[Reportage] Orne. Noël 2022 : malgré des budgets contraints, la fête restera belle

Vous louez déjà votre appartement, votre voiture, voire du matériel lorsque vous avez des travaux à réaliser ?

Avant chaque Noël depuis 2017, le paysagiste Ludovic Coulon
installé à Saint-Paterne loue
des sapins de Noël

Le concept peut d'abord paraître surprenant. Mais à bien y réfléchir, on en arrive rapidement à se demander pourquoi il n'est pas davantage généralisé. Dans sa pépinière Le Jardin déco, à Saint-Paterne près d'Alençon, Ludovic Coulon loue de vrais sapins de Noël pour quelques semaines.

Des sapins de Noël
loués en pot

Chaque arbre est fourni avec ses racines dans une motte de terre, avec son pot : le sapin est déplanté, loué, part se décorer de boules et de guirlandes pour passer Noël dans le salon d'une famille pour quelques semaines. Puis, celle-ci doit le rapporter à la pépinière durant le mois de janvier. Il est alors remis en terre, là où il a été pris, pour patienter jusqu'au Noël suivant. Seul impératif : il faut que le loueur s'engage à arroser régulièrement son sapin, une légère contrainte, comme il le ferait avec n'importe quelle autre plante d'intérieur.

Pour les clients devenus de plus sensibles à l'avenir de notre planète, c'est devenu une évidence écologique : "Quel autre produit naturel achèteriez-vous plusieurs dizaines d'euros avant de le jeter au bout de seulement quelques jours d'utilisation, puis de recommencer le même processus l'année suivante, et chaque année ?", constate un couple qui a opté pour la location de son arbre de Noël depuis déjà deux hivers.

Fibre plus écolo

La démarche apparaît rapidement beaucoup plus écologique qu'avec les traditionnels sapins qui ont poussé durant quatre ou cinq ans avant d'être coupés et qui n'ont pas d'autres solutions que d'être ensuite jetés, encombrant les déchetteries après seulement quelques jours d'utilisation, comme indétrônable symbole des fêtes de Noël. Sans parler des sapins en plastique, fabriqués à partir de dérivés de produits pétroliers…

Cet hiver, le pépiniériste Ludovic Coulon prévoit de louer un millier de sapins, soit près de la moitié de plus que l'an dernier, preuve que le bouche-à-oreille faisant son œuvre, davantage de familles optent pour la location de leur arbre de Noël. Chaque sapin, selon sa taille, est loué la première année entre dix-sept et cinquante-cinq euros, soit moins cher qu'un achat. Mais le tarif devient dégressif dès la seconde année, avec une location à dix euros. Et vous pouvez réserver le même arbre que vous aviez déjà eu l'année précédente, et qui ainsi fait petit à petit partie de la famille ! Entre deux Noël, le pépiniériste prendra soin de votre sapin, qui continuera de grandir auprès de ses congénères. Jusqu'au Noël suivant.

Pratique. Ludovic Coulon, Le Jardin déco, zone de la prairie à Saint-Paterne. Ouvert le soir en semaine, le vendredi après-midi et le samedi toute la journée, 06 78 52 39 62.

Ecowatt est apparu à la télévision le 3 octobre dernier. Présenté comme la météo de l'électricité, ce dispositif suggère à chacun d'entre nous d'agir sur sa consommation d'énergie pour éviter un risque de coupure hivernale, alors que trop de centrales nucléaires ont été simultanément mises à l'arrêt.

Les guirlandes scintillent

Dans ce contexte inédit, chacun peut avoir des scrupules lorsqu'il allume la guirlande de son sapin. Certes, chacune de ces guirlandes consomme peu, mais multipliée par le nombre de sapins dans tout le pays, la consommation a un impact certain. Il l'est davantage à l'échelle d'une commune. Il y a en outre le coût financier. "Au départ, beaucoup de maires ont hésité, explique Emmanuel Rochefort-Cunin, président des Villes et villages illuminés du Bocage. Mais rapidement, chacun s'est convaincu que dans le contexte anxiogène actuel, Noël devrait rester Noël." Et les guirlandes se sont allumées. "Toutes les communes qui participaient habituellement participent aussi cet hiver", mais un peu moins longtemps le soir, par mesure d'économie. Les guirlandes seront aussi démontées plus tôt qu'habituellement. "Mais depuis des années, les communes ont réalisé de vrais efforts. Elles sont passées aux ampoules Leds qui consomment très peu", souligne Emmanuel Rochefort-Cunin. Depuis le 1^er décembre, les villes et villages du Bocage se sont illuminés, comme la plupart des autres communes de l'Orne.

Noël, une fête de rêve qui vire au cauchemar à l'arrivée des poubelles dans les déchetteries. Chargé de prévention au Syndicat de tri et de collecte des ordures ménagères d'Argentan (SITCOM), Arnaud Potocki donne des conseils pour des fêtes plus vertes.

À Noël, quels sont les déchets
les plus fréquents ?

On assiste à une explosion des déchets d'emballage des cadeaux, souvent suremballés. Les déchets alimentaires sont aussi en hausse car tout le monde a tendance à trop prévoir. On estime qu'il y a 5 % de gaspillage alimentaire en plus durant cette fête. En ce qui concerne le papier cadeau, 20 000 tonnes sont jetées durant cette période en France.

