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[Enquête] Caen. Collage d'affiches : derniers jours stratégiques

Election. A l'approche du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 10 avril, les militants de tous les partis politiques se mobilisent. Chaque soir, ils vont coller des affiches de leur candidat. Qui sont-ils ? Nous sommes allés à leur rencontre.

[Enquête] Caen. Collage d'affiches : derniers jours stratégiques
A quelques jours du premier tour de l'élection, les militants redoublent d'efforts pour afficher leur soutien à leur candidat respectif.

Il est 20 heures ce dimanche 3 avril. Une petite équipe d'une dizaine de jeunes âgés de 19 à 35 ans se retrouvent sur un parking à proximité du Campus 1 de l'Université de Caen. Tous sont militants et font parti des Jeunes avec Macron (JAM). Certains portent fièrement les tee-shirts obtenus la veille, lors du meeting du candidat qu'ils soutiennent en vue de l'élection présidentielle.

"A quelques jours du premier tour, on redouble d'efforts. On colle le plus possible d'affiches", sourit Florian Mette, responsable des JAM. Le petit groupe avance dans l'enceinte de la faculté, seaux de colle et affiches dans les mains. Sur les premiers panneaux d'affichage, on peut voir la candidate du Parti socialiste Anne Hidalgo mais aussi l'affiche d'un futur concert de Gims.

Pour Xavier Bouquerel, 29 ans, c'est une grande première. Alors, il a droit à quelques conseils de la part des plus expérimentés pour adopter la meilleure technique de collage. "Il faut d'abord que tu mettes de la colle en dessous, tu poses ensuite l'affiche et tu repasses de la colle au niveau des jonctions pour éviter que les gens puissent décrocher facilement. Si tu appliques trop de colle sur l'ensemble de l'affiche, d'autres personnes peuvent en profiter pour venir y fixer la leur", lui montre le responsable. Tous mettent la main à la pâte, dans la bonne humeur. Une petite enceinte posée à côté diffuse Closer du groupe Lemaitre, la musique de campagne d'Emmanuel Macron en 2017. "Le visuel de nos collages est très important. On essaie de faire quelque chose de visuellement impactant. On le poste aussi nos réseaux sociaux, mais pas le soir même pour éviter que d'autres partis ne viennent coller par dessus", poursuit Florian Mette. 

Coller des affiches : une vraie stratégie 

Certains militants sont venus de la Manche pour coller ce soir-là. "On essaie de faire du collage écolo. En tout pour le département, on a un budget d'une centaine d'euros pour ce qui est de l'achat de colle, cutters ou pinceaux", détaille Mathilde Lair de Gourmont, 30 ans, correspondante de campagne dans la Manche. Les affiches sont recyclables et les seaux sont conservés pour refaire de la colle maison à partir d'amidon de riz. "On recycle beaucoup et on distribue des kits de collage écolos aux militants", poursuit la jeune femme. Le collage rime avec écologie mais aussi avec stratégie. Depuis quelques jours, une application a vu le jour pour connaître les lieux dans lesquels les affiches posées ont été décollées. "Pour le moment, seuls les référents y ont accès. L'idée, c'est que des guetteurs nous informent dès qu'un autre parti a recouvert ce que nous venions de coller", précise la trentenaire.

A quelques jours du premier scrutin, c'est la valse des affiches sur les panneaux d'affichage de l'université. "C'est le grand jeu de chaque campagne", s'amuse le responsable des JAM du Calvados. Le froid n'aura pas arrêté la petite équipe qui termine près d'une heure et demie plus tard. Près d'une quarantaine d'affiches ont pu être déposées sur tous les panneaux d'affichage libres de l'université. Tous repartent ensemble pour partager un moment convivial entre militants. 

A la rencontre des colleurs d'affiches caennais 

Témoignages. A la rencontre des colleurs d'affiches caennais 

Ils ont entre 19 et 70 ans et s'engagent pour des partis politiques. Avant chaque élection, ils tractent, font du porte-à-porte mais collent également des affiches. Qui sont-ils ?

