Maeva Le Roy, 31 ans, femme de ménage à la clinique Saint-Hilaire de Rouen, a filmé depuis chez elle ce qu'elle voyait de sa fenêtre. Elle préfère qu'on ne la prenne pas en photo, mais elle nous montre les images. C'est impressionnant. C'est le début de l'incendie, la semaine passée, dans les entrepôts Bolloré Logistics, Distri Cash et Ziegler à Grand-Couronne. Il était autour de 17 heures ce lundi 16 janvier.
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Sur la toile, les réseaux s'enflamment. Beaucoup d'internautes ont mis en ligne les clichés du sinistre : on distingue clairement les flammes dans le profil des entrepôts et puis, juste au-dessus, perçant le ciel bleu nuit, un immense et épais nuage de fumée noire.
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"Nos maisons tremblaient de partout"
"Le ciel était rougeoyant", se souvient Arnaud Mailly, 35 ans. Il vit à un petit kilomètre à vol d'oiseau des entrepôts aujourd'hui en partie détruits. Sa maison est posée sur les hauteurs de Grand-Couronne, aux Essarts. Avec Audrey, sa compagne, ils ont assisté à l'incendie sans réellement savoir ce qu'il se passait au tout début : "La nuit commençait à tomber, je fermais les volets quand j'ai entendu des bruits bizarres, comme si un camion poubelle était en train de balancer des trucs dans un container. Et puis, c'est devenu de plus en plus bruyant. Toute la maison s'est mise à trembler." Lui travaille dans le domaine de la formation, sa compagne dans les assurances. Ils attendent un heureux événement pour le mois de juillet : "On ne sait pas encore si ce sera un garçon ou une fille."
Maeva n'habite pas très loin, la maison familiale est posée dans l'ancienne cité Loheac, rue de la Commune de Paris. La famille Le Roy y est arrivée dans les années soixante, c'est la grand-mère de Maeva qui s'y est installée la première. La jeune femme y vit désormais avec ses deux parents, sa maman Chantal, soixante ans, secrétaire médicale, et son papa Olivier, 54 ans, professionnel du bâtiment. Les autres membres de la famille, cinq enfants au total, habitent ailleurs.
"La mairie n'a fait aucune alerte !"
Encore sous le choc de ce qu'il s'est passé, elle dit à peu près la même chose que son voisin. "Avec soudain cette série d'explosions. Quand on a vu les flammes, on a commencé à s'en inquiéter. C'était juste en face de nous. On se demandait si tout cela n'allait pas cramer davantage. Les flammes étaient très visibles, puis s'est formé un très gros nuage noir. Il est passé juste au-dessus de nous." Pareil chez Arnaud, il a eu une étrange vision, "comme si nous étions en zone de guerre, avec les explosions, les flammes et la fumée".
Tous deux témoins directs de l'incendie ne peuvent s'empêcher de penser, comme beaucoup d'autres, à l'incendie Lubrizol le 26 septembre 2019. Arnaud Mailly habitait à Rouen, place Saint-Marc, à l'époque. "Je garde en mémoire l'odeur qui imprégnait l'appartement à certains moments, en fonction de la direction des vents." Maeva a craint le pire en voyant le nuage débouler sous ses fenêtres. "Il n'y avait pas que du lithium, des pneus et du plastique à brûler dans ces entrepôts emplis de plein d'autres choses." Elle est en colère : elle comme ses voisins, dont Arnaud, n'ont pas été tenus informés de ce qui arrivait : "La mairie ne nous a rien dit. Pas un mot, zéro, pas une alerte. Ce n'est que le lendemain qu'on nous a expliqué qu'il ne fallait pas s'inquiéter." La préfecture l'a confirmé après l'incendie : "À ce stade, a écrit le préfet, aucun risque particulier n'a été identifié."
Maeva n'est pas rassurée pour autant, et elle n'est pas la seule dans son quartier : "On nous prend vraiment pour des imbéciles. Bien sûr qu'on repense à ce qu'il s'est passé avec Lubrizol…" Arnaud poursuit : "L'incendie de Lubrizol nous a tous marqués. Alors, on est sur le qui-vive, toujours à l'affût de la moindre petite odeur."
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Arnaud et sa compagne ont quitté pour quelques jours Grand-Couronne, partis s'oxygéner à la montagne. Enfin, une grande bouffée d'air frais !
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