Le cancer n'était déjà pas étranger de sa vie, puisque Christiane Guichard, habitant à Alençon, a perdu son mari d'un cancer de la moelle épinière alors qu'il avait 33 ans. Aujourd'hui, elle en a 78. C'est dès les premiers jours de janvier dernier que, lors d'une autopalpation, elle a senti une grosseur sur l'un de ses seins : "je recommence à palper plusieurs fois, est-ce que c'est ça ? C'est un assommoir, un vide", se souvient-elle.
Le médecin confirme
Immédiatement, elle consulte son médecin à Alençon en se disant que "peut-être, il va me dire que ce n'est rien du tout". Mais le praticien confirme ses craintes : elle a une tumeur qu'il va falloir retirer. "Là, c'est comme un grand trou noir." Le médecin prend les choses en main et oriente Christiane vers un spécialiste au Mans. "On imagine que ça n'arrive qu'aux autres, c'est inquiétant." L'oncologue l'examine. Une biopsie est pratiquée. Le premier diagnostic est confirmé. Malgré la Covid-19, l'opération chirurgicale arrive très vite, le 13 février. "C'est sous anesthésie, ce n'est pas douloureux." S'ensuit une longue attente d'une vingtaine de jours pour analyser la tumeur. Il faut prendre son mal en patience, car du résultat dépend la suite : chimiothérapie, ou rayons.
"C'est fatigant, c'est la période qui a été la plus difficile pour moi"
Une seconde analyse s'avère nécessaire, vingt nouveaux jours d'attente qui paraissent des siècles. Mais Christiane est chanceuse, la seconde analyse conclut à un cancer bénin. "Ça valait le coup d'attendre", réagit Christiane. "Mais c'est fatigant, c'est la période qui a été la plus difficile pour moi" : d'abord une visite pour régler l'appareil qui ne doit cibler que la zone à traiter avec une certaine dose de rayons, puis viennent les vingt séances, à raison d'une par jour, six jours sur sept. "Vous êtes allongée quelques minutes, on ne ressent rien." À l'issue de ces séances, une visite de contrôle par l'oncologue, un peu de pommade pour atténuer les brûlures laissées par les rayons et la consigne de ne porter que du coton. Et une hormonothérapie pendant cinq à dix ans.
Un long suivi
Mais l'hormonothérapie est contre-indiquée face à l'ostéoporose, et "à mon âge, toutes les femmes en font !", constate Christiane, désormais suivie par un rhumatologue. Mais malgré ces contraintes, "je suis contente, dans la série des cancers, c'est bénin ce que j'ai eu". Ce 14 octobre, Christiane a une nouvelle visite chez le chirurgien qui l'a opérée. "Il y a un suivi qui est enclenché pour cinq ans."
En marge de ce qu'elle vient de subir, Christiane Guichard conseille d'être entouré et de prendre soin de soi.
"J'ai eu la présence et l'assistance de ma fille, elle était là à chaque fois lors des moments les plus critiques", témoigne Christiane. "Mais aussi le soutien de ma famille et de mes amis, présents presque chaque jour pour discuter avec moi. C'est un atout majeur, j'ai eu de la chance, ça aide beaucoup dans le parcours, ça aide à réagir, c'est plus que réconfortant, c'est absolument essentiel." Ce qui l'a le plus surprise ? "La gentillesse, la disponibilité, l'écoute, la bienveillance des équipes soignantes. Quand, à la fin, je les ai remerciés, ils m'ont répondu que c'était normal."
Christiane a découvert la Ligue contre le cancer à Alençon, ainsi que les soins de suite qui sont proposés. "Je savais que ça existait, mais je ne me rendais pas compte de l'importance que ça pouvait avoir pour aider à passer ces moments. Je ne m'imaginais pas que c'était aussi positif." Elle se remémore l'écoute, les massages corporels décontractant, la gymnastique, les cours de sophrologie et de réflexologie plantaire. "C'est pour le bien-être, et tout ça, c'est gratuit pour toute personne atteinte d'un cancer, sans cotisation ni participation, pour nous aider à passer cette épreuve. Ça apporte beaucoup, beaucoup, beaucoup…"
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