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Cultivé à Fukushima: malgré de stricts contrôles, la suspicion perdure

Les potirons sont finement coupés, les poulets hachés menu et les œufs battus en omelette, mais les cuisiniers sont ici des laborantins chargés de calculer le niveau de radioactivité des denrées agricoles de la province de Fukushima.

Cultivé à Fukushima: malgré de stricts contrôles, la suspicion perdure
Photo fournie par le Foreign Press Center (FPCJ) du Japon montrant un poisson soumis à des tests de radioactivité à Iwaki, dans la préfecture de Fukushima, le 27 juillet 2018 - Tomonaga Yamaguchi [Foreign Press Center Japan (FPCJ)/AFP]

Sept ans après l'accident nucléaire de mars 2011, provoqué par un terrible tsunami qui a ravagé la côte nord-est du Japon, les contrôles attestent de l'absence de risque pour la santé des consommateurs. Pourtant, les paysans de la région sont encore souvent confrontés à la suspicion des consommateurs.

Au total, plus de 205.000 tests ont été menés, et désormais, selon les statistiques officielles, plus aucun produit agricole ne dépasse la sévère limite de 100 becquerels par kilogramme (Bq/kg) fixée par le gouvernement japonais, bien en-deçà des normes habituelles dans l'Union européenne de 1.250 Bq/kg.

"Nos produits sont sûrs"

Haricots, tomates, aubergines, pêches, pommes... chaque jour, plus de 150 échantillons sont préparés, dotés d'un code QR (code-barres à deux dimensions), pesés puis passés au crible d'un "détecteur germanium", avec des résultats connus en 10 à 33 minutes, détaille Kenji Kusano, responsable du centre technologique agricole de la préfecture de Fukushima, basé à Koriyama.

Le riz, lui, est soumis à un contrôle systématique qui n'a détecté aucune contamination anormale depuis la récolte de 2015.

Si les autorités ont renoncé à décontaminer les forêts, nombreuses dans la région, les fermiers ont assaini leurs exploitations en enlevant la couche de terre en surface, en lavant les arbres et en répandant du potassium dans les champs pour diminuer le transfert du césium aux cultures.

Au vu des résultats positifs obtenus ces dernières années, est-ce encore pertinent de continuer ce laborieux et coûteux processus? Il reste des problèmes sur les denrées d'origine sauvage (plantes, champignons, gibier), parfois nocives et aussitôt détruites, et puis "quand reviendront les habitants des zones encore inaccessibles et qu'ils produiront leurs propres fruits et légumes, il faudra les vérifier", souligne M. Kusano.

Surtout "les inquiétudes persistent, donc nous voulons continuer à expliquer aux autres préfectures et aux pays étrangers que nos produits sont sûrs". L'image de Fukushima, au nom associé à la centrale atomique, a été durablement ternie, davantage que d'autres zones également contaminées, où les tests sont plus limités.

Stratégie "médiocre"

Au fil des ans, le secteur agricole, qui était florissant avant le désastre, s'est redressé mais "les recettes n'ont pas encore retrouvé leur niveau d'avant 2011 et les prix restent au-dessous de la moyenne nationale", déplore un représentant de la préfecture, Nobuhide Takahashi.

Du côté des pêcheurs, la situation est plus dramatique: s'ils vivent bien grâce aux dédommagements financiers payés par Tepco, l'exploitant de la centrale accidentée, les prises de poissons restent bien inférieures au passé: en 2017, elles se sont réduites à 3.200 tonnes, contre 24.700 en 2010.

Outre les dégâts du tsunami qui ont détruit les installations portuaires, le secteur souffre de sa mauvaise réputation malgré, là aussi, un système de contrôles très strict (à 50 Bq/kg) qui montre un net déclin de la radioactivité. "Quand nous attrapons du poisson et que nous l'envoyons au marché de Tokyo, certains ne veulent pas l'acheter", raconte Kazunori Yoshida, directeur de la coopérative de pêche d'Iwaki.

Si les analyses indépendantes vont dans le même sens que les données officielles, comme celles menées par l'association de citoyens "Minna no data" ("Nos données à tous"), la méthode de communication des autorités ne passe pas forcément.

"Crier haut et fort à la sécurité des aliments ne suffit pas à convaincre", lance Katsumi Shozugawa, expert de l'Université de Tokyo, qui juge la stratégie du gouvernement "médiocre".

"Tabou"

A l'étranger, 27 pays ont levé leurs restrictions, sur les 54 qui en avaient imposé dans la foulée de la catastrophe. Dans le même temps, 23 autres dont les Etats-Unis et l'Union européenne les ont allégées, mais d'autres comme la Chine et la Corée du Sud restent inflexibles.

Et de nombreux consommateurs demeurent très méfiants, y compris au Japon.

"Le gouvernement multiplie les campagnes pour inciter à consommer des produits de la région", relève Tomiko Yamaguchi, professeure de sociologie à l'Université chrétienne internationale de Tokyo. Mais "la science n'a rien à voir là-dedans".

Beaucoup, notamment les mères de famille, sont déchirées entre leurs inquiétudes pour leurs enfants et un sentiment de devoir vis-à-vis des agriculteurs et pêcheurs de Fukushima. "Les gens ne peuvent pas exprimer leurs sentiments ouvertement, c'est presque un tabou", relève-t-elle.

Dans sa ferme de Fukushima où il exhibe ses belles pêches rondes prêtes à être cueillies, Chusaku Anzai, 69 ans, 14e génération d'agriculteurs et visage buriné par 50 ans de travail au champ, s'est fait une raison.

"Cela ne sert à rien de dépenser notre énergie à convaincre ceux qui ne veulent pas de nos produits. Nous ne pouvons rien faire d'autre qu'attendre qu'ils changent d'avis", souffle l'homme.

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