• Patrick Beloncle, 70 ans, délégué du Rassemblement national sur la quatrième circonscription du Calvados

"Je colle des affiches depuis des dizaines d'années. Je suis rentré en politique à l'âge de 20 ans. Une société externe procède à l'affichage des panneaux officiels principalement dans les grandes villes. Moi, je contrôle et j'en ajoute là où ce n'est pas fait. Il faut avoir la forme et être passionné pour le faire. Parfois, je colle pendant neuf heures consécutives. Maintenant, je suis organisé. Je placarde une affiche en seulement dix secondes."

• Nathan Lecoeur, 19 ans, soutien de Jean-Luc Mélenchon 

"J'ai rejoint le parti il y a trois mois et je fais du collage depuis seulement quelques jours. Au début, j'appréhendais un peu. Maintenant, j'y vais avec des amies pas forcément membres de partis politiques pour le faire avec moi. Elles sont contentes de m'accompagner et de rencontrer d'autres personnes. Lorsque je colle, certains passants s'arrêtent et me posent des questions. Ça ouvre le dialogue."

• Camille Bernard, 29 ans, militante au Nouveau Parti Anticapitaliste 

"Je suis engagée depuis 2017. Un organisme se charge de coller sur les panneaux officiels. On n'apparait pas énormément à la télévision, alors les affiches apparaissent comme un supplément pour que nos idées soient visibles dans l'espace public. On essaie de viser des quartiers populaires où nos idées peuvent mieux passer et où les autres partis ne vont pas. On peut dire pas mal de choses à travers une affiche."

• Romain Palazzini, 29 ans, secrétaire fédéral du Parti socialiste en charge des actions militantes du Calvados

"Je suis en politique depuis trois ans. Lorsqu'on colle, on essaie de penser stratégie et de s'organiser. En fonction du lieu, on y va à des heures différentes. On peut s'y rendre parfois à 4 h 30 du matin, notamment à l'université de Caen, pour éviter que nos affiches soient décollées. Par exemple, à la Pierre Heuzé, c'est plutôt le soir pour rencontrer des personnes et échanger avec elles."

• Thibault Le Gal, 28 ans, coordinateur départemental de Génération.s, soutien de Yannick Jadot

"Je colle depuis 2014. C'est une tradition liée à toutes les campagnes électorales. Le plus représentatif, c'est la fin de la campagne. Entre les différents partis, on essaie de coller beaucoup plus pour tenir l'espace d'affichage un peu partout. Ça nous arrive très souvent de se retrouver à coller en même temps que d'autres équipes. Nos affiches sont très vite recouvertes. Il y a de la concurrence. Ça fait partie du jeu."

• Tristan Dubost, 21 ans, responsable des Jeunes Républicains du Calvados

"La toute première fois qu'on colle une affiche, on appréhende un peu parce qu'on est accompagnés de militants avec plus d'expérience. On se demande si on ne va pas se mettre de la colle partout, comment on fait... Si on n'arrive pas à coller la première, on peut subir quelques gentilles railleries. C'est, en quelque sorte, un petit baptême du militantisme. Ces affiches servent aussi à rappeler qu'il y a un scrutin et qu'il est important d'aller voter.

"Aller coller des affiches fédère et crée des équipes de militants" 

Caen. "Aller coller des affiches fédère et crée des équipes de militants" 
Frédéric Dosquet, professeur et spécialiste en marketing et communication politique.  

À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, les citoyens s'intéressent-ils toujours aux affiches officielles ? Frédéric Dosquet, auteur du livre "Marketing et communication de la politique", édité aux éditions caennaises EMS, nous livre son analyse. 

Les électeurs regardent-ils encore
les affiches officielles ?

L'importance des affiches s'est amoindrie au fil des années, surtout à l'heure des réseaux sociaux. Le jour du scrutin, le pourcentage du nombre de personnes indécises est très faible, je ne pense pas que ce soit l'affiche qui change leur opinion. 

Ont-elles encore un intérêt ?

