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[Reportage] Rouen. S'imposer en tant que femme dans des milieux d'homme

Economie. Les inégalités entre les femmes et les hommes persistent en Normandie. C'est notamment visible dans le secteur du travail.

[Reportage] Rouen. S'imposer en tant que femme dans des milieux d'homme
Lisa Poli est la capitaine du club de rugby féminin Les Valkyries de Rouen. Encadrante sportive, elle dirige également des équipes féminines et masculines de rugby. - Les Valkyries

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, est l'occasion de revenir sur les disparités hommes femmes, notamment dans le milieu professionnel. Écart salarial, choix de secteurs d'activité ou de formation, les différences sont encore notables. Dans l'entrepreneuriat par exemple, "seulement 39 % des créations d'entreprises en France sont réalisées par des femmes, indique l'Association Adie, qui conseille et accompagne les entrepreneurs. Elles représentent, en 2022, 37 % des entrepreneurs que l'Adie accompagne en Normandie". Selon une étude réalisée par l'association, pour un peu plus de la moitié des femmes, le premier frein à la création d'entreprise est l'accès au financement.

"Les montants qui leur sont prêtés sont inférieurs de 33 %"

Lorsque les femmes sollicitent l'Adie, "elles présentent des plans de financement plus modestes, et les montants qui leur sont prêtés sont inférieurs de 33 % à ceux accordés aux hommes", révèle Alice Rosado, directrice générale adjointe de l'association, et ce, dans des secteurs similaires. "Ce qui nous étonne tout particulièrement, c'est la fréquence avec laquelle les femmes nous disent avoir été freinées par le manque de soutien de leur entourage", alors que "les motivations des femmes pour entreprendre sont sensiblement les mêmes que celles des hommes". Un autre facteur serait aussi déterminant : la charge familialeEn effet, "pour un quart des femmes qui entreprennent, l'articulation entre les temps personnel et professionnel représente une difficulté majeure". Au-delà de la question de l'entrepreneuriat, la proportion de femmes qui occupent des postes à responsabilités reste encore très inférieure à celle des hommes. Selon une étude de 2022 de l'Insee, en Normandie, seuls 24 % des cadres dirigeants salariés dans le secteur privé sont des femmes. Même remarque chez les élus, avec seulement 21,5 % des maires de Normandie qui sont des femmes. Les disparités salariales continuent, elles aussi, de perdurer. Toujours selon l'Insee, en 2020, en Seine-Maritime, le salaire net horaire moyen des femmes est inférieur de 17,1 % à celui des hommes.

Certains métiers restent très féminisés

A contrario, certains métiers restent très féminisés, notamment dans le domaine du social ou de l'aide à la personne. Idem dans le paramédical : 93,1 % des aides-soignants diplômés et 88,3 % des infirmiers diplômés en Normandie en 2021 sont des femmes, selon une étude réalisée par la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités.

Témoignages

• Suzanne Waymel, 30 ans, cheffe de L'Odas

Originaire des Hauts-de-France, elle s'est pourtant installée à Rouen. En octobre 2022, le guide Gault et Millau lui a attribué le trophée "Jeune talent".

Suzanne Waymel est la cheffe exécutive du restaurant étoilé L'Odas à Rouen.

"C'est marrant parce que, dans le monde professionnel, le métier de cuisinier est souvent attribué aux hommes alors qu'à la maison, c'est plutôt la femme qui cuisine. Je pense que c'est dû à l'ancienne génération, où le travail de cuisinier était pénible. À l'époque, les chefs cuisinaient avec de grosses casseroles en cuivre, donc c'était lourd. Aujourd'hui, on ne s'en sert plus. Le métier a changé, on cuisine de moins en moins d'imposantes pièces de gibier et on n'allume plus le four avec du charbon. Après, c'est vrai que dans ce domaine, la masculinité est toujours un peu dans les mœurs aujourd'hui. Mais il ne faut pas oublier que des femmes cuisinières, il y en a toujours eu, comme la mère Brazier à Lyon. C'est une icône de la femme cuisinière. L'ayant déjà vécu, dans les grandes brigades, c'est un esprit masculin qui règne, mais comme j'ai un côté garçon manqué, je me suis bien intégrée. En cuisine, il faut du tempérament pour ne pas se laisser marcher dessus. Dans mon parcours, je n'ai travaillé qu'avec des grands chefs qui étaient des hommes. J'étais impressionnée, mais surtout par leur travail. Si j'avais travaillé avec la cheffe trois étoiles Anne-Sophie Pic, ça aurait été pareil. Personnellement, en tant que cheffe, je n'ai jamais eu de soucis. Le respect se gagne par le travail. Selon moi, le fait d'être un homme ou une femme ne change rien au talent."

• Lisa Poli est la capitaine des Valkyries

À l'âge de 26 ans, la rugbywoman est n°9 au sein de son équipe. Depuis deux ans, elle est encadrante sportive à l'ASRUC à Rouen.

