Barbe fournie et physique de rugbyman, Julien Sevestre incarne tout à fait bien le Franc Tireur. C'est le nom qu'il a donné à sa distillerie, installée à Franqueville-Saint-Pierre. Il est vrai que le trentenaire est un combatif. Il a commencé son activité en pleine pandémie alors que tous les cavistes étaient fermés. Mais malgré des débuts difficiles, aujourd'hui, son entreprise ne connaît pas la crise. Pour cette saison, le producteur prévoit d'écouler entre 8 000 et 10 000 bouteilles. "Les objectifs de départ ont été doublés voir triplés." La prospérité du Franc Tireur est aussi assurée par une nouvelle gamme de Rhum ambré, intitulé Le Normand, sortie samedi 2 avril 2022.
Julien Sevestre, fondateur de la distillerie Franc-Tireur à Franqueville-Saint-Pierre
Avant tout cela, il a fallu convaincre les investisseurs de financer son projet fou. "Les banques en général sont prudentes, c'est ceinture, bretelles et chaussures de sécurité, donc déjà il faut arriver avec un projet bien construit…" Après avoir toqué aux portes d'une dizaine de banques, un établissement lui accorde finalement sa confiance. La nouvelle aventure peut démarrer. Car oui, c'est un nouveau départ pour l'homme qui était auparavant commercial. "J'avais un bon boulot, j'adorais mes collègues, j'avais une bonne paye… ça fait un peu enfant gâté de dire ça mais je m'ennuyais. Je voulais vraiment avoir quelque chose à moi." Après un voyage initiatique sur les terres sacrées du rhum, la Martinique, le top départ est lancé. "Ça a été un déclic. On a commencé à visiter une distillerie et finalement on les a quasiment toutes faites pendant le voyage."
Distillateur, une passion avant
d'être un métier
Dès qu'il commence à parler alcools et spiritueux, Julien Sevestre a les yeux qui scintillent. Difficile de l'arrêter d'ailleurs. Lui-même le reconnaît, "je parle beaucoup, n'hésitez pas à me couper". C'est la passion qui s'exprime. Pour lui, distillateur est un métier de bouche. "C'est un peu de la cuisine. Tout est très créatif, du concassage de l'orge jusqu'au vieillissement dans les fûts pour le whisky, de la fermentation à la distillation pour le rhum. Il y a énormément de points sur lesquels on peut écrire les recettes et ces recettes me ressemblent."
Cette touche personnelle, il la façonne grâce à son alambic, le poumon de l'entreprise. "Une fois lancé, on a 7 à 8 heures de distillation. En attendant on peut faire de la mise en bouteille, les tamponner, préparer les cartons, envoyer les commandes, gérer les appels, la comptabilité etc. Je dis souvent 'on' mais en fait je suis tout seul… ils sont plusieurs dans ma tête", s'amuse le Rouennais. À la fois distillateur, maître de chai, embouteilleur, Julien Sevestre n'a plus le temps de s'ennuyer désormais.
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