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[Enquête] Rouen. Vers une mode plus écoresponsable ?

Consommation. À Rouen, boutiques, créateurs, plateformes se créent et se fédèrent pour proposer dans l'habillement une consommation plus respectueuse de l'environnement et plus humaniste. C'est aussi une demande des consommateurs.

[Enquête] Rouen. Vers une mode plus écoresponsable ?
Dans sa boutique, Valentin Jules, qui ne proposait que du made in France, va élargir sa gamme à des produits étrangers mais écoresponsables.

C'est incontestable. La mode durable, ou écoresponsable, est une vraie tendance. L'offre se développe et le consommateur est demandeur. Selon un sondage Ipsos de 2019, Les Français et la mode durable, près de deux consommateurs sur trois affirment que l'engagement des marques en matière de développement durable constitue un critère de choix important au moment de leurs achats. Cela reste cependant moins important que dans l'alimentation par exemple. Près d'un quart des consommateurs ne sait d'ailleurs pas en quoi consiste le développement durable dans la mode. Et pour cause. Le concept recouvre des dimensions très variées, comme l'origine des matières premières, la traçabilité de la fabrication, le traitement des employés, etc. Difficile donc de s'y retrouver. Pour un tiers des Français, le vêtement durable est lié au made in France. À Rouen, Valentin Jules l'a bien senti quand il a ouvert, en août 2020, sa boutique Le Local, rue Massacre, en proposant uniquement des vêtements made in France. "Ici, tout ce que je propose est fabriqué en France, coupé et assemblé en France", explique-t-il. Seul le tissu, comme le coton par exemple, n'est pas français. Convaincu et militant du made in France à l'ouverture, Valentin Jules voit aujourd'hui les limites du concept : les marques françaises ne se renouvellent pas assez souvent. "Il y a un tee-shirt que je propose depuis l'ouverture. C'est un problème pour les clients fidèles", explique le commerçant, qui regrette aussi un aspect "trop classique" d'une partie des collections.

Plus de transparence

Dès 2022, il va intégrer des produits fabriqués à l'étranger, mais écoresponsables, en privilégiant au maximum des matières bio et des labels qui garantissent le respect notamment des conditions de travail des salariés (lire par ailleurs). Car dans la mode écoresponsable, tout est finalement affaire de curseur et de transparence. C'est le credo de Responsape, une plateforme en ligne lancée au printemps, depuis Rouen, par deux amis d'enfance normands, Florent Thevenet et Camille Thoumas. "On avait envie de démocratiser la mode écoresponsable", explique Camille Thoumas, qui avait repéré le greenwashing "pas toujours hypersincère" de grands groupes. Leur site donne "accès à un dressing écoresponsable", qui rassemble uniquement les marques qui correspondent aux critères qu'ils ont choisi de fixer : la production se fait en France ou en Europe, les fibres sont écoresponsables (lin, coton bio, filières bio ou issues du recyclage ou du surcyclage) et les marques sont toutes françaises. En un clic sur le produit, le consommateur peut voir sa composition, l'origine des matières premières, le lieu de filage, de production, de conception finale, ses labels… En parallèle, le site donne des conseils pour prolonger la vie de ses vêtements ou propose des articles pour sensibiliser aux dangers de la fast fashion et de la surconsommation. "Un proverbe espagnol dit que les vêtements à bas coût finissent par coûter cher", argumente l'entrepreneure pour mettre en avant la durabilité des vêtements.

Les conseils pour acheter plus responsable

Rouen. Les conseils pour acheter plus responsable

Face au manque d'informations et au greenwashing, quelques indicateurs permettent au consommateur de s'y retrouver s'il souhaite réduire son impact environnemental et social lors de ses achats textiles.

Réduire sa consommation

Le vêtement le plus responsable est celui que l'on possède déjà. "Il faut arrêter de surconsommer, affirme Nathalie Chalvet, créatrice de la marque éthique normande Jeanne a dit. Il faut arrêter d'acheter trois chemises parce qu'elles sont à 10 euros ! Ça, c'est destructeur."

Regarder la composition du vêtement

C'est une obligation légale en France : indiquer clairement la composition du vêtement. Dès lors, on peut s'intéresser, comme le fait le site Responsape, "aux fibres écoresponsables", conseille Camille Thoumas : le lin (bio ou non), le coton bio (car le coton conventionnel demande énormément d'eau et de nombreux pesticides), les fibres bio en général et les produits recyclés ou upcyclés, c'est-à-dire qui ont fait l'objet de réutilisation.

Chercher l'origine du vêtement

Si cet affichage n'est pas obligatoire, il est très souvent indiqué sur des étiquettes du vêtement. Attention toutefois aux mentions "imprimés en France" ou même "made in France", facile à obtenir. L'indication "origine France garantie" indique en revanche que le produit est fait dans l'Hexagone pour plus de la moitié de son prix de revient. De manière générale, les produits fabriqués en France ou dans l'Union européenne sont garants de conditions de travail correctes et d'une moindre empreinte carbone liée au transport. Cela n'apporte en revanche aucune garantie sur l'origine des matières premières. La fabrication dans des pays asiatiques (Bangladesh, Chine, Inde) ou en Turquie par exemple doit questionner.

