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[Enquête]. La croisière maritime, nouveau potentiel touristique pour Rouen

Tourisme. Si la croisière fluviale est déjà bien développée, l'office de tourisme travaille à mettre Rouen sur la carte des destinations de croisières maritimes. Le nombre de paquebots accueillis augmente chaque année avec, à leur bord, des touristes à fort pouvoir d'achat.

[Enquête]. La croisière maritime, nouveau potentiel touristique pour Rouen
Les paquebots accueillis à Rouen ne peuvent pas dépasser les 230 mètres.

13 heures, jeudi 8 septembre. L'Azamara pursuit, 180 mètres, premier de quatre paquebots prévus en escale en septembre, accoste sur le terminal rouennais, quai Richard Waddington. À son bord, 380 membres d'équipages et 488 passagers : des Américains, des Canadiens en majorité, mais aussi quelques Hollandais, Allemands et Britanniques. Une escale express de 24 heures pour ces touristes aux têtes plutôt grisonnantes et aux portefeuilles bien remplis. Selon Rouen tourisme & congrès, l'office de tourisme de Rouen, le panier moyen du croisiériste maritime en escale est de 87,50 euros, contre 70 euros par passager fluvial. Une manne financière potentielle qui fait du développement de la croisière maritime une des priorités de l'office. "Les croisières, fluviales ou maritimes, sont un secteur en expansion, donc il est très important de développer les infrastructures en capacité de les accueillir", insiste Christine de Cintré, présidente de l'office de tourisme. Car si Rouen est réputée pour les croisières fluviales, marché quasi à maturité, elle était encore, il y a quelques années, absente des radars sur le maritime, malgré sa capacité à accueillir de petits paquebots jusqu'à 230 mètres. Symbole du potentiel, elle est passée de cinq escales en 2014 à 26 en 2019, dernière année de référence avant la crise sanitaire. 2022 marque la reprise, avec 14 escales et un objectif d'une vingtaine de bateaux pour l'an prochain. "La croisière maritime, c'est intéressant parce qu'on a beaucoup plus de touristes par bateau que sur le fluvial", ajoute la présidente.

Un salarié dédié à la croisière

En rythme de croisière, l'idée serait de viser une trentaine d'escales à l'année, "mais pas plus tant que l'on n'a pas des quais électrifiés (lire par ailleurs)". Signe de cette priorité, l'office de tourisme a recruté un salarié qui est désormais dédié à l'expansion du secteur, alors que ce service était auparavant externalisé. Il est en charge d'un travail de lobbying pour vendre la destination, notamment sur les grands salons professionnels, comme à l'Assemblée générale Cruise Europe à Édimbourg, ou au Cruise Shipping à Miami en avril. "Il est aussi là pour organiser l'accueil des touristes. Le prestataire qui organise la croisière a besoin qu'un office puisse prendre en charge les groupes pour visiter la ville", détaille Christine de Cintré. L'office de tourisme a donc installé un accueil délocalisé au terminal croisière. C'est à ce moment qu'il faut convaincre, pour que les croisiéristes s'intéressent à Rouen et à son patrimoine historique, y restent et y consomment. Cathédrale de lumière, le centre médiéval, Jeanne d'Arc et les collections impressionnistes du Musée des Beaux-Arts sont les principaux arguments. Les escales étant très courtes, l'objectif est aussi de "provoquer un deuxième séjour qui sera entièrement consacré à Rouen". Le secteur est très concurrentiel et l'office de tourisme rouennais doit partager le gâteau avec des agences de voyages privées, sollicitées par les compagnies, et qui proposent des visites directement à Paris ou à Giverny pour voir les jardins de Monet, depuis le terminal croisière.

En chiffres : Rouen loin derrière le Havre

Rouen. En chiffres : Rouen loin derrière le Havre
L'accueil de croisières maritimes reste encore modeste à Rouen comparé au Havre.

Si l'accueil de navires de croisière augmente à Rouen, il reste encore sans commune mesure avec les accueils dans le port du Havre.

Escales à Rouen

Quatre escales sont prévues à Rouen rien qu'au mois de septembre, et 14 en tout sur l'année 2022. En 2019, année record, Rouen a accueilli 26 escales, soit 21 867 passagers et 10 920 membres d'équipages pour des retombées économiques de 2,7 millions d'euros pour le territoire. Le panier moyen du croisiériste maritime à Rouen est estimé à 87,50 euros. En 2014, le port de Rouen n'accueillait que quatre paquebots de croisière dans l'année. L'objectif est d'atteindre une trentaine d'escales par an.

Escales au Havre

Le terminal croisière du Havre accueille 138 escales de paquebots en 2022. Un chiffre qui est déjà comparable à celui d'avant la crise sanitaire, puisque la cité Océane a accueilli 135 escales en 2019 et 140 en 2018.

Contraintes techniques

Le port du Havre peut accueillir les plus importants paquebots du monde et est en capacité d'organiser des doubles ou triples escales. L'électrification des quais doit s'achever en 2025.

Le terminal croisière de Rouen ne peut accueillir qu'un seul paquebot à la fois, qui doit remonter et redescendre la Seine à marée haute, en fonction de son tirant d'eau. Il ne peut accueillir des bateaux que de 220 à 230 mètres. Des travaux de renforcement du quai doivent être lancés de novembre à mars, ce qui devrait permettre d'accueillir à l'avenir des bateaux jusqu'à 250 mètres. L'électrification des quais est dans les tuyaux, mais le port ne donne pas encore de calendrier précis à cette heure.

