Pièce maîtresse des collections du Musée des Beaux-Arts, La flagellation du Christ par Le Caravage est examinée sous toutes ses coutures et mise en perspective dans une nouvelle exposition très didactique.
Des aventures rocambolesques
C'est en 1955 que le tableau, d'abord attribué à Mattia Preti, rejoint les collections : "Le conservateur d'alors, Hubert Guillet présente son dossier d'acquisition à une commission scientifique qui valide cet achat, explique le commissaire d'exposition Diederik Bakhuÿs, tout en lui proposant d'en réviser l'attribution." C'est ainsi qu'il achète à très bon prix la toile, qui ne sera authentifiée comme un Caravage qu'en 1959, par le spécialiste Roberto Longhi. "Une chance incroyable, car rares sont les toiles du maître Le Caravage conservées dans des musées français." Mais si la toile connaît des aventures exceptionnelles, ce fut aussi le cas de son auteur. "Cette œuvre magistrale a été réalisée alors que Le Caravage était à Naples. Il avait dû fuir Rome car lors d'une rixe, il avait tué un homme qui faisait partie de la haute société. Il s'est alors réfugié dans le fief des Colonna, ses protecteurs, puis à Naples, en espérant la clémence du Pape… qui n'est pas venue."
Une toile maîtresse
Face à une autre œuvre magistrale sur le même sujet de Le Caravage prêtée par le Musée de Naples, le chef-d'œuvre de Rouen se distingue par son aspect novateur : "Les deux toiles sont réalisées au même endroit à la même période, mais si les sujets sont les mêmes, leur usage diffère. La toile de Rouen est destinée à une dévotion privée ; c'est une peinture de chevalet, alors que la toile de Naples a été commanditée pour être placée sur un autel dans une chapelle dominicaine." Le peintre se permet donc davantage de liberté dans la toile rouennaise et innove par la composition, le naturalisme des personnages et le traitement de la lumière. "Il opte pour un cadrage à mi-corps, la composition est très dynamique et le spectateur est vraiment impliqué dans l'action. Les corps ne sont pas idéalisés, et ce qui est tout particulier, c'est le traitement en clair-obscur : une seule source de lumière vient souligner l'aspect dramatique de la scène."
Les secrets d'atelier
L'exposition nous aussi livre les secrets de l'élaboration de ce chef-d'œuvre : "Il a fait l'objet d'une analyse scientifique poussée", ajoute Sibille Wsevolojsky, médiatrice culturelle, qui a assisté Diederik pour concevoir cette exposition. Des analyses infrarouges, fluorescentes et stratigraphiques ont permis de révéler de nombreux secrets. "On découvre une trace d'un autre tableau inachevé en dessous, mais aussi des repentirs, des modifications de la composition par le peintre lui-même, des incisions qui lui servaient à replacer ses modèles vivants pendant les séances de poses. Tout cela nous livre des précieuses informations sur sa technique de travail !"
Pratique. Jusqu'au 27 février 2023, Musée des Beaux-Arts de Rouen. Gratuit. mbarouen.fr
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