Rue du Marais dans le quartier de la Demi-Lune à Caen, les maisons ont été bâties le long de l'allée les unes après les autres. En avançant jusqu'au milieu de cette rue, on découvre, sur un ancien parking, des bâtiments sous forme de bungalows. Il s'agit d'un village mobile, comme il en existe sur la presqu'ile de Caen depuis 2015, pour accueillir "des personnes en grande précarité", comme l'explique Sébastien Bellet, un habitant de cette rue.
Pour lui et plusieurs de ses voisins, l'inquiétude grandit depuis qu'ils ont appris l'installation de ce village mobile. "Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas contre ce projet. La plupart d'entre nous avons acheté notre maison alors que le Cap Horn (centre d'accueil pour sans-abri, NDLR) était déjà installé, nous en avions conscience et nous sommes en faveur de projets sociaux", indiquent ces voisins, réunis désormais sous forme de collectif. Fin mai, ils ont eu connaissance de ce projet par le biais de voisins travaillant dans le social "qui ont entendu des rumeurs", explique Sébastien Bellet. Les gens de la rue ont rédigé une lettre afin de demander une réunion publique. La réunion a eu lieu le 4 juin "en présence du Maire de la ville Joël Bruneau et du préfet, car c'est la préfecture qui porte ce projet". Les bungalows ont été installés quelques jours après. "Il y a une surconcentration sur le quartier et, même si nous l'avons accepté en connaissance de cause, il y a des nuisances. Hier encore, ma fille a dû faire le tour pour rentrer de l'école, témoigne Benedicte Boscher, une des habitantes de la rue et membre du collectif. Les populations accueillies dans ce centre ne le sont dans aucun autre. Ce sont des personnes addictives aux produits dures, avec des problèmes psychiatriques ou avec un animal."
Les premières personnes devraient arriver dans ce village mobile, géré par l'association 2 choses lune, en juillet. "Les conditions d'accueil posent aussi question, car on trouve que ce ne sont pas des logements dignes", indiquent ces habitants.
Permis de construire
"Le seul levier qui nous reste est le recours juridique", précise Samy Essa, membre du collectif. "C'est super dur de se dresser contre un projet social. En temps normal, c'est le genre de projets que nous montons", confie-t-il. Les habitants ont récupéré le permis de construire et sont en train de l'étudier. "Malheureusement, on regarde s'il y a des failles, car aujourd'hui, encore une fois, c'est le seul levier que l'on a."
Sollicitées, la préfecture du Calvados et l'association 2 choses lune n'ont pas voulu répondre à nos questions.
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Les habitants ne sont pas contre ces personnes en grande précarité, mais contre le fait de les parquer dans ce genre de "cabane de chantier" en plein soleil sur un sol goudronné, sans aucune verdure
Que dire des habitants dont les enfants serons face à des situations parfois insoutenables. Que dire aussi de ce village mobile se situant à proximité immédiate d une école dont la sortie se fait pratiquement en face
Tout cela nous semble manquer d humanite et nous pensons aussi que la rue du marais a beaucoup "donné "pour les plus déshérités
Ils doivent être contents les habitants de la Demi- Lune.