Oui, institutionnel. Ça permet d'être vu dans des lieux stratégiques et de sacraliser la journée du vote. Il y a un débat qui est sous-jacent en France qui est le vote électronique. Mais le dimanche du vote, surtout pour des élections présidentielles, reste sacré.
L'affiche fait partie du décorum de ce jour sacré de l'élection. Ça fait partie d'une tradition, d'un rite qui fait que ce jour n'est pas un jour comme les autres. Il unit et fédère la nation.

Est-ce devenu une tradition de coller
des affiches au sein des partis ? 

Je pense que les affiches sont devenues des outils de communication interne pour les différents partis politiques. Aller coller ces affiches fédère et crée des équipes de militants qui montrent à travers leurs actions qu'ils sont dévoués et impliqués au sein d'une organisation partisane. Coller des affiches, ça reste une tradition. Avant, on assistait à des scènes de conflits ouverts entre les partis. Ça montre le dynamisme et la vie à l'intérieur de l'organisation partisane. 

Frédéric Dosquet est l'auteur du livre "Marketing et communication politique", publié aux éditions EMS à Caen.

Quelle réglementation pour les panneaux d'affichage ? 

Caen. Quelle réglementation pour les panneaux d'affichage ? 
Depuis quelques jours, les panneaux officiels ont été installés par les agents municipaux dans les rues de Caen.

Ce dimanche 10 avril, a lieu le premier tour de l'élection présidentielle. Comme à chaque scrutin, les panneaux sont installés devant les lieux de vote. Mais quelle est la réglementation ?

À quelques jours du premier scrutin de l'élection présidentielle, les panneaux d'affichage officiels ont été sortis du local par les agents techniques de la mairie, grattés, remis à neuf, puis installés à proximité des 24 lieux de vote établis par la municipalité. "Il y a des emplacements obligatoires et parfois des emplacements facultatifs. C'est au maire que revient cette décision. À Caen, il n'y en aura pas de facultatif. On prévient les partis bien en amont pour qu'ils puissent anticiper le nombre d'affiches à prévoir", explique Lydie Bizouarne, directrice de la vie civile et citoyenne à la Ville de Caen. Selon l'article 17, décret n°8 en date du 8 mars 2001, seules deux affiches, une grande mesurant 594 par 841 millimètres et une petite de 297 par 420 millimètres sont autorisées sur ces panneaux.

La municipalité se charge également de faire savoir à la préfecture si certains candidats n'ont pas placardé leur affiche de campagne. "Les affiches ne sont pas collées dans le désordre. Il y a un tirage au sort national et l'État indique le nombre attribué au candidat. Cette année, il y en a donc 12", poursuit-elle. Lors du second scrutin, les deux candidats élus au premier tour conservent le numéro qui leur a été conféré lors de ce tirage national. Un ordre également respecté pour la présentation des bulletins dans les bureaux de vote. Une organisation qui ne demande pas de budget supplémentaire à la Ville, puisque l'entretien de ces panneaux est compté dans le temps de travail des agents municipaux.

Présidentielle : comment les Caennais ont-ils voté en 2017 ?

Politique. Présidentielle : comment les Caennais ont-ils voté en 2017 ?
En 2017, 76,13 % des Caennais s'étaient rendus aux urnes pour l'élection présidentielle. 

Dimanche 10 avril, les Caennais vont se rendre aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle. Comment avaient-ils voté en 2017 ? Réponse.

Cinq ans après l'élection d'Emmanuel Macron avec 66,1 % des voix, il est temps de retourner aux urnes, ce dimanche 10 avril, pour le premier tour de l'élection présidentielle. Comment les Caennais avaient-ils voté en 2017 ? Lors du premier tour, la liste du candidat LREM était arrivée en tête avec 29,55 % des suffrages, devant le candidat des Insoumis Jean-Luc Mélenchon (23,11 %) et le Républicain François Fillon (20,61 %).

La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen était arrivée en quatrième position avec 10,33 % des suffrages exprimés. Au second tour, Emmanuel Macron avait récolté un peu plus de 82 % des votes, contre presque 18 % pour Marine Le Pen. En 2017, le taux de participation des Caennais était de 76,13 % au second tour.

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