Ne lui dites pas qu'il est militant. Jean-Marie Hervieu est un homme de convictions. "J'essaie de faire en sorte que ma vie ressemble à mes convictions."
Ce jeune retraité de 65 ans, père de quatre garçons, est né à Rouen. Il vit maintenant à Fécamp et s'investit activement dans deux associations de protection de l'environnement : l'antenne havraise de Surfrider et Run Eco Team, qu'il a importée à Fécamp. Jean-Marie Hervieu est un marin. Il a été officier de marine marchande pendant presque 15 ans, pour CGM (actuel CMA CGM). Il navigue désormais pour le plaisir, en voilier, souvent en direction du Cotentin (Manche). La marine marchande, il l'a quittée pour "changer de vie et passer du temps avec ma famille. C'est là où je me suis impliqué. J'ai créé ma société Riv'Ouest pour réhabiliter les rivières et les plans d'eau. C'était fin des années 80, début des années 90. J'étais un peu vu comme un marginal à l'époque, mais j'ai eu comme client le Conseil général des Landes, la DDE de Charente-Maritime, la mairie de Roubaix ou encore celle de Saint-Omer dans le Nord". Jean-Marie Hervieu se dit fasciné la mer, les torrents, les rivières. "J'ai voulu remonter à la source des océans. L'eau, c'est mon élément."
"On a maltraité la mer pendant très longtemps"
Son engagement pour Surfrider était une évidence, lui l'ancien marin. "L'association représente bien les convictions qui sont les miennes. C'est-à-dire, préserver l'océan pour que la faune et la flore s'y épanouissent et que nous puissions aussi en profiter. C'est l'esprit des surfeurs de la côte basque à l'origine de Surfrider en France." La mer le fascine. Il a aimé les voyages, les rencontres et l'aventure. Il la sait fragile. "On l'a maltraitée pendant des années. J'ai été aussi de ceux qui l'ont salie, j'en suis conscient. On a été très longtemps à considérer la mer comme une grosse poubelle. La préserver est mon combat."
Pour y parvenir, il organise des collectes de déchets sur la plage du Havre et sur le secteur de Fécamp avec l'association Run Eco Team (courir en ramassant des déchets). "Il faut savoir que 70 à 80 % des déchets en mer proviennent de terre. Le premier des déchets, c'est le mégot, c'est infernal ! Et depuis la crise sanitaire, on trouve aussi beaucoup de masques." À chaque opération de ramassage, les déchets sont toujours aussi importants. "Mes convictions sont intactes, mais je ressens parfois de la lassitude." Son espoir ? Les jeunes. "Ils ont pris conscience. Ils savent que jeter par terre, c'est jeter en mer. Il faut maintenant leur donner les clés, leur apprendre où jeter et comment trier."
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