Chercher certains labels

Tous les labels ne se valent pas. Seule une poignée d'entre eux est clairement reconnue par les professionnels de l'écoresponsablité et garantie par des organismes indépendants ou des ONG. "Moi, je regarde la Fair wair foundation, c'est vraiment l'humain", explique Nathalie Chalvet. Cette fondation garantit qu'il n'y a pas eu de travail forcé, de discrimination, de travail des enfants ou encore que les conditions de travail sont décentes et sécurisées. Des usines au Bangladesh, plutôt mal vues sur ces sujets, bénéficient désormais de ce label et garantissent donc que leur main-d'œuvre est bien traitée. Pour l'origine des matières premières, les labels GOTS et Oeko-tex sont plébiscités. GOTS, comme Global organic textile standard, garantit par exemple un procédé de production respectueux de l'environnement et un souci de respect et d'amélioration des conditions de travail. D'autres labels, comme Peta approved Vegan ou Responsible wool standard, apportent des garanties sur le respect et le bien-être animal.

Prolonger la vie du vêtement

Responsape accompagne par des conseils le consommateur pour "garder le vêtement le plus longtemps possible" : cela concerne son entretien mais aussi de bonnes adresses pour des pressings écoresponsables ou des couturiers qui permettent des retouches. "Notre génération ne va plus chez les artisans de proximité, constate Florent Thevenet, cofondateur du site. On a voulu les mettre en avant."

"La fast fashion a tout détruit", affirme Étienne Djelloul de la FNH

Rouen. "La fast fashion a tout détruit", affirme Étienne Djelloul de la FNH
Étienne Djelloul est président de la Fédération nationale de l'habillement pour la Normandie.

Étienne Djelloul est président de la Fédération nationale de l'habillement en Normandie et vice-président de la Fédération nationale. Il livre son regard sur l'écoresponsabilité dans l'habillement.

Avez-vous constaté une hausse de la
demande d'écoresponsabilité par les consommateurs ?

Tout à fait. On a bien senti le virage, notamment après le confinement. On a évidemment réagi par rapport à notre responsabilité sociétale et environnementale, avec le recyclage, la seconde main, qui sont d'actualité dans nos boutiques.

C'est encore compliqué aujourd'hui
d'acheter du made in France…

L'industrie française n'existe plus, même s'il y a une relocalisation. La relation commerciale est aussi compliquée. Pour trouver le fournisseur et le fabriquant, c'est vraiment difficile. Nous sommes 34 000 indépendants en France et si on se met tous à acheter français, l'industrie ne peut pas répondre à nos besoins. Il faut aussi que le consommateur soit prêt. Le made in France est automatiquement plus cher.

Quel regard portez-vous sur la fast fashion ? Faut-il changer nos modes de
consommation ?

Nous, commerçants indépendants, nous sommes plutôt sur la slow fashion : des produits avec des budgets plus importants, que l'on renouvelle moins régulièrement. La fast fashion a tout détruit. Il faut respecter la saisonnalité avec des produits d'hiver en hiver et ceux d'été en été ! Le tout est de retrouver les bonnes pratiques : saisonnalité, slow fashion et consommation raisonnée. Le système est en train de se remettre d'équerre. On voit bien que la consommation auprès des boutiques de proximité se fait plus facilement depuis la crise sanitaire.

La Normandie, première région productrice de lin

Rouen. La Normandie, première région productrice de lin
La zone géographique qui s'étend de Caen à Amsterdam comprend 120 000 hectares de culture de lin, soit 85 % de la production mondiale.

Le lin, qui représente 0,5 % des fibres textiles mondiales, est une spécialité normande. Sa culture est naturellement peu consommatrice en eau et ne nécessite que très peu d'intrants.

La Normandie n'est pas étrangère à l'industrie du textile. Elle est la première région au monde productrice de lin. Sur une zone géographique encore un plus étendue, entre Caen et Amsterdam, ce sont 120 000 hectares de terres qui sont consacrés à sa culture, soit 85 % de la production mondiale. Par nature, la culture du lin, très technique, est aussi plus respectueuse de l'environnement que celle du coton. Elle ne nécessite pas d'irrigation et "très peu d'intrants", explique Terre de lin, la coopérative leader en Seine-Maritime et dans l'Eure.

Les filatures à l'étranger

En revanche, les filatures ont toutes été délocalisées depuis des années. Pour Terre de lin, 70 % de la production part ensuite vers des filatures asiatiques, principalement en Chine, le reste vers des filatures européennes en Pologne et en Lituanie, où la main-d'œuvre est moins coûteuse et le savoir-faire important. Il est tout de même possible depuis peu d'utiliser du lin pour l'industrie textile 100 % made in France. Une filature Emanuel Lang a ouvert ses portes en 2020 en Alsace, dans le Haut-Rhin. Elle permet la production d'environ 300 tonnes de fil par an, à partir du lin fourni par Terre de lin. Une donnée permet tout de même de relativiser la place de cette fibre plus écologique. Le lin ne représente que 0,5 % de l'ensemble des fibres utilisées dans l'industrie textile mondiale, contre environ 30 % pour le coton.

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