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Rouen. Morts dans l'indifférence, ces oubliés qu'elles accompagnent

Sécurité. Ils meurent chez eux ou dans  la rue. Personne ne s'en soucie, sauf l'Association rouennaise pour l'adieu aux morts isolés.

Rouen. Morts dans l'indifférence, ces oubliés qu'elles accompagnent
Marie-Agnès Bigot et Dominique Lasnez, secrétaire et présidente de l'Association rouennaise pour l'adieu aux morts Isolés. Leur association, unique en Normandie, a été créée en 2015. Elle organise les inhumations des personnes isolées dont la mort est survenue dans l'indifférence souvent générale.

C'était il y a quelques jours, trois ou quatre lignes dans le journal, guère plus, un petit entrefilet dans la rubrique "Faits divers" : la découverte, au petit matin, d'une personne morte, allongée sur un banc du square Marcel-Halbout, dans le quartier Croix de Pierre à Rouen. On parle d'une femme, la cinquantaine, sans doute une sans domicile fixe, mais on n'en sait guère plus.

Ce square de la rue Legouy, c'est un lieu que connaissent bien les sans-abri, on l'appelle le "Triangle d'or", parce que situé à proximité tout à la fois du Foyer de l'Abbé-Bazire, de l'hôpital Charles Nicolle et de la "Chaloupe", le centre d'accueil de jour où se retrouvent régulièrement les gens de la rue.

C'est aussi un endroit que connaissent Marie-Agnès Bigot et Dominique Lasnez, toutes deux responsables de l'Association rouennaise pour l'adieu aux morts isolés (ARAMI). Marie-Agnès, la secrétaire de l'association, n'a pas encore pu mettre un nom sur la victime du square Halbout, mais elle cherche. "Cela prendra peut-être plusieurs semaines. il faut attendre les résultats de l'enquête de police." Et quand l'enquête sera bouclée, que la personne décédée aura été identifiée et que les circonstances de sa mort seront établies, ce sont les membres de l'association, dont Marie-Agnès et Dominique, qui se chargeront vraisemblablement de ses funérailles.

Personne ne se soucie d'eux

L'association rouennaise pour l'adieu aux morts isolés a été créée en 2015. À l'origine, deux hommes, Léon Butez et Yves Meyer, tous deux engagés dans l'action sociale auprès des plus démunis. Le premier auprès des gens de la rue, les "clochards" de l'agglomération, le second comme visiteur de prison.

L'ARAMI accompagne ainsi les personnes qui ne sont plus personne aux yeux des autres et dont la mort survient bien souvent dans l'indifférence générale. Des sans-abri dont on retrouve parfois les corps inanimés en pleine rue ou comme dans ce square, ou qui finissent leurs jours à l'hôpital. Ou bien des personnes décédées chez elles, dans leur logement, sans que personne ne s'en soucie vraiment.

Didier, mort sous sa couverture 
en pleine rue avant Noël

Marie-Agnès a cette formule pour dire le rôle que joue l'association en pareil cas. "Nous réparons sans doute quelque part ce que notre société a manqué à l'égard de ces personnes qui ont droit, comme n'importe qui, à la dignité au moment de s'en aller."

Depuis qu'elle a été créée, l'association a accompagné des dizaines de défunts au "Jardin de la mémoire" du cimetière de l'ouest à Rouen. Parmi tous ces "oubliés", Dominique Lasnez garde un souvenir ému de Didier, qu'elle avait l'habitude de croiser lors des tournées de la maraude du Samu social : une nuit de décembre de l'année dernière, quelques jours avant Noël, on l'a retrouvé mort sous sa couverture dans la rue. "Quand on l'a découvert, il n'était pas allongé de la même façon que d'habitude. On a compris qu'il se passait quelque chose d'anormal. En fait, il était mort depuis plusieurs heures."

Dominique se souvient qu'au moment de l'inhumation, pour simplifier les démarches, les autorités voulurent le mettre en terre "sous X" : "On a bataillé pour qu'il ait un enterrement digne de ce nom, avec son prénom et son nom. Chacun a le droit de partir dans la dignité."

L'association s'attache à retrouver et à retracer le parcours de vie du défunt, quel qu'il soit, sans abri ou personne isolée retrouvée morte chez elle.

Dominique a du mal à retenir ses larmes lorsqu'elle en parle. "Je suis quelqu'un de très sensible." Elle-même a été abandonnée à son plus jeune âge, n'a pas d'enfants, mais a une grande famille avec ces "gens de la rue" qui l'appellent "Mamie". "On ne veut pas qu'ils soient mis dans un trou comme cela, sans personne autour d'eux."

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