"La boussole de l'État, c'est la sécurité", a lancé le préfet de Seine-Maritime Pierre-André Durand, lors du huitième comité pour la transparence après l'incendie de Lubrizol et Normandie logistique, le vendredi 10 juillet à Rouen. Une manière de justifier d'emblée le fait que le dossier présenté par l'exploitant est solide et qu'il ne voit aucune raison de le refuser. Mardi, le Coderst, un comité départemental avait déjà rendu un avis favorable. Très rapidement, l'arrêté autorisant cette nouvelle étape de la reprise d'activité du site doit être publié. Elle concerne un atelier de synthèse de dispersants (des additifs pour essence et huile) ainsi que le stockage utilisé pour cet atelier. Mais la réouverture est soumise à des conditions strictes, imposées par la préfecture, et qui vont "au-delà de ce qui est prévu par la loi", explique le représentant de l'État. Lubrizol s'est notamment engagé à réduire drastiquement le stockage de matières premières et le stockage de produits finis sur le site. Les produits stockés seront également dispersés sur les lieux pour éviter un incendie majeur comme celui du 26 septembre 2019. Par ailleurs, les mesures de protection sur le site doivent être considérablement élargies, en termes de détection et d'extinction des incendies, mais aussi en termes de rétention. Les capacités de rétention doivent être élargies à 100 % des fluides (contre 20 % imposés par la loi).
Au-delà de ces impératifs de sécurité, le préfet estime qu'il "est nécessaire et urgent d'autoriser la réouverture" pour l'emploi sur le territoire. Et de rappeler que Lubrizol représente 400 emplois directs et près de 2 000 emplois indirects ou induits.
Le nouveau maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, restait quant à lui, opposé à cette réouverture. "La première des exigences, c'est la sécurité qui passe par la transparence. Aujourd'hui, ces conditions ne me semblent pas remplies." Le nouvel édile critique jusqu'à l'organisation des comités pour la transparence. "La composition du comité n'est pas publique, l'ordre du jour n'est pas public, les documents ne sont pas publics et les comptes rendus des réunions ne sont pas publics. Il y a mieux à faire en termes de transparence."
Le chantier de nettoyage terminé en septembre
Autre point abordé lors du comité, celui du chantier en cours sur le site sinistré de Normandie logistique et de Lubrizol. Pierre-André Durand a fixé le 26 septembre comme date limite pour la fin de ces travaux de remédiation, soit un an exactement après l'incendie.
Des travaux qui entraînent des gênes importantes pour les riverains, notamment en termes d'odeur.
Le préfet est également revenu sur un incident récent sur le chantier. L'effondrement d'une partie du toit amianté et qui aurait entraîné "un important nuage de poussière", selon la CGT. Une information démentie par l'État, qui affirme que "cela n'a pas donné lieu à une émission de poussière" et qui parle d'un "incident d'exploitation mineur".
De nouvelles mesures du gouvernement en septembre
Après la publication de plusieurs rapports, de l'Assemblée nationale et du Sénat, des recommandations sont faites pour améliorer la culture du risque et les moyens de communication vers le grand public en cas d'accident. Au cœur de ces propositions, le remplacement des sirènes d'alerte jugé "datées" par un système plus moderne de cell broadcast qui permet d'informer la population par SMS en direct. La mise en place du système est renvoyée aux calendes grecques, le gouvernement devant trancher la question. "Cela pose un lourd travail réglementaire et juridique", estime le préfet qui n'imagine pas la mise en place du système avant l'année 2021, au grand dam du maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. "Si demain, il y a un incendie, comment on informe la population ? Il n'y a rien de nouveau, rien de mieux. La moindre des choses est d'avoir un système d'alerte à la population digne du XXIe siècle."
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