La Manche accueille un grand nombre d'espèces d'animaux, aussi bien dans la mer, dans les airs et sur terre. Avec plus de 350 kilomètres de côtes, il est facile d'observer les animaux marins. Les cétacés forment d'importantes colonies au large du département. Le promeneur, encore plus le plaisancier, peut apercevoir des grands dauphins. Le Cotentin abrite l'une des plus fortes colonies d'Europe. Cette population profite d'un garde-manger abondant grâce aux petites espèces de poisson. Les dauphins communs se sentent bien dans ce territoire, et ils fréquentent même de plus en plus fréquemment les eaux du Cotentin.
Il existe d'autres colonies en évolution constante, comme les phoques gris. Ils naviguent en fonction là aussi de la présence de nourriture. Un peu plus sédentaires, les veaux marins sont plus installés en baie des Veys et baie du Mont Saint-Michel. Plus discrets les baleines et autres rorquals sont aussi souvent de passage. La Manche est pour ces espèces un couloir de transit dans leurs traversées migratoires, mais leur observation n'est pas un mythe. Le globicéphale noir est beaucoup moins commun. De plus, il fréquente de moins en moins les eaux de la Manche ces dernières années. L'animal préfère les eaux plus froides.
Dans les airs… de très nombreux oiseaux !
La Manche, et en particulier les marais du Cotentin, est un havre de paix pour les oiseaux. "Nous avons une région qui est diversifiée : on a le milieu marin, le bocage et puis les grands marais", explique James Jean Baptiste, du Groupe ornithologique normand. Il ajoute : "Toutes les espèces de Normandie sont visibles dans cette zone." Certains oiseaux nichent dans le Cotentin, d'autres ne sont que de passage ou viennent l'hiver lors de la migration, car le département est aussi un couloir de migration aérien. "On a un flux très important de migrateurs en ce moment. Nous sommes piles dans la période où il y a les oiseaux d'Europe du Nord, de Russie qui vont passer sur nos côtes", poursuit l'ornithologue. Le vanneau huppé va, par exemple, passer la saison froide dans les marais du Cotentin. L'espèce se reproduit d'ailleurs dans la Manche.
Pendant l'hiver, le passant peut aussi voir des oiseaux limicoles, qui habitent dans la terre. "Ce sont des oiseaux avec des grandes pattes et des longs becs", décrit James Jean Baptiste. Il y a le courlis cendré ou les barges par exemple. Le bon conseil du Groupe ornithologique normand pour observer des oiseaux, c'est d'y aller au lever du jour, et en bord de mer, à marée haute. Attention tout de même à ne pas trop les déranger.
Sur terre, la Manche se démarque par un grand nombre d'espèces d'amphibiens.
16 espèces sur 17
Seize des dix-sept espèces d'amphibiens présents en Normandie vivent dans la Manche. Il existe deux grands groupes d'amphibiens : les anoures avec les crapauds et les grenouilles, qui n'ont pas de queue. L'autre catégorie constitue les urodèles qui, eux, ont une queue. Les salamandres dorées ou les tritons en font partie. Ces derniers ressemblent à un lézard mais avec une peau de grenouille.
Des espèces en expansion…
"On a quelques espèces qui progressent", explique Anne-Marie Bertrand, du Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) du Cotentin. C'est le cas de la rainette verte, qui ressemble à une grenouille mais ne fait scientifiquement pas partie de cette famille d'animaux. Le bout des pattes n'est pas palmé, ce sont des petites ventouses qui lui permettent de grimper sur les végétaux.
…et d'autres qui déclinent
Les populations de salamandres tachetées ont baissé de 30 % en dix ans. La réduction de leur habitat naturel, notamment la réduction des haies, en est la principale cause. Il y a moins de points d'eau pour que les femelles puissent pondre. La pollution de l'eau entraîne aussi une mortalité des larves. "La majorité des amphibiens ne sont pas en bonne posture", conclut Anne-Marie Bertrand.
Les dauphins, phoques gris et veaux marins évoluent au large de nos côtes, les populations sont en constante évolution.
On les observe parfois en mer, au loin, en train de chasser des bancs de poisson. Ils viennent aussi souvent s'amuser avec les vagues des étraves des bateaux. Ce sont les grands dauphins. Ils sont nombreux à sillonner les côtes de la mer de la Manche. Une population estimée à quelque 500 individus selon les observations du Groupe d'étude des cétacés du Cotentin et des mammifères marins de la mer de la Manche (Gecc) basé à Cherbourg.
