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"Ils lui ont tiré en pleine tête": la colère de la femme d'Olivier, victime de LBD

Un acte disproportionné, "barbare" et délibéré: Cindy Béziade ne "pardonne pas" à la police déployée face aux "gilets jaunes" samedi dernier à Bordeaux d'avoir tiré "en pleine tête" au lanceur de balles de défense (LBD) sur son mari Olivier, depuis dans le coma.

"Ils lui ont tiré en pleine tête": la colère de la femme d'Olivier, victime de LBD
Des policiers munis d'un LBD40 lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Bordeaux le 15 décembre 2018 - GEORGES GOBET [AFP]

Les dernières nouvelles, un message posté sur Facebook par son épouse, datent de mardi soir, trois jours après la manifestation. Sur son lit d'hôpital, le père de trois enfants, pompier volontaire à Bazas (Gironde), est toujours inconscient.

"Il est en réanimation. Il n'est plus dans le coma artificiel mais il ne se réveille pas de lui-même, c'est très compliqué. Il n'ouvre pas les yeux, il ne parle pas, rien. Il réagit à la stimulation uniquement, il est loin...", a expliqué Cindy Béziade à l'AFP.

Tout avait bien commencé samedi à la manifestation bordelaise, raconte-t-elle. "On marchait tous dans la rue Sainte-Catherine", une artère piétonne et commerçante de l'hypercentre. "C'était bon enfant. Il n'y avait aucune casse. Même les commerçants laissaient leurs affaires à l'extérieur."

Mais avant d'arriver sur la place de la Comédie, "on a été gazé" (reçu du gaz lacrymogène, ndlr) par les forces de l'ordre, ce qui "a dispersé tout le monde". Elle perd alors son mari.

Ces moments ont été filmés par plusieurs journalistes et vidéastes amateurs. Mardi soir, Cindy Béziade a de nouveau laissé éclater sa colère en relayant l'une d'elles sur Facebook: "Ça se passe de commentaires, je suis furieuse".

Ces vidéos montrent des policiers casqués, dont certains en civil, d'autres en uniforme avec boucliers et matraques, charger des manifestants rue Saint-Catherine. Aucune ne montre une menace immédiate contre eux.

"Pas une erreur"

Les "gilets jaunes" reculent ou s'enfuient, notamment par la rue de la Maison Daurade. A l'angle de cette rue, une vidéo montre un policier qui tire avec son LBD, une arme non-létale utilisée dans les opérations de maintien de l'ordre, à hauteur de tête, et un autre qui leur jette une grenade lacrymogène. La caméra se tourne alors vers la droite où, à une dizaine de mètres, un gilet jaune est étendu, dos aux policiers, face contre terre.

C'est Olivier Béziade, blessé à l'arrière de la tête et bientôt secouru par des passants et autres manifestants alors que la police s'est repliée. A ses pieds se trouve une balle de LBD, constate alors une journaliste de l'AFP. Des sources policières évoqueront elles aussi un tir de cette arme.

De retour sur les lieux, Cindy Béziade aperçoit un attroupement autour d'un blessé. "Quand j'ai vu ses chaussures par terre, j'ai compris que c'était lui. Il était là, conscient et dans une mare de sang. Il avait repris connaissance".

Il est conduit par le Samu à l'hôpital, où on lui détecte une hémorragie cérébrale. Il est opéré dans la foulée.

En début de semaine, le préfet de Gironde et le parquet ont saisi l'IGPN, la "police des polices", après la diffusion sur les réseaux sociaux des vidéos de l'incident, partagées pour certaines par plus de 100.000 personnes, dont une partie ne cachent pas leur colère noire envers la police.

Celle de Cindy Béziade ne passe pas: "Je ne peux pas laisser cette violence, je suis outrée".

"Ils l'avaient à moins de dix mètres, ils lui tirent en pleine tête (alors que la police a théoriquement interdiction de viser la tête avec un LBD, ndlr), ça ne peut pas être une erreur", souligne-t-elle.

"Je ne pardonne pas cet acte barbare, ce n'est pas possible, je suis désolée mais entre la tristesse et la colère... C'est un tsunami dans la tête. Je n'arrive pas à avancer".

C'était la deuxième fois que le couple manifestait avec les "gilets jaunes" à Bordeaux. La première, "ça c'était bien passé". "Il y avait eu des tirs mais on avait été chanceux. Je me dis finalement que leur technique de tirer sur la foule, c'est la même à chaque fois."

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