Il aime faire le pitre avec ses vieilles autos et ses anciennes motos, adore faire parler de lui et se mettre en scène, mais pour une fois, il s'en serait bien passé. Voilà que le vrai-faux garage transformé pour partie en musée par Luc Le Gleuher, sur les bords de l'ancienneNationale 13 aux portes d'Isigny-sur-Mer, est devenu une étrange scène du Cluedo de l'auto !
On pourrait appeler cela le "mystère de la Fuego grise". Ce n'est pas celui de la chambre jaune, mais ça y ressemble un peu. Le maître des lieux, ancien agent de l'équipement, depuis peu à la retraite, s'est réveillé l'autre matin avec un sacré coup de bambou sur la tête. Ce sont les gendarmes qui ont toqué à sa porte pour lui dire que l'une de ses voitures de collection stationnée devant chez lui avait été volée dans la nuit puis retrouvée calcinée au petit matin, à trois cents mètres de sa maison.
Cette voiture brûlée par un mystérieux pyromane n'est pas n'importe laquelle. C'est un modèle de Fuego dont l'ancien propriétaire avait fait don au musée.
La voiture du papy offerte en héritage
Le véhicule a une histoire singulière : sa date de mise en circulation par celui qui en fut le premier acquéreur, un concessionnaire Renault du nord de la France, coïncidait jour pour jour avec la naissance de son petit-fils. La voiture resta dès lors dans la famille de père en fils et petit-fils qui, pour l'anecdote, utilisa cette même voiture, l'auto de son papy, pour son mariage et rendre ainsi hommage à son grand-père !
Ce type de voiture n'a jamais connu le succès escompté par son constructeur. Il en a été fabriqué 600 000 exemplaires en tout entre 1979 et 1983. À l'époque de son lancement commercial, la presse spécialisée s'était d'ailleurs moquée ouvertement de ce "veau à quatre roues" considéré comme moins que rien avec, dit Luc Le Gleuher, lui-même, "son mauvais moteur de mobylette, un moteur de 65 chevaux, pas assez puissant".
"Par ici, les gens peuvent être jaloux
de ce que je fais"
Luc Le Gleuher a donc reçu en "héritage" cette voiture pour la conserver et la bichonner. Ce modèle n'est pas le seul dont il fait collection et qu'il présente autour de sa maison. Le lieu baptisé un peu pompeusement "musée de la Nationale 13" est un bric-à-brac entièrement consacré aux autos et motos des années 70, une époque vintage dont le propriétaire du vrai-faux garage est un passionné. Il y en a partout : des vieilles autos, des épaves, du matériel, des mobylettes, des plaques émail… regroupés autour d'un bistrot d'époque.
Connu comme le loup blanc par les fans des voitures de collection dites "populaires", il participe régulièrement à des rassemblements de vieilles autos, en organise lui-même. Il avait notamment initié devant chez lui la réplique d'un bouchon automobile reconstituant, avec des voitures d'époque, 4L, 2CV, Renault 16 et autres caravanes, les embouteillages d'antan à l'époque de la Nationale 13, d'avant l'autoroute.
Quand sur la page Facebook de son "musée", Luc Le Gleuher a annoncé ce qui venait de lui arriver, la nouvelle s'est répandue comme une trainée de poudre, avec des commentaires enflammés sur la toile. Qui a mis le feu à la Fuego au nom prédestiné ("le feu" en espagnol) et pourquoi ? Serait-ce par jalousie ? Luc Le Gleuher a été le premier à le penser : "Ce que je fais, c'est vrai, ne plaît pas à tout le monde, les gens par ici peuvent être jaloux."
C'est de notoriété publique dans cette petite commune : l'homme un peu "grande gueule" n'entretient pas toujours les meilleures relations du monde avec ses voisins. Est-ce une raison pour mettre le feu à ses voitures ?
Les gendarmes se sont mis sur la piste : aux dernières nouvelles, c'est un habitant du coin, "bien connu des services" qui, sous l'empire de l'alcool, aurait fait le coup.
La Fuego n'a pas fait long feu…
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