Ils refont ensemble le chemin qu'elle a emprunté le 6 décembre 2016, sur le coup de 7 h 30 du matin. Il faisait encore nuit et pas très chaud ce matin-là.
La petite rue du Marechal de Montgomery conduit à la digue de Langrune. Juste en face, il y a la cale à bateaux. C'est tout près que les chiens de la gendarmerie, au premier jour des recherches, ont perdu la trace de la jeune femme.
Lorsque Vanessa Melet, 37 ans, a quitté le domicile familial, la mer était basse, avec un petit coefficient de marée. À ceux qui pourraient imaginer que la jeune femme, en proie à des douleurs inexpliquées au point d'avoir de grosses difficultés à marcher, aurait pu tenter, parce que déprimée, de mettre fin à ses jours en se jetant à l'eau, sa maman Annick et son beau-père Michel Daigle sont catégoriques. "C'est impossible. Vanessa était joyeuse et se faisait une joie de reprendre bientôt le travail. Et, ajoutent-ils, le chien de la gendarmerie, lors des toutes premières recherches le 6 décembre, n'est pas allé plus loin que le bord de mer, il aurait pu prolonger jusqu'à la cale à bateaux ou sur la plage, mais non… Il est arrivé autre chose."
La famille de la jeune femme en est persuadée : quelqu'un de sa connaissance lui a fait du mal et lui avait peut-être donné rendez-vous ce matin près de la digue promenade. Il y a un petit parking pas très loin. Une enquête a été ouverte pour enlèvement et séquestration. Elle est toujours en cours.
"Aucune autre piste que
celle d'un enlèvement ne
tient la route"
Chez eux, dans la maison du bord de mer emplie des photos de leur Vanessa, Michel et Annick ont empilé des dizaines de documents, des photos, des plans, des témoignages, des notes, des relevés téléphoniques… Ils remuent ciel et terre pour dénicher le moindre indice, passent tout leur temps à cela. Au moment de sa disparition, Vanessa était en arrêt de maladie, vivait chez sa mère. Elle souffrait d'intenses douleurs au niveau du bassin, avait passé plusieurs jours à l'hôpital, mais sans résultat. On lui avait conseillé de consulter un psychiatre pour comprendre l'origine de son mal. Michel le dit : "J'ai beau chercher, aucune autre piste que celle d'un enlèvement par une personne malintentionnée ne tient la route."
La famille soupçonne en fait un psychothérapeute-hypnotiseur d'être pour quelque chose dans la disparition de la jeune femme. Elle l'avait consulté deux jours avant sa disparition, un dimanche. L'homme, dont Annick et Michel trouvent le comportement étrange, a été entendu par les enquêteurs. Son emploi du temps a été épluché. Aucune charge n'a été retenue contre lui. Plusieurs mois après les faits, il se souvenait de l'état psychologique "fragile" de Vanessa. "Elle se sentait perdue, elle était très fatiguée."
Un couvert à Noël,
si elle revenait
Après cette consultation, il dit en avoir programmé une autre pour le mercredi 7 décembre, mais rien ne le confirme. Une chose est sûre : au lendemain de la première et seule consultation, Vanessa et le psychothérapeute ont échangé ensemble au téléphone, plusieurs fois. Le lendemain de cette consultation, alors qu'elle accompagne sa fille chez le kiné près du Mémorial, Annick se souvient avoir vu ce même psychothérapeute stationné dans sa voiture à proximité du cabinet de kinésithérapie. Que faisait-il là ? Surveillait-il Vanessa ? Annick et Michel s'interrogent. Comme ils s'interrogent sur le parcours de cet homme dont ils ont découvert la "nébuleuse" sur la toile, allant même jusqu'à décortiquer son profil sur un site de rencontres. Certains l'ont même qualifié de "gourou".
Ce sera le cinquième Noël chez Annick et Michel sans Vanessa. "Ce soir de Noël, comme d'habitude, on lui dressera son couvert", dit Annick. "On attend qu'elle revienne."
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