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[Enquête] Caen. Quand les commerçants se mettent au vert…

Commerce. Mettre en place des gestes éco-responsables au sein des entreprises demande une grande sensibilisation. Pour certains commerçants de Caen, le zéro déchet a été une évidence. Ils en ont même fait leur cœur de métier.

[Enquête] Caen. Quand les commerçants se mettent au vert…
A la Maison du vrac, les emballages sont bannis pour éviter toute forme de déchet inutile.

C'est dans l'air du temps. Qui n'entend pas parler d'écologie au moins une fois par jour ? "Il y a un changement dans les mentalités, admet Christophe Doré, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat. Les chefs d'entreprise s'adaptent au marché." La prise en compte de l'environnement fait partie intégrante du quotidien de tous, y compris des professionnels. À Caen, certains commerçants n'ont pas attendu que les écolos crient au secours pour faire bouger les choses. Mathilde Pinson, par exemple, a été la première à lancer une épicerie de vrac à Caen. En 2017, elle ouvre La maison du vrac, rue Gémare. "Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain, admet-elle. J'ai été sensibilisée dès petite à l'élimination des déchets. Il y a beaucoup trop de suremballages. On ne peut pas continuer comme ça." Farine, épices, pâtes en vrac, produits frais, fruits et légumes en circuit court… Sa boutique naît d'une conviction personnelle.

"Le zéro déchet doit devenir la norme"

À 500 mètres, Jean Belhache est aussi convaincu par cette démarche. Il a ouvert une boutique d'accessoires réutilisables avec 150 références. En 2021, Alternativi n'existait qu'en ligne, mais un magasin place Saint-Martin a ouvert ses portes il y a six mois. "Arriver au zéro déchet est difficile, mais notre mission, c'est de proposer des alternatives pour les limiter, explique le chef d'entreprise. Le zéro déchet doit devenir la norme." Selon lui, il ne s'agit pas d'un effet de mode. L'avenir de la planète pour les générations futures l'inquiète profondément. "Pour des raisons sanitaires, je ne pense pas qu'on puisse supprimer tous les emballages, mais il faut les repenser. On peut faire des emballages compostables", dit-il, lucide, en attendant de nouvelles règles de la part de l'État. "Il ne faut pas faire ça pour la mode ou l'argent", rétorque Mathilde Pinson. Très souvent, ce qui rebute les professionnels à agir pour la planète, c'est l'organisation. "C'est plus de logistique et de manutention. On reçoit des sacs de 25 kg qu'il faut porter. Il faut remplir chaque silo plusieurs fois par jour. Pour des gros magasins, c'est trop de contraintes, indique Mathilde Pinson. C'est une gymnastique que l'on acquière vite." Pour aller au bout de la démarche, 80 % de ses produits viennent de la région. Côté contenants, le vrac est livré dans des sacs en kraft réutilisables, puis compostables. En revanche, les produits liquides sont reçus dans des bidons en plastique. "Il y a certains produits pour lesquels on n'a pas le choix. Mais on les renvoie au fournisseur." Au milieu de ses cotons réutilisables et de ses bouteilles en inox, Jean Belhache fait aussi le choix d'une démarche éco-responsable pour la livraison. Ses emballages en carton sont compostables. Pour protéger les objets, il utilise des billes en fécule de maïs biodégradables "moins protectrices que du papier à bulle".

Dans les produits qu'il livre, Alternativi remplace le papier bulle par des billes en fécule de maïs biodégradables.

En revanche, la vente de certains produits pose questions. Bien que 90 % des produits soient français, d'autres viennent du Canada, d'Australie ou d'Inde. "Si on vend un produit à 20 € alors qu'on peut le trouver à 2 € dans le commerce, on ne peut pas être compétitifs."

"Les principaux freins, c'est le manque de temps et le coût des équipements"

Caen. "Les principaux freins, c'est le manque de temps et le coût des équipements"
Julien Aubert-Dozeville, conseiller d'entreprises à la CCI Caen-Normandie. - CCI Caen Normandie

Agir pour l'environnement devient un sujet du quotidien chez les commerçants. Comment la CCI-Normandie accompagne-t-elle les commerces caennais ? Interview avec Julien Aubert-Dozeville, en charge du développement durable.

Julien Aubert-Dozeville est chargé du développement durable auprès des entreprises caennaises.

Depuis combien de temps
le développement durable est-il
pris en compte chez les commerçants ?

Avant, le sujet Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) concernait surtout les industries. Depuis 2010, on en parle de plus en plus aux PME, aux entreprises du secteur du tourisme et aux commerçants. La CCI et la Ville de Caen ont lancé une action de 2011 à 2015. Plus d'une centaine s'était engagées dans une démarche écocitoyenne.

Comment les accompagnez-vous ?

Via un quiz en ligne, des diagnostics sur place et des formations en groupe. Il y a deux sessions par an. On les aide à trouver des financements pour avoir des équipements moins énergivores par exemple (vitrines, matériel de cuisson, etc.), on les conseille dans la gestion des déchets et la réduction des emballages. Évidemment, on ne peut pas tous les suivre.

Les commerçants sont-ils
de plus en plus demandeurs ?

Oui car ils veulent répondre à la demande du client. On a des appels tous les jours sur les sujets environnementaux. 50 % du temps, cela part d'une volonté du chef d'entreprise. La nouvelle génération est aussi plus sensible à une démarche écologique. Il ne faut pas négliger aussi qu'aujourd'hui, il y a une réglementation très stricte en France. Les principaux freins pour les commerçants, c'est le manque de temps et le coût des équipements.

