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[Enquête] Orne. Rouler à l'électricité, à quel moment allez-vous y passer ?

Electrique. L'arrêt de la vente des voitures à essence, au diesel, et hybrides est programmé pour 2035. Chacun va devoir s'adapter, changer ses habitudes de déplacements. Le compte à rebours est lancé !

[Enquête] Orne. Rouler à l'électricité, à quel moment allez-vous y passer ?
En 2035, les voitures à moteur thermique ne seront plus vendues, laissant intégralement place aux voitures à moteur électrique.

En juin dernier, l'Europe a décidé d'imposer l'arrêt de la vente des véhicules thermiques et hybrides en 2035. C'est toute notre vie quotidienne qui va devoir progressivement s'adapter à cette décision.

Il faut bien comprendre que même si vous décidez de garder votre vieille voiture essence ou diesel au-delà de cette date, les choses risquent de rapidement devenir très compliquées : faute de clients assez nombreux, les stations-service distribuant du carburant fossile vont disparaître petit à petit. Où irez-vous faire votre plein de d'essence ou de diesel ?

En revanche, il ne reste qu'un peu plus de dix ans pour équiper tout le pays avec suffisamment de bornes de recharge, dans les villes, mais aussi dans les plus reculés des villages de nos campagnes, dans les maisons individuelles, mais aussi sur les parkings des immeubles ou des hôtels. Bien sûr, il y en a déjà quelques-unes, mais lorsque chacun roulera à l'électricité, seront-elles partout suffisamment nombreuses ?

Modifier ses habitudes de déplacement

Progressivement, nos modes de déplacement vont s'adapter. Car si certains précurseurs ont déjà franchi le pas, il faut être pragmatique : aucun véhicule électrique ne permet encore vraiment à un Ornais d'aller d'une seule traite jusqu'à Marseille. Il faut donc anticiper son trajet en fonction des bornes de recharge qui existent sur le parcours, en espérant que lorsqu'il y arrivera, elles ne seront ni occupées, ni détériorées…

Comme tout changement d'habitude, celui-ci colporte son lot de questions : est-il écolo de rouler à l'électricité si on doit réactiver des centrales à charbon pour la produire ? Pourquoi avoir opté pour le tout électrique alors que des carburants synthétiques existent ? Ne se donne-t-on pas bonne conscience avec l'électrique alors que des hommes sont exploités dans des pays en voie de développement pour fournir les matériaux nécessaires à la fabrication des batteries ? Que deviendront ces batteries une fois usagées, alors que l'on ne sait actuellement pas les retraiter ?

Il ne faut pas ne rien faire

Des questions se posent, mais la technologie évolue régulièrement. Seule certitude, le réchauffement climatique, lié notamment à l'excès de production de CO2, impose de rapidement changer nos pratiques. Le nombre de modèles de véhicules électriques proposés par les concessionnaires automobiles s'est accru dans toutes les gammes et chacun devrait pouvoir y trouver modèle à son goût. Encore faut-il en avoir les moyens. Pour cette enquête, nous avons rencontré des Ornaises en charge d'informer les Normands sur tout ce qui va rapidement changer. Mais aussi les techniciens en charge de la gestion de l'implantation des bornes de recharge dans l'Orne. Enfin et surtout, des gens comme vous, mais qui ont déjà choisi de rouler quotidiennement dans un véhicule électrique. C'est une formidable révolution de nos modes de vie qui débute.

L'électricité pour ses déplacements professionnels

Carrouges. L'électricité pour ses déplacements professionnels
Dominique Chauvière utilise la voiture électrique pour ses déplacements professionnels.

Agent immobilier, Dominique Chauvière utilise une voiture électrique pour ses déplacements professionnels autour de Carrouges.

Dominique Chauvière est agent immobilier à Carrouges. Il a laissé son diesel en novembre pour un véhicule électrique. Après quelques mois d'utilisation, ce choix lui paraît pertinent.

