La Ville de Caen n'a pas attendu les annonces d'Emmanuel Macron sur les quatre étapes du retour (ou presque) à la vie normale pour déconfiner la culture. Un vaste programme attend les habitants dès ce mois de mai, avec des spectacles de rue organisés aux quatre coins de la ville, de façon impromptue pour éviter les rassemblements. "Je n'ai pas dansé devant des gens depuis le mois de décembre", s'exclame Charlotte Leroy, danseuse de la troupe des Rêveurs New World. À domicile ou en résidence, le temps sans représentations a souvent été long pour les artistes, comme pour la comédienne Elise Esnault. "Se mettre dans un nouveau projet puis s'arrêter et repartir, cette adaptation continuelle, c'était assez fatigant." Mais la comédienne est bien consciente que cette période n'a pas été totalement morose. "Habituellement, je travaille sur des spectacles complets. Là, c'est la première fois que j'ai proposé des impromptus d'une dizaine de minutes." A contrario, Patrick Martin, saxophoniste dans la même troupe, a apprécié, pour d'autres raisons. "C'était un moment de pause. J'ai bossé sur une flûte sur laquelle je n'avais jamais travaillé. Notre métier consiste à épouser la forme du moment."
Pour Patrick Martin, Charlotte Leroy et Elise Esnault, la musique, la danse et la comédie n'ont du sens que devant un public.
"Je sens une espèce de bouillonnement
à l'intérieur de moi, je suis impatiente !"
Cette période inédite, avec la fermeture des lieux culturels engendrée par le confinement, a aussi permis à chaque artiste de découvrir les concerts en vidéo et autres streamings ou de se professionnaliser à l'enregistrement en studio : "La base de notre métier est la création, rétorque Rémy Peray, de la compagnie L'Ecrit du son. Nous n'avons pas été frustrés car on avait peu de rendez-vous prévus cette année." Musicien, danseur, chanteur, comédien… tous ont dû se réinventer pour, un jour, voir le bout du tunnel. Le jour J est arrivé. Les compagnies et troupes de spectacles vivants vont retrouver leur public après plus de six mois sans spectacles. "Je suis impatiente. Tout ce que l'on a créé, il faut que ça se confronte au public, s'empresse Charlotte. Je sens une espèce de bouillonnement à l'intérieur de moi qui me dit : il faut y aller !" Dans les rues, dans les parcs et jardins ou dans les transports, l'envie est la même. Avec Patricia Audo, Rémy Peray va proposer des poésies vagabondes en musique dans les rames de tramway Twisto. "Dans ces poésies, il y a une notion de partage et de promiscuité que l'on n'a presque pas connue pendant un an. Donner à l'autre est le plus important." Réinvestir l'espace public est devenu presque inhabituel. Les artistes ont aussi hâte de créer l'effet de surprise. "On ne sait pas à quoi s'attendre, c'est génial ! On ne sait pas comment ça va être reçu par le public et ce que l'on va ressentir. Une chose est sûre, c'est qu'il va falloir surprendre", glisse, avec une pointe d'excitation, Pierre Millet, trompettiste au sein du collectif Pan. "On ne peut pas dire qu'on est blasés, on a faim !"
Pierre Millet va jouer sur les balcons avec sa trompette de poche.
Les retrouvailles s'annoncent grandioses.
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