"C'est vrai que ce n'est pas aussi net que mes voisins", indique Geoffroy De Lesquen en regardant ses parcelles. Dans ses champs de colza, l'étendue verte n'est pas parfaitement plane. Quelques tiges fanées, dépassant de quelques centimètres sont parsemées ici et là. "Ce sont des féveroles. Je les ai plantées une fois ma culture cible récoltée, pour former une couverture végétale." Les couvertures végétales font partie des grands principes de l'agriculture de conservation, une agriculture que Geoffroy pratique depuis trois ans sur ses quelque 480 hectares, aux alentours de Ferville-Bray dans la plaine de Caen. "Dans l'agriculture de conservation, on ne travaille pas le sol, on ne laboure pas. On ne le perturbe plus, donc les micro-organismes se développent, les vers de terre, les insectes. Le sol est moins artificialisé et donc devient plus fertile. Le deuxième grand principe est de couvrir en permanence le sol." Le couvert végétal a de nombreux bienfaits : il protège le sol, aide la culture cible à s'implanter et fixe l'azote dans le sol. "Grâce à cette couverture végétale, l'agriculture de conservation est celle qui capte le plus de carbone."
Recréer du lien
Avec ce mode de fonctionnement, Geoffroy De Lesquen a divisé par trois sa consommation de gazole et aussi de désherbant, même si l'utilisation de glyphosate est encore nécessaire. "Comme on ne travaille pas le sol, il n'y a qu'un seul moyen de détruire la couverture végétale avant l'implantation de notre culture cible, c'est la destruction chimique. Les doses utilisées sont très faibles. Ce n'est absolument pas comparable à ce qui se faisait avant." Pourtant, l'utilisation de produits chimiques dans l'agriculture fait grand bruit auprès des consommateurs et, depuis quelque temps, les agriculteurs dénoncent l'agribashing dont ils estiment être victimes. Pour essayer de recréer du lien avec les consommateurs, la 57e édition du Salon de l'agriculture a pour thème "L'agriculture vous tend les bras". Pour Sébastien Windsor, le président de la Chambre régionale de l'agriculture, avec ce thème, "l'idée est de renouer le dialogue entre agriculteurs et société. Les agriculteurs ont fait évoluer leurs pratiques, le grand public ne le sait pas forcément." Exemple à Ouezy, dans la plaine de Caen : Emmanuel Marie a décidé de faire du bio. Pour cela, il choisit "des variétés et des espèces plus rustiques que je vais semer plus tôt ou plus tard, afin de casser le rythme de pousse des mauvaises herbes. Le désherbage se fera mécaniquement." Le rendement est plus faible, "mais les prix d'achat sont meilleurs", affirme-t-il. Emmanuel Marie a également décidé de planter des haies en bordure de ses champs : "Il y a de nombreux avantages : elles drainent le sol, abritent la faune, coupent du vent ou encore captent le carbone." De nombreuses pratiques plus vertes existent et ne demandent qu'à être connues.
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