Des milliers de touristes étrangers quittaient la Tunisie samedi au lendemain d'un carnage dans un hôtel revendiqué par le groupe extrémiste Etat islamique, qui a coûté la vie à 38 personnes dont au moins 15 Britanniques.
"Il s'agit de l'attaque terroriste la plus importante contre des citoyens britanniques" depuis les attentats de Londres en 2005, selon un responsable du Foreign Office.
Près de 20.000 Britanniques se trouvaient en voyage organisé en Tunisie au moment du drame, en plus des personnes voyageant à titre individuel, selon l'Association des agences de voyages britanniques ABTA. Samedi soir, les voyagistes Thomson, First Choice, et Jet2 avaient rapatrié environ 1.200 personnes. D'ici dimanche, ce sont au moins 2.500 de leurs clients qui devraient avoir quitté le territoire tunisien, ont-elles ajouté.
Signe de l'implication britannique, Scotland Yard a dépêché un "grand nombre de policiers en Tunisie pour assister les autorités tunisiennes et conduire (notre) propre enquête", selon un porte-parole.
Parmi les victimes figurent aussi une Belge, un Allemand, une Irlandaise et une Portugaise, d'après le ministère tunisien de la Santé.
Toutes se trouvaient sur la plage ou au bord des piscines de l'hôtel Riu Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, près de Sousse (140 km au sud de Tunis), lorsqu'un étudiant tunisien a ouvert le feu et perpétré le pire attentat de l'histoire récente de la Tunisie.
L'attaque a porté un nouveau coup au secteur vital du tourisme, trois mois après celle contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts dont 21 touristes), aussi revendiquée par l'EI. Déjà moins nombreux sur les côtes tunisiennes depuis la révolution de 2011, les touristes ont commencé à partir dès la nuit de vendredi à samedi.
Le flot de départs des hôtels s'est poursuivi samedi.
Le voyagiste belge Jetair - qui a annoncé l'annulation de tous ses vols vers la Tunisie jusqu'au 31 juillet inclus - devait terminer de rapatrier tôt dimanche matin quelque 2.000 clients, 1.200 d'entre eux étant déjà rentrés. Huit cents autres devaient décoller dans la nuit pour la Belgique, qui a déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Tunisie.
"A la place (des touristes), je ne mettrais plus les pieds en Tunisie en cette période. C'est normal qu'ils partent rapidement après cette catastrophe. Ils viennent pour passer des vacances ou pour mourir?", a lancé en colère Imed Triki, un commerçant de Sousse.
- 'Défaillances sécuritaires' -
Selon un dernier bilan provisoire du ministère de la Santé, l'attaque a fait, outre les 38 morts, 39 blessés dont 25 Britanniques, sept Tunisiens et trois Belges.
Le ministère a indiqué que l'identité de 17 victimes avait été établie mais sans fournir de décompte par nationalité, se contentant d'affirmer qu'il s'agissait de personnes "de nationalités britannique, allemande, irlandaise, belge et portugaise".
Se faisant passer pour un vacancier selon les autorités, un étudiant qui avait caché son arme dans un parasol a ouvert le feu sur les clients sur la plage puis au bord des piscines de l'hôtel. Il a été ensuite abattu.
"Ce qui s'est passé est le signe de défaillances sécuritaires (). Il faut que nous nous remettions en question", a jugé Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahda, deuxième force politique du pays.
La propriétaire de l'hôtel a, elle, défendu ses gardiens qui "ne sont pas armés". "Comment voulez-vous qu?ils puissent tenir tête ou se défendre contre quelqu?un avec une kalachnikov?", a ajouté Zohra Driss lors d'une conférence de presse.
L'attentat a eu lieu le même jour qu'un autre revendiqué par l'EI contre une mosquée chiite au Koweït (26 morts) et qu'une attaque avec décapitation d'un homme en France, à trois jours du 1er anniversaire du "califat" proclamé par l'EI sur des territoires en Syrie et en Irak.
Dans sa revendication, l'EI a affirmé qu'un "soldat du califat" avait tué "des sujets des Etats de l'alliance croisée", en référence à la coalition internationale antijihadistes qui bombarde ses fiefs en Syrie et en Irak.
Le Premier ministre tunisien Habib Essid, dont le pays voit monter la menace jihadiste depuis 2011, a annoncé des mesures pour renforcer la sécurité, dont la fermeture d'environ 80 mosquées accusées d'"inciter au terrorisme" et le recours à l'armée de réserve.
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