Elle forme l'une des populations côtière sédentaire les plus importantes en Europe. "Elle s'est ainsi installée en mer de la Manche, capable d'effectuer plusieurs centaines de kilomètres depuis les côtes du Cotentin jusqu'à celles du nord Bretagne, les îles Anglo-Normandes et la baie de Seine en fonction du déplacement des bancs de poissons. Une population qui se maintient avec une dizaine de naissances observées en 2022, sans compter celles que nous n'avons pas pu observer", indique Gérard Maugé, le fondateur du Gecc.
Des dauphins mais pas seulement
Des colonies de phoques veaux marins et gris sont aussi installées dans la Manche. Les phoques veaux marins en baie des Veys, mais aussi dans la baie du Mont Saint-Michel, pour "une population estimée à quelque 250 individus, et une croissance de 10 % par an depuis 1987", selon Gérard Maugé. Ces animaux sont plutôt sédentaires. Ils profitent de larges bancs de sable et d'eaux poissonneuses.
Les phoques gris, eux, naviguent aussi en colonie, une soixantaine d'individus sont répertoriés. Ces animaux très mobiles et très endurants sont notamment observables sur l'archipel de Chausey, en baie des Veys, au Mont Saint-Michel ou dans le nord-Cotentin, en rade de Cherbourg.
Pollution, dérèglement climatique…
Quels effets sur les cétacés ?
Le Gecc a lancé durant l'année 2016 une étude sur les effets de la pollution des eaux sur les bancs de dauphins. Celle-ci se poursuit. Chez certains cétacés, des molécules de polluants interdits depuis de très nombreuses années, mais qui ont une très longue durée de vie, ont été retrouvées
Le réchauffement de la température de la mer et la modification de la salinité ne semblent pas, pour le moment, gêner ces dauphins, du fait de leur capacité d'adaptation. Le dérèglement climatique génère aussi des mouvements de petites espèces de poissons dans les eaux de la Manche.
Des proies pour les dauphins, qui se déplacent en fonction des mouvements de leur garde-manger. "Pour le moment, on ne peut prédire les effets du dérèglement climatique sur les espèces des cétacés vivant au large de nos côtes, sans études longues et sérieuses", estime Gérard Maugé.
Vaches et cochons certes, mais des animaux exotiques peuplent aussi le territoire, surtout au Parc animalier de Montaigu-la-Brisette.
Au Parc animalier de Montaigu-la-Brisette, 45 espèces d'animaux des cinq continents apportent une touche d'exotisme à la faune locale. Quatre cents (gros) animaux occupent 20 hectares dans le Cotentin, entre Valognes et Cherbourg. Dans les allées, les visiteurs peuvent contempler des zèbres, lémuriens, babouins, chameaux, lamas, alpagas… Il y a aussi des animaux domestiques de nos régions : chèvres ou poneys par exemple.
Des animaux domestiques
et exotiques
"Le but est de donner du bonheur aux gens et présenter des animaux dans de belles et bonnes conditions", assure le dirigeant Nicolas Descoucières. Il poursuit : "C'est l'amour de la campagne, de la nature et des animaux qui nous a poussés à ouvrir le parc en 1983." Dans le zoo, il y a donc des animaux du bout du monde, mais pas uniquement. La plupart des animaux domestiques peuvent être approchés. Les enfants notamment aiment toucher les cochons d'Inde ou les chèvres, ce qui est plus difficile avec les chameaux ou encore les aras ou les loriquets, ces oiseaux d'Australie, en volière. Pour voir ces animaux, il faudra tout de même attendre la fin de l'hiver. Le zoo est fermé depuis le lundi 6 novembre, il ne rouvrira que pour les vacances de février. Mais que fait un parc animalier pendant l'hiver ? "Les animaux qui peuvent passer l'hiver dans des enclos encore plus grands s'en vont du parc", révèle Nicolas Descoucières. Il possède des champs avec des cabanes pour les buffles d'eau, les lamas ou les alpagas par exemple.
De nombreux projets à mener
"Il y a beaucoup d'animaux qui ne peuvent pas bouger, que ce soit les lémuriens, les singes… Ils restent dans leurs enclos qui sont chauffés depuis le mois d'octobre", assure le directeur du Parc animalier de Montaigu-la-Brisette. Les iris sacrés et autre cacatoès rosalbins restent dans les volières. Les soigneurs s'en occupent quotidiennement. Les équipes du parc ont, elles, de nombreux projets à mener, notamment tous les enclos en bois à rénover. "Il y a des kilomètres de clôtures, de piquets… il y a toujours des choses qui cassent et qui sont donc à refaire", détaille Nicolas Descoucières. Il faut aussi rénover les volières pour les oiseaux, sécuriser certaines parties du parc. "Il y a tout le temps plein, plein de choses à faire", conclut le directeur.
Pratique. Réouverture fin février 2024. Tél. 02 33 40 40 98.
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