Quelles sont les astuces
pour réduire ses déchets à Noël ?

Il ne faut pas hésiter à proposer des doggy bags à ses convives après le repas. Pour les emballages, pourquoi ne pas offrir des cadeaux dématérialisés, ou les faire soi-même ? Il est possible de demander un bon d'avoir pour offrir cadeau dans les ressourceries. Cette dernière solution permet un Noël à impact 0 : c'est donner une seconde vie à un objet, rémunérer un organisme social, on est sûr de ne pas se faire tromper et en plus, c'est économique. Pour la table : pas de jetable.

Quelles bonnes pratiques
pour le tri des déchets de fête ?

Cette année, il y a du changement dans le tri concernant le papier cadeau. Avant, il se mettait dans le sac noir, maintenant on peut le mettre dans le sac jaune de tri.

Éphémères certes, mais toujours aussi réconfortantes. Lumières, guirlandes, peluches et papillotes donnent vie à la magie de Noël. Les communes, avec des opérations telles que les Villages illuminés, l'ont bien compris. Mettre des paillettes dans les yeux des passants, des petites mains s'en sont chargées durant plusieurs semaines.

Un Noël magique… et vert

Un Noël confectionné par de vrais petits lutins, avec dévouement et résilience. La ville doit rayonner de mille feux : pas question de laisser des espaces sans vie. À Alençon, ce sont les centres sociaux qui ont été chargés d'actionner leur baguette magique. Depuis début octobre, les jeunes des centres de la Croix Mercier ou encore de Perseigne se sont improvisés décorateurs d'intérieur et fabricants de magie.

Pour en mettre plein les yeux, des artistes de La Chapêlmèle ont prêté main-forte. Un Noël magique, mais qui reste vert. Du carton pour faire les sapins et un projecteur de lumières récupéré à Emmaüs : la décoration aussi se fait avec sobriété.

À Briouze aussi, l'art se met au service des fêtes de fin d'année : décorations pour le sapin et dessous de plats ont été confectionnés par les enfants du centre de loisirs Cap jeunes.

Les jeunes habitants de Flers ont pu, quant à eux, concevoir une bouillotte sèche à partir de matériaux de récupération au parc du Château début décembre.

"Le nombre de bénéficiaires des Restos a augmenté de 11 % cet été, on a distribué 497000 repas dans les sept centres de l'Orne, y compris pour 48 bébés, alerte Catherine Weber de Rize, présidente des Restos du Cœur dans l'Orne. On estime que l'augmentation sera de 12 % durant l'hiver." Selon la présidente ornaise, de plus en plus de gens entrent dans la précarité : "Ils y arrivaient plus ou moins, mais ce n'est plus le cas. Ils n'auraient jamais pensé qu'un jour, ils auraient besoin des Restos, mais ils viennent s'y inscrire. C'est une démarche difficile, mais ils n'ont pas le choix. Dans le passé, on a eu beaucoup de familles monoparentales, mais désormais, on a des familles complètes, avec le père qui travaille. À partir du 15 du mois, elles vont venir chercher leur colis alimentaire." Pour nourrir tout le monde, Catherine Weber de Rize fait confiance à la structure nationale des Restos qui est en charge de l'approvisionnement. "On va faire face, on n'a pas le choix, mais je suis inquiète." Car localement, beaucoup de grandes surfaces font désormais des promotions sur les denrées en limite de date de vente, et la crise incite de nombreux consommateurs à profiter de ces offres sur ces produits frais, objets des ramasses des Restos dans les magasins. Un enfant sur quatre de familles en précarité dans l'Orne est aidé par les Restos. "Il faut trouver des solutions, un travail pour les parents, souligne la présidente. Les tremplins du Cœur, à partir de janvier, vont rediriger vers l'emploi les populations qui en sont éloignées."

Un cadeau pour Noël

Mais avant, il y a Noël. "On reçoit des cadeaux, des jouets. À Alençon, on a trié tous les jouets, par tranches d'âge, garçons/filles, et on les dispatche sur tous les centres dans l'Orne. Les bénévoles font la distribution. Les bénéficiaires viennent avec leurs enfants qui reçoivent ces jouets. Le sourire des enfants reste un moment extraordinaire." C'est également l'occasion d'un petit plus alimentaire, en fonction de l'approvisionnement. L'an dernier, des bûches glacées ont été distribuées. "J'espère que cette année aussi, on recevra des choses un peu spéciales pour marquer le coup pour Noël." La fin de l'année est la période des vœux, celui de Catherine Weber de Rize serait de mettre en place un camion itinérant de distribution alimentaire sur les routes de l'Orne, "parce qu'il y a des gens démunis qui n'ont actuellement pas accès aux Restos, faute de moyens pour se déplacer jusqu'au centre de distribution le plus proche de chez eux". Autre vœu, mobiliser de nouveaux bénévoles : ils étaient 370, ils ne sont plus que 330 dans l'Orne. Catherine Weber de Rize souhaite des personnes qui prennent "des responsabilités, même petites". Si le cœur vous en dit : 02 33 28 43 69.