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Procès en appel du bébé "du coffre": l'insoutenable, et l'insaisissable

Entre l'incontestable et l'insaisissable: le procès en appel de l'affaire Séréna, le bébé dit "du coffre" (de voiture) découvert après deux ans de carences, oscille entre les descriptions crues, implacables, de l'état de l'enfant, et l'évaluation, controversée, du degré de conscience de la mère.

Procès en appel du bébé "du coffre": l'insoutenable, et l'insaisissable
La cour d'assises d'appel de Limoges, le 7 octobre 2019 - MEHDI FEDOUACH [AFP]

La cour d'assises d'appel de Limoges, qui rejuge Rosa da Cruz jusqu'au 16 octobre, pour violences volontaires ayant entraîné infirmité permanente sur mineur par ascendant, a entendu mardi, avec forces détails, l'état "déplorable" du bébé découvert le 25 octobre 2013.

La "petite était au fond du coffre, au milieu de sacs poubelles, à côté d'un couffin immonde" a expliqué Denis Latour, garagiste qui le premier a ouvert le coffre, alerté par un collègue sur les gémissements et l'odeur qui en émanaient. Une odeur de "putréfaction" qui amènera un gendarme scientifique à chercher longtemps dans la voiture trace d'un bout de cadavre.

Une enfant "très chétive", "extrêmement sale", qui "ne parlait pas, ne bougeait pas", baignant dans une "odeur nauséabonde", "insoutenable", ont décrit des gendarmes. "Des collègues ont dû s'écarter pour aller +soulager leur estomac+". "C'était la première fois que je voyais un enfant vivant dans cet état", dira l'un d'eux.

L'enfant était "toute nue, transpirait, cherchait la respiration", comme "noyée par le manque d'oxygène, asphyxiée par les excréments", poursuit le garagiste. "186 battements (de coeur) par minute, une température à 38,2 degrés" à l'arrivée au CHU de Brive. Des pompiers diront qu'à une demi-heure près l'enfant aurait été en grand danger.

Le sort de Séréna s'est joué à peu de choses: si, au bout du déni de grossesse, la mère n'avait pas été seule à 6H40, si les contractions étaient survenues en plein jour, en présence de tiers, de son concubin, "les choses se seraient passées autrement", assure Rosa da Cruz.

Comme pour son fils Alexandre né en 2004 , lui aussi "expulsé" au bout d'un déni de grossesse, mais avec la famille autour.

Mais pour Séréna, Rosa accouche seule au sous-sol, "panique", et s'enferme dans un "engrenage" inouï qui la voit cacher et confiner Séréna 23 mois.

"Mal traitée, en un mot ou deux"

L'enfant est gardée entre la voiture, un réduit au rez-de-sol, sans que personne ne sache, n'entende, dans la maison de Brignac-la-Plaine, en Corrèze. Malgré la télévision allumée en permanence, malgré le bruit à l'étage de trois enfants de 8, 7 et 2 ans. Et même si le père entendait "marcher le micro-ondes la nuit" (biberons).

Le concubin -décrit comme souvent alcoolisé- qui assure n'avoir rien su de la grossesse ou de l'existence de Séréna, a bénéficié d'un non-lieu. Gravement malade, il ne devrait pouvoir être entendu à Limoges.

Ces "deux vies, une avec ma famille, une avec Séréna", comme tentera d'expliquer Rosa da Cruz, sont revenues mardi dans des débats dominés par les témoins, secouristes, médecins. Et les déclarations de la mère aux enquêteurs alors, qui dissonent avec la "sidération", la "chosification" ou le "déni d'enfant" invoqué depuis par la défense.

"Ce qui ne pouvait pas être ignoré, c'est la souffrance de cette enfant", résumera un légiste expert. "Mal traitée, en deux mots et en un seul mot".

"Immédiatement, spontanément, elle dit que l'enfant est sa fille, qu'elle s'appelle Séréna. A plusieurs reprises elle se référera à +ma fille+", dira un gendarme des premiers interrogatoires. Elle raconte qu'elle "lui faisait des câlins, lui parlait, à plusieurs reprises elle lui a demandé +pardon+", dira une autre enquêtrice.

"Oui, je sais, c'est pas bien", lâchera-t-elle au garagiste stupéfait devant le coffre ouvert. Qui la trouvera "très calme, zen", pendant que pompiers et gendarmes s'affairent autour du bébé, avant de l'emmener.

"Elle devait être au bout, elle est venue chercher de l'aide...", dit le garagiste chez qui la mère a conduit la voiture.

Condamnée en première instance à deux ans de prison ferme, Rosa da Cruz encourt 20 ans de réclusion.

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