"C'est un coup de massue", déclare Jean-Michel Berriet, représentant syndical pour Ufap Unsa Justice à la maison d'arrêt de Rouen. "C'est un choc, même là j'ai encore du mal à réaliser", poursuit l'agent pénitentiaire venu se mobiliser avec ses collègues devant la prison Bonne Nouvelle, mercredi 15 mai, au lendemain de l'attaque de fourgon cellulaire au péage d'Incarville près de Rouen ayant entraîné la mort de deux agents pénitentiaires.
• Lire aussi. Manche. Agents pénitentiaires tués dans l'Eure : journée "prisons mortes" dans les maisons d'arrêt
Une soixantaine d'agents se sont ainsi réunis devant l'établissement dès l'aurore en soutien à leurs confrères défunts. "J'ai vu des collègues en pleurs", rebondit Jean-Michel Berriet accompagné de ses camarades affublés de cible en papier sur le torse, symbole de la vulnérabilité de la profession.
Les agents mobilisés se sont affublés de cibles en papier sur le buste pour dénoncer la dangerosité de leur profession et le manque de moyens.
Un agent tué à Rouen en 1992
Idris Boucher, délégué syndical Ufap Unsa Justice à Rouen, se remémore la mort d'un agent à la maison d'arrêt de Rouen en 1992 sous les coups d'un détenu, dernier drame en date dans l'administration pénitentiaire : "Et là ce sont deux collègues qui se font tuer à l'extérieur, donc à l'intérieur comme à l'extérieur, on est des cibles et cela, ce n'est plus possible, d'où le symbole ce matin sur nos torses." Au delà du choc et de l'émotion, les agents espèrent des réponses du gouvernement sur les moyens alloués à la profession alors que le garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, doit recevoir, mercredi 15 mai, les organisations syndicales du secteur de la pénitentiaire. C'est d'ailleurs tout le sens de ce mouvement qui s'est propagé à de nombreux établissements.
L'un des accès à la maison d'arrêt de Rouen a été bloqué par un feu de palette et de pneus.
Les agents réclament plus de moyens matériels et humains
"Nous ne sommes pas de la chair à canon", lance un des agents devant le rassemblement. "Il faut revoir l'armement au niveau des collègues, le blindage des véhicules, des véhicules plus puissants peut-être, je ne sais pas", affirme Jean-Michel Berriet. "Le détenu avait déjà fait une tentative d'évasion, je ne comprends pas qu'il n'y ait pas eu d'escortes supplémentaires", poursuit le syndicaliste.
Parmi les revendications figure également le recours renforcé aux visioconférences pour éviter le transport de détenu. "A partir du moment où on sort à l'extérieur chaque détenu est susceptible de s'évader", affirme Idris Boucher, délégué syndical Ufap Unsa Justice à Rouen. "On a du matos, on a trois salles de visioconférences mais il faut toujours qu'on transporte des détenus au tribunal pour un papier à signer alors qu'il y a ce qu'il faut dans l'établissement, il faut qu'ils mettent les moyens sur la visio."
• Lire aussi. "La République gravement attaquée" : à Caen, Eric Dupond-Moretti rencontre les collègues des victimes
Avec ce mouvement de grève, une partie du personnel a dû être réquisitionnée pour assurer la continuité du service. En attendant, les visites aux parloirs et les promenades ont été suspendues pour la journée de mercredi 15 mai à la prison de Rouen, les repas et les soins vitaux eux sont assurés.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.