Vous avez peut-être déjà vu son visage sans pouvoir remettre un nom dessus. Shanice Mendy, originaire de Grand-Quevilly, était vue par plusieurs millions de personnes à la télévision en 2021 grâce à sa participation à Koh-Lanta. Quatre ans plus tard, elle sort un livre Si tu savais aux éditions Faces Cachées et préfacé par le rappeur francilien S.Pri Noir. Elle y évoque son parcours de vie qu'elle espère inspirant pour les autres.
"Au début j'ai dit non car je ne me sentais légitime"
Une vie à mettre au pluriel tant la jeune Normande a connu d'univers différents durant ses trente premières années d'existence. Dans cet essai autobiographique, Shanice se raconte ainsi "de la Zep à Sciences Po Paris et de Koh Lanta à Nike", en y insufflant au passage des réflexions plus large sur la société.
Pourtant au départ, l'idée d'écrire un livre sur elle-même n'allait pas de soi. "Quand la maison d'édition est venue à moi, au début j'ai dit non car je ne me sentais légitime", explique la Normande. Après mûres réflexions avec l'éditeur, Shanice décide alors de se lancer dans l'écriture mais en partant "de soi pour raconter l'universel".
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L'école et la méritocratie
"C'est ce qui m'a plu, c'est décrire les observations de cette société qui peuvent, je l'espère, parler à d'autres personnes." Dès son premier chapitre consacré à l'école, Shanice revient sur son enfance à Grand-Quevilly et son milieu populaire. "J'ai toujours adoré l'école mais c'est vrai que je n'étais pas dans un milieu très privilégié, c'était un milieu ouvrier, se rappelle Shanice qui a intégré Sciences Po à la sortie de sa scolarité en Zep. J'ai pu acquérir un capital culturel plus grand et je pense que je suis maintenant transfuge de classe." Malgré cette réussite, la Quevillaise n'hésite pas interroger le concept de "méritocratie" dont on pourrait qualifier son parcours. "Moi je ne crois pas au slogan 'Quand on veut on peut', poursuit la jeune femme qui espère faire passer un message. Il y a des jeunes qui peuvent travailler énormément et qui peuvent ne pas réussir et se dire que c'est de leur faute alors qu'il y a des choses qui nous dépassent, des barrières institutionnelles et systémiques qui ne nous permettent pas d'atteindre nos objectifs personnels."
Koh Lanta une expérience "incroyable" et douloureuse
Après l'école, Shanice Mendy, passionnée de sport et de vie associative, intègre l'équipementier Nike en France puis à Londres mais aussi New York. Aujourd'hui, elle est productrice pour Nike EMAE (Europe, Moyen-Orient et Afrique). De sa participation à Koh Lanta, "l'émission préférée des Français", elle garde le souvenir d'une "expérience incroyable" même si, avec le recul, elle émet aujourd'hui quelques réserves. "Je suis toujours critique de mes amours, comme Sciences Po d'ailleurs". Se remémorant le traitement médiatique de l'époque, la jeune femme métissée regrette notamment "un système un peu vieillot, dans lequel il y a très peu de racisés par saison", la production donnant "souvent la même image de cette population-là".
"Je milite simplement pour qu'il y ait une représentation plus large"
Shanice elle-même dit en avoir fait les frais : "J'ai eu un montage qui a montré une femme noire en colère et quand on regarde sur les 20 dernières saisons c'est soit la femme noire sportive, soit la femme noire en colère, déplore-t-elle. Je milite simplement pour qu'il y ait une représentation plus large de ce que peut être une femme noire à Koh-Lanta mais aussi dans la vie."
Son livre Si tu savais est disponible depuis le 27 mars aux éditions Face Cachées.
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