son bureau et particulièrement le cloître, entouré d'arcades et abritant un jardin "à la française". "Il a une certaine sobriété que les intérieurs des salles du XVIIIe siècle n'ont pas." Le cloître fait la jonction entre la partie religieuse de l'abbatiale et la partie laïque de l'hôtel de ville. Le maire de Caen y passe souvent, néanmoins, "je ne passe pas des heures à me recueillir et à réfléchir à l'avenir de la ville dans le cloître", plaisante-t-il.
La plus belle vue
Outre son bureau qui lui offre une vue exceptionnelle sur l'esplanade, c'est dans les tours de l'église Saint-Etienne ou depuis les combles de l'hôtel de ville que la vue sur Caen est la plus belle. "Je n'y suis jamais allé !", sourit Joël Bruneau.
Les marches, toujours deux par deux
Le maire de Caen n'a pas vraiment de routine. Si ce n'est que chaque matin, un peu superstitieux sur les bords, il monte les marches de l'escalier d'honneur deux par deux, "sauf quand j'ai mal au genou !, sourit-il. Il y a très peu d'espace entre chaque marche. Si je les prends une par une, c'est long !". Maire pressé donc, si bien qu'il est incapable de dire combien de marches il gravit chaque jour.
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