Vingt-cinq mille kilomètres par an

Ce sont des déplacements jusqu'à une trentaine de kilomètres de son agence et quelques déplacements au Mans ou à Caen. "J'ai entre 380 et 450 kilomètres d'autonomie. Plus rarement, je vais à Paris, il y a des bornes de recharge et j'ai un logiciel pour les géolocaliser. J'aime bien les belles voitures, mais l'échéance de la fin du thermique arrive, c'est ce qui m'a fait regarder vers l'électrique." Dominique Chauvière a le sentiment de participer à un effort écologique. "Le leasing du véhicule et le prix de l'électricité me coûtent moins cher que lorsque je roulais au diesel. Il n'y a quasiment pas d'opérations d'entretien, pour mon entreprise c'est parfait."

Un challenge permanent

"Je me suis pris au jeu de la charge des batteries, je me donne des challenges. En adoptant une écoconduite, j'arrive à recharger davantage de puissance en descente ou en ralentissant, que je n'en consomme. Mais ça a exigé de changer ma façon de conduire." Le professionnel explique qu'au quotidien, il fait du "biberonnage" : "Même s'il me reste trois cents kilomètres d'autonomie et que la borne près de l'agence est disponible, je me branche une heure ou deux et ainsi, j'ai toujours suffisamment d'autonomie."

En famille, avec une voiture électrique en milieu rural

Saint-Martin-l'Aiguillon. En famille, avec une voiture électrique en milieu rural
Simon et Sabine Ehanno habitent à la campagne avec leurs deux enfants. Depuis deux ans, ils roulent en voiture électrique, sans aucune difficulté.

Dois-je passer maintenant à la voiture électrique ? Nombreux sont celles et ceux qui tergiversent, eux ont décidé de se lancer…

Au printemps 2020, Simon et Sabine Ehanno sont passés à la voiture électrique. Le couple de quadragénaires qui vit avec deux enfants en milieu rural, à Saint-Martin-l'Aiguillon, ne regrette rien.

"Cela faisait un moment que
par conviction écologique on se
posait la question de l'électrique"

"Notre voiture était vieillissante", explique Sabine. "Elle coûtait cher en réparations", renchérit Simon. "C'était le moment de franchir le pas. En plus du bonus écologique, la prime à la conversion était maximum, 13 000 € en tout." Le couple a fait le tour des concessionnaires, "avant de signer, on a regardé ce qu'il y avait comme bornes de recharges", se souvient Simon, car "si les batteries sont déchargées, impossible d'aller se dépanner d'un bidon d'essence chez quelqu'un". Le choix se porte sur une Opel Corsa-e, 242 € par mois, en leasing "pour revenir plus facilement à l'essence", se disait le couple. Mais 35 000 km plus tard, il n'en est plus question.

Aller en Alsace pour zéro euro

À peine mille kilomètres au compteur, le couple est parti en Alsace avec ses deux enfants : "L'autonomie théorique est de 330 kilomètres. Dans la réalité, c'est 290 en été, 220 en hiver à cause du chauffage." Le voyage se fait par les nationales car sur autoroute, les batteries se déchargent trop vite. "Avec l'appli Chargemap sur le GPS, on a la carte de toutes les bornes de recharge avec l'indication de la puissance, de celles qui sont disponibles où pas." Le couple souligne : "C'est une nouvelle organisation du trajet, il faut prévoir les pauses pour les enfants là où il y a des bornes. Il y a plein de villes qui en mettent à disposition gratuitement, comme ça, les gens s'y arrêtent, se promènent, déjeunent pendant la recharge des batteries. Il y a aussi des grandes surfaces avec des bornes gratuites, c'est un argument d'attraction du client." Le couple n'a ainsi payé aucune recharge durant les sept cents kilomètres de son périple. Seul souci : parfois des voitures électriques, même rechargées, qui restent branchées devant une borne par facilité de stationnement.

