Des pousses de colza génétiquement modifié, dont la culture est interdite en Europe, ont été découvertes début 2022 dans la nature autour du port de Rouen, révélant des défaillances dans la surveillance de ces graines légalement importées et transformées en France.
Saipol impliqué
Les plants, qui ont depuis été détruits mais peuvent repousser, ont été repérés en bord de route sur plusieurs kilomètres, précise dans un avis publié vendredi 20 janvier l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation Anses. Les investigations ont relié la dissémination des colzas OGM à l'activité d'une usine Saipol, filiale du numéro un français des huiles Avril, basée dans la zone industrialo-portuaire de Rouen.
Cette usine importe du colza OGM depuis 2016, principalement en provenance du Canada où cette culture est autorisée. L'alerte remonte à la fin février 2022, quand l'association Inf'OGM, critique de ces cultures, a découvert des plants de colza en bord de route et décidé de les faire analyser. L'association a ainsi alerté le ministère de l'Agriculture qui a fait ses propres prélèvements en avril, et a demandé la destruction des plants en mai avant de saisir l'Anses pour évaluer les mesures à prendre et formuler des recommandations.
Des graines tombées depuis des camions bennes
Des graines sont sans doute tombées de camions bennes en chemin vers l'usine. Les graines à huile arrivent par bateau et sont déchargées au niveau de deux terminaux portuaires d'où elles sont transportées soit par un système de convoyage, soit par camion-benne jusqu'aux silos de stockage adjacents à l'usine Saipol, qui appartiennent à l'entreprise Sénalia. Selon l'Anses, "les procédures mises en place par l'usine Saipol et visant à limiter la dissémination des graines lors du transport sont insuffisantes ou incorrectement mises en place".
Surveillance renforcée
Constatant des "lacunes" dans le dispositif actuel, l'Anses recommande de renforcer la surveillance des zones à risque en termes de dissémination de graines transgéniques (ports, usines, lignes ferroviaires, voies fluviales et routes).
La culture des colzas génétiquement modifiés est interdite en Europe, mais ils peuvent être importés pour être transformés et utilisés sur place. On les retrouve dans certaines huiles alimentaires, la nourriture du bétail ou encore sous forme d'agrocarburants. L'Anses estime que les gènes modifiés peuvent s'hybrider avec les cultures locales, notamment par dispersion du pollen. Mais dans le cas repéré en Normandie, cela "ne pourrait aboutir qu'à un taux de contamination extrêmement faible", s'agissant de "plants diffus sur de très petites surfaces", et non de champs de colza OGM.
De son côté, l'entreprise Saipol a précisé qu'elle s'efforçait de s'assurer de l'étanchéité des camions bâchés, notamment par des vérifications régulières des joints des portes.
Avec AFP
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