Lisa Poli est la capitaine de l'équipe de rugby féminin Les Valkiries à Rouen. - Peio_photo

"Le rugby, c'est avant tout un sport. Culturellement, on a tendance à l'associer aux hommes parce qu'ils le pratiquent depuis plus longtemps. Je ressens surtout des différences avec ma casquette d'encadrante. Sur le terrain, certains hommes se permettent plus de choses. Moi, je réagis avec de l'humour parce qu'à force, c'est fatigant de se prendre des réflexions. Quand on est dans un bon jour, ça passe, sinon, on monte au créneau. C'est important d'avoir du tempérament en tant que femme, et pas seulement quand on joue au rugby."

• Magalie exerce le métier de policière à Rouen

Pour préserver son anonymat, elle n'a pas montré son visage ni donné son nom. Depuis 2015, elle travaille à l'hôtel de police de Rouen, à la Sûreté départementale.

Magalie est policière à la Sûreté départementale à Rouen. Pour garantir sa sécurité, la photo a été prise de dos.

"Après mon bac littéraire et des études d'art et de langues, j'ai eu envie de faire mon service militaire. Je ne voyais pas pourquoi les femmes n'auraient pas aussi ce devoir envers la nation. J'ai toujours eu un sacré caractère. Ensuite, je suis rentrée dans la police, j'ai été CRS puis j'ai commencé les patrouilles pédestres gare de l'Est à Paris. Dans mon parcours, je n'ai pas remarqué de différences parce que j'étais une femme, mais lors des interpellations, il est arrivé que certains hommes refusent de parler à des policières."

• Calice Le Fevre est lead développeuse chez Ftel

Après une prépa à Polytech'Paris-UPMC, elle se dirige vers l'informatique. Et dans ce milieu scientifique, elle fait partie des rares étudiantes femmes.

Calice Le Fevre, développeuse web au sein de l'entreprise Ftel à Rouen. - Ftel

"En dernière année, pendant mes études, on était 35 et en tout, on était six filles. J'ai toujours eu l'habitude d'être dans un monde masculin. Au lycée, j'ai pris comme option science de l'ingénieur, donc il y avait beaucoup plus d'hommes. Aujourd'hui, je suis développeuse alors ça reste un métier plutôt masculin même si ça change doucement. En alternance dans une autre entreprise que Ftel, j'étais la première femme développeuse, mais je ne vois pas de différence. On est vraiment là pour nos capacités et non pas pour notre genre."

• Noémie Ossart, 38 ans, conductrice de bus

Cela fait 17 ans qu'elle exerce ce métier et 15 ans qu'elle travaille à Rouen. Au sein du Réseau Astuce, elle conduit à la fois des bus et des métros.

Noémie Ossart est conductrice de bus et de métros à Rouen au Réseau Astuce. - Caroline Bazin

"C'est un métier qui est adapté à tous, il n'y a pas besoin d'avoir une force particulière. Quand je conduis un bus, ça arrive parfois que des usagers montent et me disent 'Bonjour Monsieur' parce qu'en fait, ils ne nous regardent pas spécialement. Dans l'esprit collectif, c'est forcément un homme qui conduit un bus ou un métro donc, quand ils s'en aperçoivent, ça crée des situations un peu comiques. J'ai aussi eu droit à d'autres réactions, certains passagers m'ont déjà félicitée de faire ce métier parce que, justement, j'étais une femme."

Le Réseau Astuce met l'accent sur un recrutement plus féminin

En 2022, le Réseau Astuce de Rouen a organisé un forum de recrutement avec l'objectif de montrer aux femmes que le métier de conducteur de bus ou de métro est accessible à toutes et tous.

"Casser les idées reçues"

"Casser les idées reçues", c'est l'objectif du Réseau Astuce de Rouen. Dans un communiqué paru en septembre 2022, Gwenaëlle Mebarki, directrice des ressources humaines chez Transdev Rouen, l'a affirmé. "Nous nous sommes fixé comme objectif d'atteindre 20 % de femmes à la conduite (elles représentent actuellement 15 %) mais ce n'est pas évident." En effet, les a priori persistent encore.

Qu'est-ce qui bloque ?

"Souvent par appréhension du gabarit, du véhicule et de la conduite, ou simplement parce que le métier n'est pas envisagé par les femmes car très stéréotypé masculin, nous ne recevons pas beaucoup de candidatures féminines", poursuit-elle. Aujourd'hui, l'emploi de conducteur de bus est la plupart du temps associé aux hommes, même si de plus en plus de femmes se dirigent vers ce métier.

Mettre l'accent sur les femmes

À l'occasion de la deuxième édition de son forum de recrutement du 14 octobre 2022, Transdev Rouen a fait découvrir le métier de conducteur aux intéressés. Et cette fois-ci, elle a accordé une attention particulière aux femmes, car "sous-représentées dans la profession". Dans son communiqué, l'entreprise rappelle que "la conduite est un métier qui recrute" et ce, peu importe le genre.

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