Nouveau confort de conduite

"Le premier changement, c'est le silence. Pas de bruit de moteur, que le bruit du frottement des pneus", explique Simon, qui souligne que "la puissance est disponible instantanément, comme sur une perceuse : on a toute la puissance d'un coup. Là, c'est pareil, il n'y a pas de montée en régime progressive". Sabine enchérit : "C'est rassurant pour doubler un camion." Le confort est aussi financier, "on a l'impression de rouler gratuitement alors que tout le monde râle du prix du carburant. Je viens d'aller en Bretagne, trois cents kilomètres pour huit euros", constate Sabine. "Sur une voiture électrique, pas de vidange, pas de filtre à huile ni de courroie de distribution à changer", insiste Simon pour qui, c'est sûr, "quand on a goûté à la voiture électrique, on ne revient pas à la voiture thermique. On vit au rythme des recharges et on redécouvre une chose précieuse : prendre le temps de vivre".

"C'est toute la filière automobile qu'il faut commencer à réorganiser"

Orne. "C'est toute la filière automobile qu'il faut commencer à réorganiser"
L'Ornaise Valérie Chesnel préside l'association Normandie Mobilité Électrique.

L'Ornaise Valérie Chesnel préside l'association Normandie Mobilité Électrique, née en 2014. C'est une association de bénévoles sur toute la Normandie.

"À notre création en 2014, il y avait 1 % de véhicules électriques sur le parc automobile français. Mais la mobilité électrique est en totale explosion, on en est désormais à 12 %", constate l'Ornaise Valérie Chesnel.

L'évolution de la réglementation ?

Les décisions sont européennes, avec en France la loi d'orientation des mobilités votée en 2019 pour des transports plus propres. Cette loi est contraignante et on a plein de messages à passer et à faire comprendre : 2035 sera la fin de la vente des véhicules thermiques légers et hybrides. 2040 sera l'échéance pour les véhicules lourds.

Un gros travail de communication ?

Il faut informer les élus locaux. Mais c'est aussi par exemple faire le tour de tous les syndics de copropriété pour les informer sur le droit à la prise, qui prévoit le pré-équipement des nouveaux parkings de plus de dix places dès 2025. Le travail d'information est énorme et les bénévoles de l'association ne suffisaient plus, d'où le recrutement d'une chargée de mission.

Plein d'autres conséquences ?

Les conséquences du passage aux véhicules électriques sont énormes, il nous faut par exemple aller sensibiliser les étudiants et les apprentis : demain, il n'y aura plus besoin d'autant de motoristes, ni de mécaniciens. En revanche, il faudra sans doute davantage d'électrotechniciens et toujours des carrossiers ! C'est toute la filière automobile qu'il faut commencer à réorganiser, il faut s'y prendre dès maintenant.

Plus d'infos : normandie-mobilite-electrique.fr

Les bonnes infos de Normandie Mobilité Électrique

Alençon. Les bonnes infos de Normandie Mobilité Électrique

Face à l'échéance de 2035, il faut beaucoup communiquer pour que chacun soit informé. C'est le challenge d'Émilie Desgrippes, chargée de mission au sein de Normandie Mobilité Électrique.

Émilie Desgrippes, chargée de mission au sein de Normandie Mobilité Électrique, n'a rien à vendre. Elle explique, prêche la bonne parole. Elle donne les infos vérifiées de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) ou du ministère de l'Écologie. Y compris sur les aides financières. À chacun ensuite d'en tirer les conclusions qui s'imposent. "Le but ultime, c'est que l'impact CO2 des transports soit neutre sur le climat pour 2050. Les choses vont désormais devoir évoluer très vite."

Informer, communiquer

"Mon travail consiste à communiquer sur ces évolutions, à expliquer leur rôle aux syndics de copropriétés, aux bailleurs, aux élus, pour que chacun respecte ses obligations. Outre le résidentiel, il faut aussi développer la recharge de transit, pour que tous ceux qui parcourent de longues distances trouvent des bornes rapides où recharger leur véhicule."

