À 48 ans, François Pierre a déjà passé près des deux tiers de sa vie dans un fauteuil roulant. Un objet qui est devenu le prolongement de lui-même. Quand il revient sobrement sur l'accident qui l'a rendu paraplégique à 18 ans, la voix de cet homme jovial et souriant se fait à la fois plus faible et plus grave. "C'était un retour de discothèque à 5 heures du matin. On était quatre en voiture. Le conducteur s'est endormi au volant et on est partis en tonneaux à 150 km/h", explique-t-il. L'un de ses amis n'a pas survécu. Un autre est resté tétraplégique. Lui a été éjecté par la vitre arrière et ne retrouvera plus l'usage de ses jambes. "Le monde s'écroule", se souvient-il.
Le sport pour se reconstruire
Mais déjà, sa force de caractère le poussera à se reconstruire. À force de patience. Et avec le sport. "C'est un moteur pour beaucoup de choses, un moteur social, ça vous ouvre vers l'extérieur", reconnaît-il aujourd'hui. Le déclic sera le para-athlétisme, dès 1993. Grâce à des partenaires, il obtient son premier fauteuil roulant d'athlétisme, un long engin de près de deux mètres, taillé pour la course et l'aérodynamisme. Un moment dont il se souvient avec émotion, ses propos ponctués par quelques éclats de rire. "C'était un cadeau tombé du ciel ! J'étais heureux. Un fauteuil de 12 kg avec lequel je pouvais aller vite, deux fois plus léger que mon fauteuil de ville, c'était hallucinant !" L'année suivante, à force d'entraînement, le sportif s'aligne sur le marathon de Paris. Il enchaînera par la suite des compétitions au plus haut niveau qui le conduiront aux quatre coins de l'Europe, et même à Tokyo. Ce goût de la performance qui se mue en perfectionnisme lui sert désormais quotidiennement dans son métier, pour concevoir des fauteuils roulants sur-mesure, pour le quotidien ou les pratiques sportives les plus pointues. "Je prends tout en compte : le mode de vie, la morphologie… pour que la personne fasse corps avec son fauteuil et que ça améliore réellement son quotidien."
Optimiste endurci, François Pierre vit sa vie à 100 à l'heure, constamment sur la route pour son travail. "Je me sens moins handicapé que certains valides", affirme-t-il enthousiaste, jonglant entre ses semaines de 50 heures et ses entraînements sportifs. Sa nouvelle passion à Rouen ? Le para-hockey sur glace, qui se pratique en luge. En France, l'équipe nationale est en pleine construction, avec comme objectif les jeux paralympiques de 2026 à Milan. Et François Pierre compte bien en être, fidèle à un idéal : toujours regarder devant !
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