Susciter l'intérêt des croisiéristes pour Rouen

Rouen. Susciter l'intérêt des croisiéristes pour Rouen
L'escale de l'Amazara pursuit à Rouen a duré à peine plus de 24 heures.

Si la croisière amène potentiellement des centaines de touristes, tous ne vont pas pour autant visiter et consommer dans la ville. Florilège.

"Beaucoup ne visitent même pas Rouen." Jonathan Soudry, conseiller de séjour auprès de l'office de tourisme, a bien conscience de la tâche, lorsqu'une partie des 488 passagers de l'Amazara pursuit débarque dans la ville, jeudi 8 septembre. C'est lui qui est à l'accueil délocalisé de l'office de tourisme, au terminal croisière, ce jour-là. Dans un anglais ou un allemand parfait, il renseigne, appelle un taxi au besoin et distribue à tours de bras des plans de Rouen avec les principaux monuments à visiter. Il y tient aussi une petite boutique souvenirs de l'office de tourisme, avec 4 157 euros de chiffre d'affaires en 2019. L'article le plus vendu ? De petites tours Eiffel, témoins du travail à accomplir pour que Rouen soit considérée comme une destination à part entière.

"On veut voir le show sur la cathédrale"

Des visites par des guides de l'office débutent parfois du terminal croisière. Pas avec ce navire. "Les excursions ont été organisées à l'avance, avec d'autres opérateurs, par le croisiériste", détaille Jonathan Soudry. Effectivement, devant le terminal, pas moins de six cars de la compagnie locale Perrier assurent des navettes toutes les demi-heures vers le centre-ville. D'autres vont directement rouler vers Giverny (Eure) aux jardins de Monet, Fécamp pour voir la mer, ou pour faire un tour express des abbayes de Jumièges, Saint-Martin-de-Boscherville et Saint-Wandrille, en quatre heures chrono. Car les croisiéristes sont pressés. Ceux rencontrés, beaucoup originaires des États-Unis, le confessent aisément : ils n'ont jamais entendu parler de Rouen auparavant. "Nous allons passer la journée de demain à Paris, je rêve de voir le Louvre", sourit Yuko Royston, accompagnée de son mari Greg, en visite depuis la Californie. "Il y a des choses à voir à Rouen ?", interroge-t-elle sans conviction. Tom et Kelly Morris, Californiens également, attendent aussi impatiemment la visite vers Paris, mais vont quand même profiter de l'après-midi pour voir Rouen et y consommer. "On veut trouver une bonne bouteille de vin, un morceau de fromage et s'installer en terrasse comme le font les Parisiens !" Le French way of life, comme on dit… D'autres, comme John et Karen Petranik, ont tout même réservé par eux-mêmes une visite guidée de la ville, en attendant leur excursion vers Giverny le lendemain. "On veut voir le show sur la cathédrale ce soir", détaille Karen. Une preuve que certains marqueurs du tourisme rouennais, Cathédrale de lumières en tête, fonctionnent bien à l'export. Car la destination a indéniablement des atouts pour cette clientèle américaine, britannique ou allemande. "On parle cathédrale, on parle Monet, Jeanne d'Arc, Guillaume le Conquérant aussi et parfois des Vikings", détaille Jonathan Soudry. Lui le sait désormais. C'est aussi au moment de rembarquer que les échanges sont cruciaux. "Quand ils arrivent, leurs visites sont déjà prévues. Mais quand ils reviennent du centre-ville, ils ont beaucoup aimé et veulent revenir." C'est l'un des objectifs : déclencher un second séjour et capter cette clientèle. Car avec un panier moyen de 87,50 euros par croisiériste, restaurants et boutiques souvenirs ont tout à gagner à ce que Rouen suscite l'intérêt.

Croisière et "slow tourisme" : pas sans électrification des quais

Rouen. Croisière et "slow tourisme" : pas sans électrification des quais
À l'heure actuelle, les paquebots en escale à Rouen doivent laisser tourner leurs moteurs, le plus souvent au fioul lourd, pour continuer d'alimenter les équipements à bord.

Rouen tourisme et congrès revendique un positionnement sur le "slow tourisme", ou tourisme durable, peu compatible avec la croisière maritime très énergivore. Au moins en tout cas jusqu'à l'électrification des quais par Haropa.

C'est un positionnement que revendique l'office de tourisme de Rouen : celui du "slow tourisme". Un concept qui consiste à prendre le temps de découvrir une destination en se souciant de son empreinte carbone. Est-ce bien compatible avec la croisière maritime, pas franchement réputée pour son caractère écologique ? À quai, les paquebots laissent tourner les moteurs pour alimenter les équipements à bord et émettent ainsi dioxyde et trioxyde de soufre (SOx), notamment.

L'électrification des quais en cours

Selon une étude de Transport & environnement de 2019, organisation européenne qui regroupe une cinquantaine d'ONG, 162 navires de croisière en France émettent plus de 10 fois plus de SOx que l'ensemble du parc automobile du pays. Pour faire face, Haropa, qui gère les ports de Rouen et du Havre notamment, travaille à l'électrification des quais, pour permettre aux paquebots de se brancher et d'éteindre les moteurs. Les travaux sont en cours pour la croisière fluviale à Rouen. Il faudra encore patienter pour l'électrification du terminal croisière. "Le terminal doit faire d'abord l'objet de travaux de renforcement du quai, avant le lancement d'un chantier d'électrification", indique le port, sans préciser le calendrier exact. Le dossier est complexe, un paquebot, même de petite taille, nécessitant "une alimentation électrique équivalente à celle d'un gros village".

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