Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'Economie et ministre déléguée chargée de l'Industrie, "ont autorisé le groupe Liberty à se porter acquéreur des sites industriels France Rail Industry à Hayange (Moselle) et Ascoval à Saint-Saulve (Nord)", indique un communiqué de Bercy vendredi.
"Dans le cadre de cette reprise, le groupe Liberty s'est engagé à apporter 65 millions d'euros de financements nouveaux", détaille Bercy.
Cette reprise, qui permet de sauvegarder près de 700 emplois, dont 430 à Hayange et 270 à Saint-Saulve, "jette les bases d'une filière industrielle solide", a commenté M. Maire.
"C'est une très bonne nouvelle", s'est réjoui auprès de l'AFP Nacim Bardi, délégué CGT à Ascoval. "Maintenant, c'est à nous de jouer, c'est à nous de repartir du bon pied, il faudra satisfaire nos clients", a-t-il ajouté, précisant que les syndicats surveilleront les conditions de travail.
"On est en colère et déçus, on n'a pas été consultés avant la décision finale", a en revanche déploré Djamal Hamdani, représentant CFDT à France Rail Industry. "Ce n'est pas normal de faire sans nous, on n'a pas pu donner nos doléances à Liberty sur les investissements."
Du côté de Bercy, on insiste sur le fait que la reprise groupée va permettre à Ascoval de bénéficier de "débouchés stables" devant l'amener à "retrouver un équilibre économique", tout en sécurisant "les approvisionnements en matière première" du site de Hayange, "qui dépendait jusqu'ici principalement d'un site situé hors de l'Union Européenne".
Dénommée France Rail Industry et propriété jusqu'à présent de British Steel, l'usine de Hayange est le principal fournisseur en rails de la SNCF. Elle est considérée comme "stratégique" par l'Etat qui devait donner son aval à son acquisition par un groupe étranger.
Economie circulaire
Le repreneur britannique Liberty Steel fait partie de GFG Alliance, un géant de l'acier, de l'aluminium et de l'énergie, qui réalise un chiffre d'affaires de plus 20 milliards de dollars et emploie 35.000 personnes dans le monde.
L'ambition du groupe est de fabriquer des produits plus verts, en s'appuyant notamment sur le recyclage.
Cette reprise "est exemplaire des enjeux de relocalisation et de décarbonation de notre industrie que nous souhaitons porter dans le cadre du plan de relance", a souligné M. Le Maire.
"Les 1ères barres carrées sortent des lignes d'Ascoval: le renouveau pour un site que certains avaient condamné, des mois de travail et des équipes qui n'ont rien lâché", s'est réjouie dans un tweet Mme Pannier-Runacher.
Le nouvel ensemble constitué par les sites d'Ascoval et de Hayange doit fournir "les grandes entreprises européennes de transports" en rails "plus écologiques" grâce à des fours électriques et au recyclage de ferrailles, explique Liberty Steel.
"Nous nous intéressons à ces deux sites depuis de nombreuses années et avons toujours pensé que leur avenir était lié", a commenté Sanjeev Gupta, président de GFG Alliance. Le groupe "sera en mesure de les connecter à de plus grandes opportunités sur le marché".
Fin d'un feuilleton ?
Cette reprise semble marquer la fin d'années d'incertitudes pour Ascoval, qui était menacé de fermeture par la faillite de son principal actionnaire et était devenu l'un des principaux dossiers industriels du quinquennat d'Emmanuel Macron, avec de multiples rebondissements.
Fin 2018, une offre de reprise avait été déposée par le franco-belge Altifort. Validée par la justice, le projet avait échoué toutefois quelques mois plus tard, faute de financement. Quelques mois plus tard, le britannique British Steel reprenait l'usine mais faisait faillite peu après.
Cette année, plusieurs offres étaient en compétition pour la reprise du site et de celui de Hayange. Le chinois Jingye, qui a racheté British Steel, avait tenté sa chance et obtenu la préférence des syndicats. Le groupe ArcelorMittal s'était aussi porté candidat. Fin juillet, la justice avait finalement tranché en faveur de Liberty. Il restait juste à obtenir l'aval de Bercy.
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