"Une logistique pas si difficile à mettre en place"

Caen. "Une logistique pas si difficile à mettre en place"

Faire un petit geste pour l'environnement ne coûte souvent pas grand-chose. Il suffit d'en être convaincu. Exemples de commerçants caennais qui mettent en place quelques actions.

Selon un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la France est l'un des pays européens les plus menacés par le changement climatique. Prendre en compte les enjeux environnementaux dans leurs activités devient primordial pour les entreprises. À Caen et dans l'agglomération, certains commerçants avancent à tâtons, mais ont des idées. Si le restaurant Pas de Fraise à Noël valorise déjà le circuit court dans le choix de ses produits pour limiter l'impact du transport, Caroline Loisy, la gérante, ne néglige rien. En plus du compost, qu'elle redonnera à l'un de ses fournisseurs une fois arrivé à maturation, elle éteint les lumières du restaurant après chaque service. "Je fais le gendarme là-dessus, sourit-elle. Dans ma cuisine, j'optimise. Par exemple, quand j'ai plusieurs préparations chaudes, elles sont toutes prêtes avant de les cuire. Ça évite d'éteindre et de rallumer le four. Ça se fait tout seul. C'est une logistique pas si difficile à mettre en place." En plus, elle réduit aussi sa facture d'électricité.

Optimiser l'énergie

Les trois boutiques d'optique Atol à Caen, Hérouville et Rots souhaiteraient en faire de même. Déjà sensibilisée par la question environnementale, Catherine Oriot, la responsable, passe à l'acte. L'une de ses salariées va suivre une formation à la CCI-Caen Normandie à partir du mois d'octobre sur la démarche Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). "Ma collaboratrice est très impliquée et voulait aller plus loin", explique-t-elle. Elle n'a pas hésité une seule seconde, au point de devoir embaucher une personne en alternance pour la remplacer sur les jours de formation jusqu'au mois de mars. L'idée : trouver des solutions pour réduire l'impact carbone. "On recycle déjà les lunettes usagées des clients pour les envoyer en Afrique. On récupère aussi les cartons d'emballage. Il faut que l'on avance sur les économies d'eau et les dépenses d'énergie." Réfléchir à la position des lumières pour en mettre moins fait partie des pistes. Tout comme passer la totalité de l'éclairage en LED. "C'est du bon sens, mais il y a quelques années, ce n'était pas si évident que ça", glisse celle qui a décidé depuis quelques années d'éteindre les enseignes lumineuses pendant la nuit.

Dans une société où l'écologie devient de plus en plus présente dans les discussions, les grandes enseignes s'y mettent aussi. Dans le centre-ville de Caen, proche du théâtre, Monoprix a déployé un espace de seconde main. Un de ses voisins du textile en a fait de même. Depuis avril 2022, Kiabi, au centre commercial Mondeville 2, récupère des vêtements usagés multi-marques dans un espace de 60 m2. "Pour les vêtements ayant un défaut, ils partent en recyclage", explique Mikaëla Mellerin, directrice du magasin. Pour l'heure, la part de la seconde main dans le chiffre d'affaires de la boutique n'est pas très représentative (1 %), mais la responsable est convaincue du bienfait de ce service. "Il faut continuer à le développer. Tout le monde s'y met. Kiabi a aussi voulu se démarquer", admet-elle. Que ce soit intéressé ou non, le mettre en place mérite d'être souligné. "On vit ces petits gestes comme une contrainte si on n'est pas séduit. C'est une autre organisation tout simplement", conclut Caroline Loisy.

Des produits naturels dans les cheveux

Caen. Des produits naturels dans les cheveux
Aurélie Hélaine, gérante du salon de coiffure végétal Kokliko, rue des Croisiers. Pour les couleurs, elle utilise uniquement des produits naturels.

Plus d'une dizaine de coiffeurs utilisent des produits végétaux pour les colorations. Focus avec Aurélie Hélaine, gérante du salon Kokliko, très sensibilisée par les gestes éco-responsables.

Parmi les commerçants engagés pour protéger la planète, il y a les coiffeurs. À Caen, quatre salons de coiffure spécialisés en coloration végétale se partagent la clientèle, auxquels s'ajoutent les salons de coiffure hybrides. Aurélie Hélaine, gérante de Kokliko s'est installée il y a quinze ans. "Quand je passais les commandes, je me rendais compte des ingrédients qu'il y avait dans les colorations. J'ai cherché quelque chose de plus naturel." C'est après cinq ans de pratique qu'elle s'est mise à utiliser uniquement des produits végétaux.

Des cheveux triés et recyclés

La clientèle répondait aussi présent. "C'est mieux pour la santé des clients et pour nous, au quotidien. Beaucoup de professionnels arrêtent à cause des produits chimiques." Cela nécessite aussi une formation. Et pour l'heure, il en existe peu. "On lance un diplôme en janvier 2023, dans lequel on intègre un apprentissage des techniques végétales, rassure Christophe Doré, président de l'Union nationale des entreprises de coiffure. Il faut ouvrir les jeunes à toutes les pratiques, même si pour l'instant, c'est un marché qui reste limité." Penser vert ne se limite pas qu'aux produits capillaires. Dans son salon, Aurélie Hélaine prête attention à sa consommation d'eau. "On propose l'alternative de la coupe sur cheveux secs." Les cheveux coupés, qui représentent plus de 50 % des déchets de salons de coiffure, sont aussi ramassés pour être triés et recyclés.

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