Évidemment, Émilie Desgrippe, qui habite à la campagne, roule en voiture électrique. "J'ai appris à rouler en électrique, j'ai modifié ma façon de circuler, de conduire, pour optimiser ma consommation avec de la récupération d'énergie. C'est aussi une nouvelle façon de prévoir mes déplacements, de les moduler en fonction des points de recharge et de l'endroit où je dois aller."

Et de conclure : "Notre façon de voyager va être différente."

Pratique. Contact : 06 71 41 35 86, emilieNME@outlook.fr.

Cent onze bornes de recharge pour voitures électriques dans le département

Orne. Cent onze bornes de recharge pour voitures électriques dans le département
Cédric Thomas, ingénieur, et Philippe Auvray, président de Territoire d'Énergie 61 (TE61) à Valframbert, qui gère les bornes de recharge publiques dans l'Orne.

"Il y a une borne tous les quinze kilomètres", annonce Philippe Auvray, président de TE61 qui gère toutes les bornes publiques.

Dans l'Orne, on dénombre 104 bornes de 22kVA qui rechargent par exemple une Zoé en une heure et demie, cinq bornes rapides qui chargent les voitures compatibles en 45 minutes et un superchargeur, à Valframbert, qui recharge une grosse voiture en 15 minutes. Trois superchargeurs sont en projet à Messei, au Theil-sur-Huisne et à Charencey. Pourquoi pas davantage ?

Un investissement colossal

"Une petite borne coûte dix mille euros, une borne rapide, c'est cinquante mille, un superchargeur, c'est cent mille", justifie Philippe Auvray, président de TE61, qui gère toutes les bornes publiques. À ces dernières s'ajoutent des bornes privées, sur les parkings de grandes surfaces ou dans des concessions automobiles. "On en dénombre une trentaine dans l'Orne", selon Cédric Thomas, référent pour les cinq syndicats d'électrification normands. Vu les investissements nécessaires à l'installation de nouvelles bornes, l'optimisation est indispensable. Un diagnostic vient d'être réalisé, un schéma directeur régional piloté par TE61 est en cours, avant un scénario de mobilité à dix ans avec des critères tels que l'augmentation des véhicules électriques, l'évolution des batteries, le nombre de prises dans les entreprises. Dès cet automne, une concertation sera menée entre les communes, le Conseil départemental et Enedis : "Les élus voudraient tous des bornes. Je leur dis : 'qui commande, paie…' et ça les fait réfléchir", clame Philippe Auvray. Déjà, les 111 bornes dans l'Orne génèrent un déficit de 130 000 € par an et la Cour des comptes demande de rééquilibrer le budget. "C'est le coût de la recharge qui est trop faible", dénonce Cédric Thomas. "Les utilisateurs pensent que c'est presque gratuit." Philippe Auvray de préciser : "Rouler électrique, c'est rouler propre, ce n'est pas rouler gratuit. La charge d'une petite voiture à une borne, c'est 3,90 €. Le plein de la même avec de l'essence, c'est 50 €."

[photo2]

Déjà au 1er mars, TE61 a rehaussé ses tarifs d'un forfait de 2,50 € par recharge à 65 centimes par quart d'heure. "Il faut inclure le prix des infrastructures et, dans le futur, il faut s'attendre à un prix de recharge sur une borne de l'ordre de 50 €. Des organismes comme TE61 ont vocation à développer les bornes en milieu rural, peu rentable. En milieu urbain, des opérateurs privés vont s'emparer du marché juteux", prévoit Philippe Auvray. Recharger sur les autoroutes coûte déjà cher. Seule la recharge à domicile resterait bon marché, mais le prix de l'électricité grimpe… TE61 va innover avec un container rempli de batteries recyclées, il emmagasinera l'énergie produite par des panneaux solaires et une éolienne, pour alimenter une borne. En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées…

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1 commentaire

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thierry78 Il y a 1 ans

L'électricité n' est pas la solution , ce sera quand la voiture fonctionnera à l'hydrogène .

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